3.3.2016, JD
La proposition de réforme de l’assurance-maladie à peine énoncée, les deux associations faitières des assureurs Curafutura et Santesuisse tirent déjà à boulets rouge sur le projet mis en consultation par la FRC, mais aussi par des représentants des soignants, des soignés, des autorités et des actuaires en Suisse romande.
A cette consultation, imaginée comme une invitation au dialogue, les assureurs répondent aussitôt par des communiqués déformant totalement le projet de caisses de compensation cantonales. Or, contrairement à ce que prétendent Curafutura et Santesuisse, il ne s’agit nullement d’une caisse unique, dirigée et contrôlée par l’Etat.
Les caisses de compensation cantonales ou supra-cantonales seraient des institutions où les acteurs essentiels – assurés, assureurs, Etats – seraient représentés. Et par canton, il faut comprendre «région» plutôt qu’autorité étatique. Ces institutions auraient pour rôles essentiels de fixer les primes et de négocier les tarifs avec les fournisseurs de prestations. Les caisses actuelles demeuraient, elles conserveraient le contact avec la clientèle, la gestion des contrats, le contrôle et le remboursement des factures de soins, autant de tâches pour lesquelles elles disposent d’employés hautement qualifiés.
En revanche, avec le système de caisses de compensation, un assuré aurait la même prime dans toutes les caisses de la région. Cette prime dépendrait alors uniquement de la classe d’âge de l’assuré, ainsi que de la franchise et du modèle d’assurance choisi. Fini le changement de caisse en fonction de la prime, fini la chasse aux bons risques, fini les réserves inutiles et fluctuantes, fini les primes payées en trop et non remboursées.
Un système trop complexe? Non, c’est la situation actuelle qui l’est avec sa centaine de compagnies d’assurances, ses centaines de produits d’assurances de base et ses milliers de primes différentes. En revanche, nous sommes d’accord avec les assureurs: «Nous devons désormais intensifier la coopération et la coordination avec les cantons», et c’est justement ce que propose le projet mise en consultation ce 29 février 2016. Nous nous permettons par conséquent de renouveler notre invitation au dialogue, en espérant que les assureurs qui, a priori, partagent notre envie de coopération constructive, abandonne cette attitude défensive instinctive et rentrent leurs griffes pour mieux mettre la main à la pâte avec nous et avec toutes les autres personnes désireuses de relever les défis de notre système de santé.