1.2.2024, Noémi Massard
Le concept de slow fashion a été créé par opposition à la fast fashion, celle où les marques et plateformes multiplient les collections pour des saisons qui durent à peine deux à trois semaines, voire quelques jours pour les pires exemples. Pour sortir de cette consommation effrénée, les initiatives se multiplient et deviennent de plus en plus créatives et joyeuses.
Mercerie et bricolage de seconde main
Parmi elles, on observe l’ouverture de bibliothèques de vêtements qui permettent de se parer d’une belle robe ou d’un manteau original pendant quelques jours sans en débourser le prix couture. Ou encore la multiplication d’ateliers d’initiations en tous genres pour créer des vêtements et accessoires, ou prolonger leur vie. En parallèle, les rayons mercerie et DIY apparaissent dans les magasins de seconde main. De quoi se réjouir.
La slow fashion n’est plus seulement une injonction à consommer propre et éthique, mais elle est devenue une source de créativité qui rapproche des communautés de personnes «qui font». Qui font des vêtements, des réparations, de la broderie, de la couture, du tricot, du crochet, qui travaillent le cuir, le métal, le textile: il y en a pour tous les talents.
Du lin à la teinture pour réapprendre des gestes oubliés
Un exemple saisissant est celui de Justine Aldersey-Williams. Cette Anglaise a fait pousser sa paire de jeans. Elle a commencé par apprendre la culture du lin, pour le tissu, et de l’indigo, pour la teinture. Puis les techniques de tissage et de teinture nécessaires à la fabrication de la fameuse toile «de Nîmes» (denim). Enfin, elle a construit son pantalon, qui doit sa réputation de solidité à sa toile épaisse et à ses rivets en métal caractéristiques. De nombreux spécialistes et 30 bénévoles ont collaboré à ce projet ambitieux, afin de recréer tous les gestes qui n’avaient plus été pratiqués en Angleterre depuis plus d’un siècle. En effet, les savoir-faire avaient disparu ou on les avait exportés dans des pays aux mains-d’œuvre exploitées et aux normes environnementales moins strictes ou inexistantes.
Avec sa paire de jeans 100% slow, Justine revendique un «réensauvagement» de nos garde-robes, de quoi les chérir de manière créative.