29.3.2011, Huma Khamis
Des huiles minérales peuvent-elles contaminer les denrées? Une étude de l'émission télévisée alémanique Kassensturz révèle un phénomène dont l'ampleur est préoccupante.
Pâtes, riz, semoule, céréales, biscuits, etc. Sur 21 échantillons de denrées alimentaires sélectionnés par l’émission Kassensturz, 18 présentent des traces d’huiles minérales supérieures aux limites toxicologiques acceptables. Contenues dans les cartons d’emballage, ces huiles sont dérivées de produits pétroliers et soupçonnées d’être néfastes pour la santé. Leur nom d’huiles prête à confusion car, loin d’être visqueuses, ces substances sont volatiles et se diffusent par conséquent dans les denrées. En ligne de mire, les aliments secs qui ne sont pas toujours efficacement protégés par un film plastique ou en aluminium dans leur carton.
Problème connu des fabricants…
Mais comment cette contamination des denrées est-elle possible? En Europe, près de 15% du papier et des journaux sont recyclés sous forme d’emballage pour l’industrie agroalimentaire. Or les encres utilisées pour l’impression des journaux et des livres ne sont pas destinées à entrer en contact avec de la nourriture. Les moyens techniques pour éliminer ces encres lors du processus de recyclage du papier en carton d’emballage sont trop peu utilisées.
Les fabricants interpelés par Kassensturz expliquent que le problème est connu. Selon eux, le seul moyen d’éviter ces substances indésirables serait d’utiliser des fibres non recyclées – dont le coût écologique est non négligeable – ou de protéger les aliments avec un film supplémentaire. Le hic, pourtant, c’est que les journalistes alémaniques en ont également trouvé dans les emballages produits à partir de fibres non recyclées… Dans ce cas, seule l’encre utilisée sur l’emballage peut expliquer la contamination. Evidemment, à ce stade, les fabricants de carton renvoient la balle à l’indusrie agroalimentaire pour qu’elle assume les surcoûts de production d’articles exempts de toute contamination!
… et des autorités
A l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), on se veut plutôt rassurant: on conseille aux consommateurs de varier leur alimentation et l’on rappelle que les phénomènes de migration de substances dans la nourriture sont sous surveillance. Néanmoins, l’OFSP invite les parties à trouver des solutions qui, tout en étant écologiques, ne mettent pas la santé des consommateurs en danger.
En effet, pour l’heure, seules les encres spécifiquement destinées aux emballages alimentaires sont régulées, même s’il est implicite que tous les matériaux de conditionnement doivent être audessus de tout soupçon. En Allemagne, l’Institut fédéral de l’évaluation des risques tirait la sonnette d’alarme à ce sujet il y a une année déjà. Les fabricants de papier, d’aliments ou même d’encres cherchent des solutions appropriées… un exercice difficile dans un contexte sans valeur limite légale.
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