Conso durable

Four solaire: douce cuisson et farniente

Pas un nuage, le bon matériel et un esprit vacances. Tels sont les ingrédients que nous conseille Denis Jolidon, véritable passionné de cuisine solaire, pour apprécier cette dernière. Rencontre.
Enjeux collectifs Impact environnemental

Archive · 03 mai 2022

Elle est loin d’être discrète, la parabole trônant devant la maison de Denis Jolidon dans les hauts de Courtételle (JU). «Je l’appelle le cuiseur: une cuillère en bois avait brûlé, un pied en métal avait fondu. Et je ne vous parle pas de l’éblouissement. Mais en été, ça fonctionne vraiment bien!» On ne s’attardera pourtant pas plus sur ce modèle professionnel; passionné par la cuisine solaire, le bricoleur – clown de métier – l’avoue, il serait incapable de construire le même par ses propres moyens.

Il préfère parler des dizaines d’autres fours, entre autres faits main, jonchant le sol du jardin. Ici, un orangé accueille un lapin aux odeurs alléchantes. Plus loin, bocaux de légumes, lentilles et confiture chauffent. Là, un autre fait office de sécheur à herbes, tandis que de la fumée s’échappe d’un tube en verre de quelques centimètres… L’eau n’attend plus que le café!

Ce jeudi ensoleillé de mars, la viande a été lancée à 8 heures. Les légumes ont requis 2 heures 30 de rayons printaniers. Prêts à temps pour dîner. «Au premier test, on avait mangé le rôti à 18 heures!» rigole Denis Jolidon. Erreur de débutant: la cuisson lente à 130 °C pour rôti, ragoût, émincé mijoté, est idéale. Pizza et gâteau sont par contre à proscrire: «Le fond n’est pas assez chaud. Mais on peut réchauffer sa tranche.»

Choisir le fabriqué main

Le concept, lancé il y a 200 ans, a été repris dans les années 1960. Aujourd’hui, craintes liées aux pénuries et envie de se rapprocher de la nature relancent la machine. Pour autant, «il ne faudrait pas vendre sa cuisinière, souligne le Jurassien. S’il pleut, je ne mangerais que de la salade.» Et surtout, l’objet a un prix. Entre 100 et 600 francs sur internet. Pour des produits qui s’apparentent parfois à des gadgets... «Si vous partez skier, vous n’attendez pas une heure dans la neige pour un café! Et à la plage, allez-vous porter une énorme casserole pour vous retrouver face au vent où la cuisson sera retardée? En plus, si la technologie est superbe, elle n’est pas réparable.» Au contraire d’un four fait maison.

Sur la Toile, les tutoriels abondent. Sponsorisés par des marques de panneaux solaires. Ou prônant la récup’. Mais au vu des matériaux (alu, verre, laines, bois, peinture…), il y a de quoi relativiser, note le bricoleur averti, qui prévient: «Les trois-quarts des plans sont faux. Je me suis fait avoir avec le premier!» Aussi Denis Jolidon transmet-il son savoir et «les bêtises qu’il a vécues». Il donne des cours d’un ou de plusieurs jours à l’Université populaire ou auprès d’associations, à l’image de SEBActiv, propose des animations en camp et sur les campings, «là où les gens ont le temps», ingrédient ultime.

Car, pour goûter aux plats, il faut quelques heures de patience et une météo clémente. La cuisine solaire par Denis Jolidon, définitivement un véritable éloge à la lenteur.

Des cours en do it yourself

Le jour de notre rencontre, une petite équipe est sur le point de terminer son four, à Bassecourt, à deux villages de là. L’objet a pris la forme d’une boîte. Ne manque plus qu’à mesurer, découper, visser, intégrer ficelle et baguette, lamelles de feutres, plaque de verre. Le tout sans s’emmêler les pinceaux, plans de construction à la rescousse. «Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de pièces!» s’exclame François.

Intéressé par l’achat d’un tel produit utilisant l’énergie de la nature, ce participant s’était interrogé sur l’efficacité de ce qui se vendait sur internet. Pour moins de 400 francs de matériel et de montage, le créer soi-même aidé d’un professionnel peu avare en anecdotes satisfait celui qui se considère menuisier du dimanche! Prévoyant, Denis Jolidon aura tout de même mis sa patte à l’abri des regards dans son atelier entre deux cours, certaines étapes étant plus ou moins précises et délicates… à la grande satisfaction d’Irène, présente par curiosité. «C’est tout de même bien complexe. Seuls, on en aurait pour bien plus que six heures», fait remarquer cette couturière. Pourtant, la studiosité et l’acharnement des élèves durant ce dernier cours dépasse toutes les espérances du maître de la bricole. Probablement la perspective d’enfin tester leur tout premier repas chauffé aux rayons. Enfin…

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