28.10.2014, Joy Demeulemeester / Photo: Jean-Luc Barmaverain
En Suisse, plus de 60% des assurés ont choisi un modèle alternatif pour abaisser leurs primes. Les pièges à éviter: petite piqûre de rappel.
Pour les assurés qui ont juré d’aimer et de chérir leur caisse jusqu’à ce que la mort les sépare, la solution s’appelle «modèles alternatifs». Ceux-ci lient l’assuré, selon une autre métaphore nuptiale, «pour le meilleur et pour le pire». Le meilleur, parce c’est une excellente idée que d’encourager, par exemple, un patient à consulter en premier recours son médecin de famille. Celui-ci connait bien son dossier médical et les antécédents dans la famille; ses tarifs sont plus modestes et il parvient à traiter grosso modo 80% des motifs de consultation.
Trop de médecins hors liste
Adhérer à un réseau de soins, où les thérapeutes sont habitués à faire équipe et qui partagent parfois des infrastructures, là aussi, c’est une bonne idée pour maîtriser les coûts de la santé et offrir un meilleur suivi aux patients. Même la télémédecine, bien qu’elle ne puisse jamais remplacer la qualité d’un face-à-face avec son médecin, comprend des avantages. Il est rassurant de pouvoir demander conseil à n’importe quelle heure, d’évaluer s’il est urgent de consulter ou si la prise d’un médicament qu’on possède déjà pourrait soulager en attendant un rendez-vous. Ecouter et rassurer, c’est déjà un peu soigner.
Le pire se cache, hélas, dans les conditions d’application de certains de ces modèles alternatifs, parfois piégeuses. Et très nombreuses sont les personnes qui interpellent la Permanence Conseil de la FRC à leur sujet. Tels ces clients d’un modèle médecin de famille contraints de changer de thérapeute ou de produit d’assurance car leur médecin de premier recours, à la fois généraliste et spécialiste, est dorénavant exclu de la liste des médecins reconnus par l’assureur. Autre mauvaise expérience: cette assurée à qui l’on refuse le remboursement d’un médicament qu’elle a dû acheter ailleurs que dans la chaîne de pharmacies acceptée par la caisse, parce que l’officine ne le vendait pas.
No man’s land juridique
Le législateur laisse une importante liberté de réglementation aux assureurs «afin qu’ils puissent développer des modèles qui soient innovateurs et qui permettent de réduire les coûts». En résumé, nous sommes dans une sorte de no man’s land juridique où les caisses ont plus ou moins tous les droits en matière de modèles alternatifs. Une situation qui devrait sérieusement inquiéter 60% des assurés, la part des personnes qui ont choisi en 2013 des assurances assorties d’une contrainte.
Premier réflexe à avoir: vérifier quelles sont les modalités et les sanctions liées au produit, cela en auscultant les conditions générales d’assurances, ou, plus simple, en consultant les fiches de la FRC (frc.ch/fiches). Second réflexe: résilier et/ou ne pas contracter, même si la prime est très basse, lorsqu’une assurance impose des contraintes péjoratives et sanctionne trop lourdement en cas de leur non-respect.
Parmi les slogans des opposants à la caisse publique, on pouvait lire: «Je ne veux pas perdre mon médecin de famille», «Je ne pourrai plus choisir la prime la moins chère» ou «Je ne veux pas qu’on m’impose mon traitement». Autant de craintes et de limitations qui sont en train de se mettre sournoisement en place au travers des modèles alternatifs.