Distinction
Fair Trade Town: la ville la plus équitable de Suisse
Archive · 01 mars 2016


Sandra Imsand
Journaliste
Dans son entreprise de matériel de bureau, Peter Gallati propose à ses employés et clients un coin cafétéria avec du café, du thé, du sucre et des jus de fruits. Jusqu’ici, rien de surprenant. Sauf que ces produits sont issus du commerce équitable. Un choix qui lui permet d’apposer un autocollant bien en vue sur sa vitrine. Comme Peter Gallati, une vingtaine de commerces et institutions de la commune de Glaris Nord ont décidé de s’engager. Leur action a permis à la commune alémanique de devenir, à la mi-février, la première Fair Trade Town du pays.
Cinq critères à remplir
Derrière cette distinction se trouve Swiss Fair Trade, association faîtière qui réunit les acteurs du commerce équitable dans le pays. Son but: promouvoir ces produits qui offrent des conditions de travail et un salaire décents aux agriculteurs des pays du Sud. C’est pourquoi l’association a lancé il y a deux ans un programme ambitieux intégrant aussi bien le secteur public que privé. Concrètement, pour pouvoir obtenir le titre de Fair Trade Town, les communes doivent remplir cinq critères: s’engager politiquement en faveur du programme, créer un groupe de travail, enrôler des commerçants, des restaurants, des entreprises mais aussi des institutions, et sensibiliser la population au commerce équitable à travers des événements annuels. Le nombre d’établissements proposant des produits dans leurs assortiments varie en fonction de la taille de la commune.
Emmenée par son maire, Martin Laupper, la localité de Glaris Nord a été particulièrement motivée à relever ce défi. A la fin de l’année dernière, le Conseil communal a ainsi fait parvenir un courrier à tous les commerces de la région pour les sensibiliser au programme. «J’ai fait le tour de mon magasin pour regarder quels produits fair trade je proposais déjà. Il me suffisait d’en rajouter un pour arriver au minimum requis de cinq, explique Christoph Müller, gérant du Volg. Ce sont des critères raisonnables. Si on peut s’engager, pourquoi pas? Ça montre qu’on n’est pas indifférent.»
«C’est un honneur, et aussi un engagement»
Même son de cloche chez Urs Brotschi, directeur de l’Hôtel Lihn. «Le thème de la durabilité est important pour nous. Tout le concept de notre établissement repose dessus.» Le Glaronais disposant déjà du riz et des boissons, il lui a suffi de s’inscrire. Pour d’autres, par contre, il a fallu faire preuve d’inventivité. Robert Berwert, gérant de la boucherie et d’un service traiteur, n’a tout d’abord pas su comment intégrer le programme. «Nous ne travaillons qu’avec des produits locaux dans la boucherie, que pouvais-je faire pour le commerce équitable? J’ai ensuite intégré du riz, des bananes et du café fair trade dans le cadre de mes activités de traiteur.»
Tous ces efforts combinés ont permis à Glaris Nord de décrocher rapidement le titre de première Fair Trade Town de Suisse. Un aspect qui réjouit son maire: «Nous sommes très fiers. C’est un honneur, et aussi un engagement, explique Martin Laupper. Le commerce équitable est très important pour nous. Combien de temps pouvons-nous encore nous permettre d’agir de manière non équitable en matière de commerce?»
La première romande avant fin 2016?
Le programme des Fair Trade Towns a débuté en 2000 en Angleterre et a depuis rallié 1700 villes et communes dans le monde. Avec plus de 57 francs dépensés par habitant en produits issus du commerce équitable en 2014, la Suisse fait déjà figure de championne du monde dans ce domaine. Que pouvait apporter de plus cette distinction? «Dans d’autres pays, ce concept était prévu pour faire connaître le commerce équitable, en Suisse, il le renforcera», estime Tobias Meier, président de Swiss Fair Trade. C’est pourquoi les critères helvétiques pour l’attribution de cette distinction sont plus élevés qu’ailleurs. «Glaris Nord est donc la commune du monde qui remplit les plus hauts standards. Mais il reste un potentiel énorme.» Et surtout, le président espère que la commune glaronaise aura un effet boule de neige auprès d’autres localités. A commencer par Zweisimmen (BE), distinguée en avril.
Côté romand, plusieurs communes ont fait part de leur intérêt et sont plus ou moins avancées dans leurs démarches. Il se chuchote que certaines pourraient déjà devenir des Fair Trade Towns cette année encore. A condition que les pouvoirs politiques et le secteur privé fonctionnent main dans la main.

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