25.11.2021, Jean Busché
Le 28 octobre, Mark Zuckerberg a annoncé sa volonté de tourner la page. Facebook devient Meta et entend se tourner vers le métavers (un univers virtuel fictif, dans lequel les individus pourraient évoluer dans des espaces persistants et partagés, en trois dimensions)
Le coup de com’ arrive à point, alors que la plateforme aux 2,9 milliards d’abonnés est sous le feu d’un énième scandale. La firme est en effet dans le collimateur des institutions et médias américains depuis longtemps. On l’accuse de favoriser la désinformation et de limiter la liberté d’expression. Son rôle a aussi été mis en lumière dans la manipulation de l’opinion face aux exactions commises contre les minorités musulmanes en Inde et au Myanmar. Enfin, une série de documents a dévoilé de graves problèmes de modération des contenus dont les effets dévastateurs sont connus par l’entreprise. Simultanément, Facebook a développé une stratégie d’acquisition de start-ups pour contrer de nouveaux rivaux auprès des jeunes. Voilà qui parachève l’image de grand méchant loup.
Rien ne change au fond
Dans pareil contexte, on comprend qu’une nouvelle aventure dans un eldorado virtuel indépendant des chicaneries liées aux marchés contrôlés par Apple ou Android fait rêver. L’avenir dira si le pari du métavers aura été autre chose qu’une diversion.
Ce qui est certain, c’est que moins de cinq minutes ont été consacrées à la protection des données sur 1 heure 17 de présentation du nouveau Facebook. Le coup de pub ne change donc fondamentalement rien au problème. Celui d’une plateforme dont le but est d’offrir aux annonceurs une publicité (trop) ciblée. Celui d’une plateforme dont l’algorithme de recommandations échappe à ses créateurs. Celui d’une plateforme dont on sait la modération partiale et inefficace.
Il y a un point positif quand même: la marque a annoncé dans la foulée l’abandon de la reconnaissance faciale et de la récolte de données biométriques. Une pratique probablement trop moche pour se satisfaire d’un simple relooking.