27.8.2019, Robin Eymann
Frais bancaires en augmentation de 45% depuis 2012, taux d’intérêt proches de zéro. Les banques traditionnelles peuvent-elles résister à l’arrivée des services uniquement en ligne?
Les frais bancaires ont augmenté de 45% depuis 2012, selon nos relevés. Quant aux intérêts, mis à part certaines banques cantonales, ils ne dépassent pas le 0%. Un argument pour se tourner vers les néobanques? Elles offrent des services sans guichet ni distributeur et les transactions s’effectuent exclusivement en ligne. Bien implantées en Europe, au point de bousculer le paysage bancaire traditionnel, elles effectuent une arrivée encore timide en Suisse.
Deux solutions en test
Zak (Banque Cler)
Cette néobanque suisse fonctionne uniquement sur smartphone, grâce à une application. Pas de guichet physique ni de e-banking sur un site web. L’ouverture se fait en ligne, par vidéoconférence (avec un employé de Swisscom pour l’authentification); le processus est assez rapide. Le forfait de base est entièrement gratuit et comprend la gestion du compte (taux d’intérêt à 0%) et une carte de débit et de crédit. Une version payante à 6 francs par mois permet des retraits gratuits aux bancomats des banques tiers (2 francs par retrait pour le compte gratuit) et quatre retraits à l’étranger gratuits.
L’application est simple, voire simpliste. Elle ne dispose pas des mêmes fonctionnalités que d’autres établissements qui permettent par exemple de faire des budgets ou d’analyser ses dépenses. Elle permet en revanche de faire des paiements sur mobile (Google Pay, Apple Pay, Samsung Pay). L’application dispose également d’un «assistant virtuel», c’est-à-dire un robot qui répond aux questions. Point négatif: au cours de notre évaluation, l’intelligence artificielle n’a pas réussi cette mission dans la plupart des cas, et il a fallu prendre contact avec un humain pour obtenir des réponses.
Revolut
Là aussi, le client accède à son compte, simple à ouvrir, à la néobanque britannique via une application. La formule gratuite comprend une carte de crédit virtuelle, c’est-à-dire que les informations, dont le numéro de carte, sont visibles sur l’application. Une carte physique peut être commandée pour 6 fr. 99 et fonctionne sur le mode du prépaiement: il faut verser de l’argent sur son compte pour utiliser la carte de crédit. Le gros avantage annoncé de Revolut, ce sont les frais moindres lors de transactions en monnaie étrangère: le taux de change est plus avantageux (taux interbancaire) et les frais quasi inexistants. Les retraits aux bancomats sont gratuits jusqu’à hauteur de 200 francs. Il existe aussi deux autres formules payantes, à 6,99 ou 13,99 euros, qui permettent de dépasser cette limite ainsi que le plafond de la carte de crédit. Un membre bénévole de la FRC a calculé ses frais avec une carte Revolut et une Visa lors d’un séjour d’une semaine en France. Sur un total de transactions de 2250 francs avec la première, le montant aurait été 80 francs plus élevé avec la seconde. La raison en est le taux de change, différent, et les frais liés aux transactions de 1,2%. A noter encore que, souvent, les frais sont de 1,75% sur les cartes de crédit, donc la différence aurait pu être encore plus importante.
Toutefois, il faut se méfier des frais lors de virement d’argent depuis Revolut sur un compte suisse: ils peuvent être prélevés et être même importants. La FRC a également eu des témoignages concernant la difficulté à recevoir un paiement lorsque l’expéditeur a oublié de mentionner le numéro de référence du compte. Des échanges sans fin ont eu lieu pour trouver une solution. La difficulté à obtenir des réponses au niveau du service-client est confirmée par les récents récits de comptes Revolut piratés. La question des sécurités de l’application se pose, même s’il est possible de limiter le volume des dépenses par mois, de refuser les transactions sans contact ou en ligne, etc. Au niveau de la garantie bancaire (les comptes en Suisse sont garantis jusqu’à hauteur de 100000 francs en cas de faillite de la banque, ndlr.), il n’est pas clair si elle pourrait s’appliquer, même si Revolut dispose bien d’un compte chez Credit Suisse. A noter également que souvent, les entreprises de location de voiture refusent les cartes de crédit prépayées, donc vérifiez bien avec le loueur s’il accepte la carte Revolut.
Dernière modification en date: la néobanque change ses conditions générales, transmettant les données des clients à des entreprises de crédit et de solvabilité. A lire ici.
En conclusion
Ces néobanques répondent à des besoins très spécifiques mais nécessitent une grande aisance avec les moyens technologiques. Elles peuvent donc constituer une solution possible pour les personnes à l’aise avec les opérations bancaires sur smartphone et qui ne font pas ou peu de retrait d’argent, dans le cas de Zak. Cependant, au vu des difficultés à résoudre des problèmes et les questions ouvertes concernant la garantie bancaire, la FRC recommande de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Mieux vaut peut-être attendre encore un peu avant de placer tout son argent sur le compte d’une néobanque comme Revolut.