Fourrure

Etiquetage: c’est le pompon!

Le consommateur est mal renseigné sur la provenance de la pelleterie. Notre coup de sonde livre des résultats navrants.

Alimentation Emballages et étiquetage Enjeux collectifs Transparence Maison et loisirs Textiles

Archive · 03 février 2021

D’où vient le coyote qui orne le col de cette veste d’hiver? Dans quelles conditions a été tué le lapin dont la fourrure a servi à fabriquer le pompon de ce bonnet? Autant de questions légitimes pour le chaland, d’autant plus que ces informations devraient être faciles à trouver. En effet, depuis le 1er mars 2013 et l’entrée en vigueur de l’Ordonnance sur la déclaration des fourrures, une étiquette bien visible doit être apposée sur chaque produit qui en comporte. Elle doit fournir les informations suivantes: nom scientifique et zoologique de l’espèce, pays de provenance et mode de production avec, depuis l’an dernier, une précision si celui-ci n’est pas autorisé en Suisse. Sans oublier la mention fourrure véritable. Le tout dans une langue officielle au moins. Exemple:

FOURRURE VÉRITABLE
1. Chien viverrin
2. Nyctereutes
procyonoides forma
domestica
3. Chine
4. Animal d’élevage:
élevage sur sol grillagé
non autorisé en Suisse

 Le but de cette législation est de permettre à la clientèle de faire un choix en toute connaissance de cause. La règle paraît claire, aussi bien pour le vendeur que par l’acheteur. Or les contrôles officiels menés entre 2019 et 2020 ont relevé des erreurs et lacunes dans 79% des cas. L’Office fédéral des affaires vétérinaires (OSAV), en charge du dossier, regrette que ce taux soit comparable à celui des derniers rapports (entre 62% et 84% de contestations depuis 2014). Dans le détail, 22% des articles problématiques comportaient des déclarations erronées et 15% aucune déclaration. Du côté des produits, c’est sur les cols de vestes en fourrure que le plus d’erreurs ont été constatées, puisqu’ils constituent à eux seuls 55% des contestations, suivis par les pompons de bonnets (12%).

La FRC a effectué son propre coup de sonde sur internet et en magasin. Sur la Toile, il n’est pas toujours facile de différencier un capuchon en vraie fourrure d’une matière synthétique uniquement sur la base d’une photo. Sur les sites de e-commerce reconnus, il faut parfois pousser la recherche assez loin pour obtenir l’information.

En ligne, Bongénie-Grieder joue la carte de la transparence: les fiches, très visibles, donnent des détails. Malheureusement pas tous ceux demandés par l’ordonnance. Ainsi, sur un manteau en laine et cachemire surmonté d’un col en vison, le nom latin de l’animal ne figure pas. Manque aussi la mention Non autorisé en Suisse, obligatoire depuis septembre 2020. Dans la mesure où l’ordonnance prévoit encore la possibilité d’écouler un stock avec l’ancien étiquetage, cette lacune est excusable.

Bilan bien triste

En magasin, les résultats ne sont pas plus brillants. Nous nous sommes rendus dans trois commerces de Lausanne. Bon point pour PKZ, qui propose des modèles correctement étiquetés. Chez Bongénie-Grieder, c’est moins clair. Sur certaines étiquettes, il manque l’indication Non autorisé en Suisse. Sur des vestes à col de coyote, le type d’élevage est très vague: «Peau pouvant provenir d’une chasse avec des pièges ou d’une chasse sans piège ou de toutes autres formes d’élevage, notamment en cage». Pour la précision, on repassera. Mais la palme revient au magasin de sport Trend Mania, spécialiste de la marque Canada Goose. Sur les vestes et chapkas doublées en coyote, pas une seule étiquette en vue. Seule indication: Fourrure véritable. Pareil pour les articles de la marque Ubr, qui contiennent du lapin. Sur un portant présentant 14 parkas Nobis au col de fourrure, seules cinq étaient dotées d’une étiquette. Le bilan est bien triste.

Pour offrir enfin une information complète au client, l’OSAV a prévu de renforcer ses contrôles à l’avenir. Mais il est temps que la branche prenne ses responsabilités.

Pratique: Vraie ou fausse fourrure ?

Comment un consommateur peut-il pallier le manque d’informations et distinguer la fourrure synthétique de la vraie? Conseils.

SCRUTER | Le poil est ancré dans le cuir, soit la peau de l’animal, tandis que les produits synthétiques sont tissés à la base de la matière.

APPUYER ET SOUFFLER | Les poils d’animaux auront tendance à s’incliner ou à se séparer. Contrairement à une fibre textile, ils reprendront leur place initiale.

BRÛLER | On distinguera la fourrure véritable en passant à la flamme un ou deux poils qu’on aura prélevés: une odeur de cheveux brûlés s’en dégagera, comme lors de l’utilisation d’un sèche-cheveux.

CHOISIR | De nombreuses marques se sont engagées à ne plus utiliser de fourrures. Elles sont listées sur le site furfreeretailer.com.

Seconde main: Pas tous logés à la même enseigne

Et qu’en est-il des ventes d’articles d’occasion? Le règlement de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires ne couvre que les entreprises. Ainsi, une brocante se doit d’étiqueter correctement sa marchandise. Un particulier en revanche n’y est pas soumis et peut vendre un manteau en fourrure sans ajouter de déclaration obligatoire.

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