4.7.2017, Joy Demeulemeester / Photo: Monkey Business Images/shutterstock.com
Professionnels et patients s’unissent pour lutter contre les traitements inutiles.
Grisés par les progrès de la médecine moderne, et parfois guidés par de puissants enjeux économiques, certains croient que toutes les méthodes diagnostiques et thérapeutiques disponibles doivent être utilisées. Or, les dérapages de cette médecine «maximale» ont des répercussions néfastes sur les coûts et, c’est plus grave, sur la santé des patients. De plus en plus de professionnels s’engagent donc pour une pratique «optimale», cherchant à obtenir le soutien de ceux qu’ils soignent. Un juste équilibre, fruit d’une discussion objective autour des bénéfices attendus, des risques, des effets secondaires possibles et de ce qui importe le plus au patient.
Dans cet objectif, des listes «Top 5» de traitements qui ne sont plus recommandés sont peu à peu publiées pour chaque discipline (lire ci-dessous). Parmi ceux qui sont jugés inutiles, beaucoup concernent les plus âgés. User de somnifères ou d’hypnotiques sédatifs pour traiter l’insomnie, prolonger l’alitement, recommander l’alimentation par sonde gastrique en cas de démence sont ainsi des pratiques qui, trop souvent, font plus de mal que de bien.
«Nous veillons au risque de surmédicalisation, explique Christophe Büla, professeur en charge du Service de gériatrie du CHUV. Mais les patients craignent encore souvent qu’en refusant une proposition d’investigation ou de traitement ils soient ensuite moins bien pris en charge, tandis qu’une famille peut se sentir coupable de renoncer à certains soins.» Comme si en faire moins signifiait que le patient n’en vaut pas ou plus la peine. Il n’est donc pas rare de multiplier les soins juste pour (se) rassurer et (se) témoigner de l’attention.
Les patients et leurs proches peuvent pourtant contribuer aux efforts des professionnels de la santé par quelques actions simples:
• Préparer les visites médicales en dressant la liste de ses questions.
• Parler en famille et avec l’entourage de ses valeurs en matière de soins, de qualité de vie, et en fonction d’événements susceptibles d’arriver.
• Nommer un représentant thérapeutique qui exprimera ses volontés si on n’est plus en mesure de le faire soi-même.
• Lorsque rien n’est prescrit, sortir du cabinet sans se sentir frustré.
• Oser poser la question: «Et si on ne faisait rien?»
Hippocrate définissait ainsi le but de la médecine: «Face aux maladies, avoir deux choses à l’esprit: faire du bien, ou au moins ne pas faire de mal.» Un précepte vieux de 400 ans av. J.-C., entièrement d’actualité.