2.12.2015
Eteindre la lumière lorsqu’on quitte une pièce est une évidence. Pourquoi ne pas faire de même dans la rue? Certaines Communes tentent l’expérience.
L’adage est connu, la meilleure énergie n’est ni solaire ni éolienne, c’est celle que l’on ne consomme pas. En matière d’éclairage public, nous sommes habitués à voir nos rues baignées de lumière. Pas étonnant, en vingt ans celui-ci a augmenté de 70% en Suisse. A tel point qu’un nombre croissant d’urbains n’ont jamais vu la Voie lactée. Surtout, la pollution lumineuse a des effets néfastes non négligeables sur les êtres humains (troubles de l’horloge biologique) et la faune (perte de la biodiversité nocturne). Sans compter que l’excès d’éclairage est un gaspillage à la fois d’énergie et de ressources.
Si la Suisse est encore loin d’imiter la France, qui interdit par exemple les enseignes lumineuses entre 1 h et 6 h du matin, certaines Communes innovent et mettent en place des mesures pour éclairer plus intelligemment routes et espaces publics. Présentées dans le cadre d’une journée d’information organisée par la fondation Pusch en novembre 2015, ces démarches montrent qu’il est possible de redonner sa place au monde de la nuit.
Des localités exemplaires
Au-delà du remplacement des luminaires par des installations plus efficientes, y compris pour les lumières de Noël, toutes ces approches répondent au credo «éclairer mieux, consommer moins». Chaque espace est pensé selon ses besoins et en prenant en compte les paramètres propres à l’usage qui en est fait.
A Genève, à côté du Plan lumière suivi par la Ville depuis sept ans, des initiatives voient le jour pour réhabiliter des couloirs nocturnes destinés à la faune. Dans la même ligne, Lausanne dispose d’un Plan des ombres, identifiant les lieux où l’éclairage n’est pas souhaité (certains parcs ou forêts par exemple). A Corgémont, la Commune éteint carrément tous ses lampadaires entre 0 h 30 et 5 h 30; la route cantonale reste toutefois éclairée.
Bien sûr, ce qui est possible dans une commune de 1650 habitants ne l’est pas forcément en zone urbaine. Yverdon-les-Bains a donc développé une approche lui permettant de gérer ses lampadaires économiques de manière dynamique: grâce à des détecteurs, ceux-ci passent de 20% à 100% d’intensité lumineuse en fonction du passage dans la rue concernée. Et le système est suffisamment intelligent pour que le piéton ou le cycliste s’en rende à peine compte.
Interpelez votre Municipalité!
Vous avez peur du noir? Pourtant, les expériences évoquées plus haut ne montrent aucun impact négatif, que ce soit du point de vue de la criminalité ou des déprédations. Bien entendu, ces systèmes ont un coût qui n’est pas toujours couvert par les importantes économies d’énergie réalisées, du moins en ces périodes de bas prix de l’électricité. De plus, le courant utilisé pour l’éclairage public ne représente que 1% de la consommation totale d’une ville comme Lausanne: une goutte d’eau dans l’océan. Toutefois, à l’heure où chaque consommateur est sans cesse mis devant ses responsabilités et amené à économiser le moindre kilowattheure, il est bon de voir que les Communes montrent l’exemple. En cette période de Fêtes où les guirlandes illuminent les rues, c’est aussi l’occasion de vous adresser directement à votre Commune pour l’inciter à s’inspirer de ces démarches vertueuses. Agissez, interpellez votre Municipalité!
Laurianne Altwegg