6.11.2012, Elisabeth Kim / Photo: TonyB./shutterstock.com
Deux études universitaires cernent d’un peu plus près cette problématique. Ici comme ailleurs, les consommateurs pèsent le plus lourd dans la balance du «prêt-à-jeter».
Début 2012, avec sa campagne «Trop bon pour la poubelle», la FRC faisait du gaspillage alimentaire son combat phare de l’année, notamment en informant régulièrement, via son magazine et son site internet, les consommateurs sur ce non-sens écologique et économique encore méconnu dans nos contrées. Et pour cause: si des pays comme l’Angleterre ou l’Allemagne disposent de données, les statistiques font cruellement défaut en Suisse.
Une lacune qui n’a pas échappé à Claudio Beretta et Joao Almeida, qui ont chacun consacré un travail de master au gaspillage alimentaire. Dans la foulée, les anciens étudiants de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich et de l’Université de Bâle ont créé la plateforme Foodwaste.ch (en allemand).
Si la méthodologie de leurs études diffère, les conclusions tirées par les chercheurs se rejoignent, donnant pour la première fois un contour plus précis à cette problématique. Ainsi, les Helvètes ne sont pas de meilleurs élèves en matière de gaspillage alimentaire, puisque, dans notre pays comme ailleurs en Europe ou aux Etats-Unis, près d’un tiers de la nourriture est jetée à la poubelle. Soit deux millions de tonnes par an de denrées en parfait état qui se muent immédiatement en déchets!
Les distributeurs bons élèves?
Pour Claudio Beretta, la principale source provient des consommateurs eux-mêmes, qui pèseraient pour 45% dans ce gâchis. «Ce chiffre reste toutefois une estimation basée sur la Grande-Bretagne, très en avance dans ce domaine, faute de données plus précises en Suisse», reconnaît le jeune homme.
Autres chiffres, calculés cette fois en compilant des données suisses: la part du «prêt-à-jeter» provenant des industriels (30%), des producteurs (13%), de la restauration (5%), du petit commerce (2%) et du commerce de détail, ce dernier pesant étonnamment très peu dans la balance (5%). A titre de comparaison, en Grande-Bretagne, on estime à 25% la part de la distribution dans le gaspillage alimentaire. Comment cette proportion a-t-elle été obtenue? «J’ai extrapolé les informations collectées auprès de différents supermarchés et petits commerces, avance Claudio Beretta. Et si le commerce de détail gaspille si peu de denrées, c’est peut-être en raison de la pression économique, qui pousse la branche à être la plus efficace possible dans la gestion des stocks…» Une hypothèse qu’il s’agira de confirmer au moyen de nouvelles études. Mais ces premières données issues de travaux d’étudiants ont le mérite d’alimenter un débat initié en Suisse par la FRC et ses consœurs de l’Alliance des associations de défense des consommateurs.
Des millions à la poubelle
Depuis, de Foodwaste au WWF, de nombreuses voix s’élèvent contre le gaspillage alimentaire et dénoncent certaines dérives. Comme par exemple la consommation de pain, qui se profile comme le champion toutes catégories en la matière. Selon les calculs de Joao Almeida, 37% de la production boulangère passent directement des champs au fournil, puis à la benne à ordures! «Plus de 15 kilos de pain par personne et par an sont gaspillés, note-t-il. Soit, à l’échelle du pays, quelque 719 millions de pertes financières.»