6.10.2011
En dehors des perturbateurs endocriniens, on retrouve de nombreuses substances dans les cosmétiques qui suscitent vos questions.
Notre premier volet posait les jalons: qu’est-ce que le système endocrinien? Qu’est-ce qu’un perturbateur? Le second abordait l’aspect législatif. Nous vous proposons ici un éclairage sur les substances que l’on retrouve communément dans de nombreux cosmétiques.
Qu’en est-il du phénoxyéthanol (EGPhE)?
Le phénoxyéthanol est un conservateur antibactérien appartenant à la famille des éthers de glycol.
L’industrie cosmétique en utilise principalement de deux origines:
- les dérivés de l’éthylène glycol (dits « éthers de type E »)
- les dérivés du propylène glycol (dits « éthers de type P »)
Dans les produits d’hygiène et de beauté, on en trouve quatre, tous de type E.
Nombre d’éthers de glycol sont fortement toxiques, et leurs effets, notamment pour les personnes largement exposées, peuvent être terribles. L’exposition à ces substances est ainsi liée à des stérilités, des anomalies de la durée ou de la régularité des cycles menstruels, des difficultés à concevoir, une toxicité pour l’embryon, des malformations congénitales, etc. Et leur potentiel nocif est d’autant plus important qu’ils sont absorbés très facilement par la peau, particulièrement lorsqu’ils se présentent sous forme liquide (fréquent dans les cosmétiques).
En mars 2005, une communication du Ministère français de la santé précisait qu’il est important de savoir que les éthers de glycol possèdent des propriétés toxicologiques très diverses, et que certains dérivés ont une toxicité sur la reproduction mise en évidence chez le rongeur et sont susceptibles d’entraîner un risque pour l’homme.
En fait, il apparaît que les éthers de type E provoquent la formation de composés toxiques dans l’organisme, alors que ceux de la série P seraient rapidement éliminés par la respiration. Déjà en 2000, la Commission de sécurité des consommateurs s’était prononcée, au niveau européen, pour une substitution complète des premiers par les seconds.
Les quatre utilisés en cosmétique ont bénéficié ces dernières années de validations successives des autorités sanitaires, au motif que la toxicité de ceux-là n’est pas démontrée, même si des études complémentaires étaient en cours. Seule l’utilisation du phénoxyéthanol se voyait assortie d’une concentration maximale autorisée dans le produit fini de 1%.
Selon la fiche toxicologique publiée par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS/ France) en 2008, le phénoxyéthanol, facilement absorbé par voie cutanée et métabolisé en acide phénoxyacétique (éliminé essentiellement par les urines), peut induire des effets neurotoxiques, et des troubles neurologiques peuvent être observés, notamment en cas d’exposition à des doses importantes en milieu industriel. A l’heure actuelle, on ne dispose pas de données sur les risques cancérigènes ni sur les effets sur la reproduction liés à l’exposition au phénoxyéthanol sur l’homme. Le principal chef d’accusation reste donc, pour l’heure, son potentiel allergisant. Si des concentrations jusqu’à 10% ne provoquent pas d’effet irritant, plusieurs cas de sensibilisation cutanée (eczéma et urticaire) ont été rapportés, le plus souvent en rapport avec une utilisation régulière dans les cosmétiques.
(Réf.: www.observatoiredescosmetiques.com)
Qu’est ce qu’une substance CMR?
Les substances chimiques classées CMR sont une série de substances qui sont soit cancérigènes, soit mutagènes ou toxiques pour la reproduction. En d’autres termes, elles sont susceptibles de provoquer un cancer, des mutations de notre matériel génétique, ou d’entraver la reproduction de manière grave. Elles sont donc particulièrement dangereuses, et certaines d’entre elles peuvent même combiner plusieurs de ces effets. En principe, les substances reconnues comme CMR devraient être interdites, pourtant on les retrouve parfois dans les produits destinés aux consommateurs.
Qu’est ce qu’une substance PBT?
Les subtances PBT sont, quant à elles, des substances qui ne sont pas biodégradables, qui s’accumulent dans les organismes vivants (et leur concentration croît au fil de la chaîne alimentaire) et qui sont, de surcroît, toxiques. C’est le cas notamment de certains pesticides utilisés par le passé, dont on retrouve encore des traces dans l’environnement. Il existe aussi d’autres sources de PBT, comme certains médicaments, les solvants. Celles-ci peuvent aussi être produites de manière non intentionnelle par l’incinération d’ordures, comme c’est le cas de la dioxine.
Qu’en est-il du triclosan? Est-il autorisé dans les cosmétiques?
Le triclosan est un conservateur antimicrobien. Il peut être utilisé dans tous les types de cosmétiques, à la concentration maximale dans les préparations prêtes à l’emploi (produits cosmétiques finis) de 0,3 %. Malgré le fait que des effets sur le système endocrinien ont été rapportés, il n’est à ce jour pas inscrit sur la liste de l’UE comme perturbateur endocrinien. En revanche, il est inscrit sur la liste des substances CMR. Sa classification est R36/38: irritant pour les yeux et la peau; R50/53: très toxique pour les organismes aquatiques, peut causer des effets défavorables à long terme dans l’environnement aquatique.
(Réf.: Liste SIN ; http://w3.chemsec.org/)
Qu’est-ce que le castor oil?
Il s’agit d’un dérivé d’huile de ricin couramment utilisé en cosmétique. On le trouve souvent dans les crayons. Il permet de travailler la texture des produits tout en améliorant l’hydratation de la peau.
Qu’est-ce que le butylène glycol?
C’est un humectant. Il sert à maintenir la teneur en eau d’un cosmétique dans son emballage et sur la peau.
En raison des données dont on dispose, aucun classement ni aucun étiquetage selon la directive 1272/2008/CE (CLP, GHS) ne sont nécessaires. D’après les données actuelles, aucune classification ni étiquetage n’est requis au sens des Directives 67/548/CEE ou 1999/45/C. Cette substance n’est pas considérée comme persistante, bio-accumulable et toxique (PBT), ou très persistante à fort potentiel de bio-accumulation (vPvB)
(Réf: http://www.oxea-chemicals.com)
Qu’est-ce que l’isobutylparaben et l’isopropylparaben?
Ce sont des conservateurs de la famille des parabens. Mais ils ne sont pas notés sur la liste de l’UE comme perturbateurs endocriniens. Cela montre encore une fois l’aberration du système. Par manque de résultats de certains parabens, vaut mieux user de prudence et ne pas recourir à des produits qui en contiennent. La concentration maximale autorisée est de 0,4% pour paraben seul et de 0,8% pour paraben mix.
(Réf.: www.observatoiredescosmetiques.com)
Qu’est-ce que la benzophenone-3?
C’est un filtre anti-UV couramment utilisé dans les produits cosmétiques de protection solaire. La benzophenone-3 est déjà connue pour être responsable de réactions de type allergique. Elle est également suspectée de toxicité systémique. L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) vient d’évaluer son potentiel reprotoxique et sa capacité à agir en perturbateur endocrinien. Cette substance a été intégrée à la liste des substances réévaluées dans le cadre de sa saisine par la ministre de la Santé le 21 janvier 2009, saisine portant sur la part de risque attribuable aux substances cosmétiques reprotoxiques et/ou perturbateurs endocriniens.
La benzophenone-3 figure à l’annexe VII de la Directive cosmétique (bientôt remplacée par l’Annexe VI du nouveau règlement appelé à la remplacer), fixant la liste des filtres anti-UV que peuvent contenir les produits cosmétiques. Elle y est réglementée et ne doit pas dépasser une concentration maximale de 10% dans les produits finis. Une mention « contient: Benzophenone-3 » doit obligatoirement figurer sur l’étiquetage si la concentration est égale ou inférieure à 0,5% et si la substance n’est utilisée que pour protéger le produit.