1.9.2007, Huma Khamis
Elles promettent beaucoup, mais offrent peu de certitudes... Avec les nanotechnologies, la porte de l'infiniment petit est ouverte. En route pour cet univers aux risques et aux potentialités peu connus!
Un dentifrice qui permet de soigner instantanément les dents sensibles, un tissu à l’épreuve des taches, des vitres autonettoyantes, une crème solaire parfaitement invisible ou encore des traitements inespérés contre certains cancers… Vous croyez que ces produits relèvent de la science-fiction? Détrompez-vous! Les nanotechnologies sont déjà parmi nous et ne cessent de nous surprendre par les nouvelles applications qu’elles permettent.
Le point commun à toutes ces créations commerciales? Des particules dont la dimension varie d’un milliardième à quelques centaines de milliardièmes de mètres (1 à 100 nanomètres). Une échelle plus facile à concevoir pour l’esprit humain, lorsqu’on sait qu’il existe à peu près le même rapport entre la Terre et une pomme qu’entre cette dernière et une nanoparticule.
Mêmes atomes, propriétés différentes
Mais la spécificité de certaines nanoparticules ne réside pas uniquement dans leur taille. Si elles ont de tout temps existé à l’état naturel (poussières, caséine dans le lait, ou même l’encre utilisée dans l’imprimerie), l’observation du « nanomonde » n’est devenue accessible aux scientifiques qu’avec l’invention du microscope à effet tunnel, dans les années 1980.
Avec une surprise à la clé: certains matériaux, à l’échelle de l’atome, changent de propriétés et ne répondent plus aux lois de la physique mécanique classique, mais à celles de la mécanique quantique. A titre d’exemple, l’or, ce métal jaune, noble et inerte à l’échelle macroscopique, devient rouge et se comporte comme un réactif en dessous de 3 nm. Le dioxyde de titane, existant à l’état naturel et utilisé dans la peinture sous forme de poudre blanche, une fois réduit en nanoparticules, devient transparent et ses nouvelles propriétés en font un anti-UV de choix dans les nouvelles générations de crèmes solaires.
(In)certitudes
Les découvertes de propriétés inconnues jusqu’à présent et la production synthétique de nouvelles particules ouvrent des voies inimaginables dans le domaine des technologies. Mais elles sont également une porte ouverte sur des risques inconnus.
La diffusion des nanoparticules, spécialement celles de synthèse, soulève de nombreuses questions, en termes de santé et d’environnement. En raison de leur taille minuscule et de leur caractère imprévisible, il n’est pas exclu que celles-ci s’insinuent dans les organismes, s’y accumulent et y causent des dégâts.
Comme il existe autant de propriétés possibles que de nanoparticules de synthèse, il est impossible de généraliser leur comportement. Chaque substance doit ainsi être évaluée séparément, que ce soit pour prouver son innocuité ou son inertie (des particules « immobilisées » dans un matériau n’auront pas le même impact que celles qui sont susceptibles de migrer).
Recherche et réglementation incomplètes
Les recherches toxicologiques menées à ce jour sont encore à l’état embryonnaire. Difficile, dès lors, de fixer une réglementation concrète en Suisse et dans le monde.
Toutefois, dans ce contexte de doute, le consommateur ne doit pas servir de cobaye. Les industriels doivent prouver l’innocuité des substances mises sur notre marché, avec une priorité sur celles contenues dans les cosmétiques et dans les produits entrant en contact avec la peau. Le consommateur est par ailleurs en droit d’être informé par un étiquetage aussi transparent que la crème solaire dont on lui vante les mérites!