7.5.2024, Laurianne Altwegg
La dématérialisation d’activités grâce au numérique est souvent présentée comme une solution à l’urgence climatique. C’est oublier la croissance exponentielle de la quantité de ressources qu’elle exige. Conseils.
Il est des chiffres qui donnent le vertige: nous détenons 34 milliards d’équipements numériques pour 4,1 milliards d’usagers (source: GreenIT). Les impacts environnementaux sont majoritairement liés à la phase de fabrication du matériel (80%). Les smartphones, téléviseurs et ordinateurs portables sont les plus incriminés. Pas étonnant sachant que, selon l’Institut du numérique responsable (INR), 40 smartphones sont vendus chaque seconde dans le monde et qu’un seul de ces appareils nécessite 200 kilogrammes de matière! Si la progression du numérique reste identique, le nombre d’équipements sera de 65% supérieur en 2030 par rapport à 2020, notamment du fait de l’essor des objets connectés. Selon l’Agence française de la transition écologique (Ademe) et l’Autorité de régulation des communications (Arcep),
l’empreinte pourrait même tripler entre 2030 et 2050.
«Il est du devoir des fabricants d’améliorer le cycle de vie de leurs produits via l’écoconception.» Laurianne Altwegg. Responsable Environnement.
Cette croissance exponentielle doit inciter à davantage de sobriété dans ce domaine. De la part des fabricants d’une part, lesquels pourraient réduire l’impact de leurs produits en limitant le nombre de nouveaux modèles et en prolongeant leur durée d’usage grâce à des mises à jour logicielles adaptées ou à une meilleure réparabilité, entre autres. De celle des consommateurs aussi, qui peuvent adopter des gestes souvent simples.
1. Limiter l’achat d’objets connectés. Pour les objets qui ne serviront que quelques fois, l’emprunt, le partage avec ses proches ou la location peuvent constituer de bonnes alternatives à l’achat.
2. Opter pour le reconditionné ou l’occasion. Particulièrement développé pour les smartphones et tablettes, le reconditionné donne la garantie que l’appareil aura les mêmes fonctionnalités qu’un produit neuf, sans avoir nécessité autant de ressources et à un prix généralement inférieur.
3. Acheter des produits facilement réparables. Bien que l’indice de réparabilité ne soit pas obligatoire en Suisse, l’indicateur développé pour le marché français est parfois affiché. Certaines entreprises – à l’instar de Why! open computing – ont développé un assortiment sur la base de la réparabilité et de la longévité des produits et proposent les pièces pour les réparer.
4. Faire durer ses équipements au maximum. De nombreuses enseignes et Repair Cafés peuvent faire revivre un objet en panne. Donner ou revendre un appareil inutilisé lui accorde aussi une deuxième vie. Le plus dur reste peut-être de ne pas céder aux offres alléchantes des opérateurs qui proposent des abonnements permettant de changer de smartphone tous les 24 mois.
5. Recycler en fin de vie. Les appareils sont des gisements de matières précieuses. Les ramener dans un point de vente ou un centre de collecte, en plus d’être obligatoire, permet de les valoriser.
6. S’informer. Disponibles en ligne, de nombreuses publications permettent de trouver les bonnes alternatives et de mieux comprendre l’impact du numérique. L’Ademe fournit des guides, l’INR propose un MOOC (cours en ligne) gratuit en accès libre, tout comme l’Inria.