28.4.2020, Anne Onidi
Notre comparatif confronte l’efficacité et la composition de neuf produits liquides, dont un classique. Verdict: les variantes écologiques ménagent mieux les couleurs... mais les taches aussi.
Laver son linge, c’est nécessaire… et polluant. L’intérêt de choisir un détergent préservant l’environnement est donc important. Aussi ce test juge-t-il la composition de produits écologiques ou prétendus tels. Et puisque la qualité du nettoyage demeure un critère déterminant, les performances de ces lessives ont été comparées à une référence classique reconnue pour ses bons résultats. Les candidats à ce comparatif proviennent de grandes enseignes, mais aussi de sites spécialisés dans la vente de gammes bio et écologiques.
Qu’a-t-on dans ces flacons? La réponse devrait se trouver sur l’étiquette, sous forme de liste d’ingrédients, comme la loi le prescrit pour les aliments et les cosmétiques. Mais pour les produits ménagers, en revanche, il n’y a pas cette contrainte. Les seules informations requises fournissent assez peu de détails sur le contenu réel du produit… Impossible donc de se fier à ses connaissances ou à celles d’une application. Certains fabricants indiquent tout de même le taux de biodégradabilité de leurs détergents. Un gage de qualité auquel se fier les yeux fermés? Pas pour Nathalie Chèvre, écotoxicologue à Lausanne: «Ces tests sont réalisés dans des conditions optimales, loin de la réalité des stations d’épuration. On mesure le carbone total mais pas des substances chimiques spécifiques. Personnellement, je dis toujours à mes étudiants que la biodégradabilité, c’est pour la publicité!»
L’opacité des fabricants fait tache
Pour démêler le vrai vert du greenwashing, la FRC a donc demandé aux fabricants de lui livrer leurs recettes. D’entrée de jeu, la marque Ecover a fait la différence en indiquant où figurent les listes INCI (nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques) de tous ses détergents sur son site. Cinq autres fabricants ont répondu positivement. Trois n’ont pas souhaité révéler leur secret de fabrication. N’ayant pu examiner la composition des produits, nous avons renoncé à leur attribuer un score final et les avons placés en queue de classement pour ce manque de transparence.
Pour les autres, nous avons recherché trente substances reconnues comme persistantes, bio accumulatives, toxiques et/ou écotoxiques. Nous en avons retrouvé neuf, et cela même dans des produits portant des labels sérieux. Ainsi, Ecocert, Ecolabel et Oecoplan excluent des molécules nocives, mais en autorisent d’autres; ces labels proposent des détergents moins nocifs que la moyenne, mais pas nécessairement idéaux d’un point de vue environnemental. Quant au produit Frosch, il cumule six substances toxiques; un résultat en décalage complet avec le message que répand la marque qui s’autoproclame «pionnière de l’écologie».
Efficacité en demi-teinte
Demeure une lessive exempte de molécules nocives, l’Ecover zero. Avec des performances à la hauteur de sa composition? Mezzo-mezzo, serait-on tenté de répondre au vu des résultats du laboratoire. Comme la majorité des produits écologiques testés, elle fournit des prestations
moyennes et significativement inférieures à celles de la lessive classique Formil. Sauf sur un point: le respect des couleurs, où Formil se distingue négativement. Seul un produit allie composition irréprochable et travail acceptable.
Faudrait-il dès lors opter pour une recette maison, la tendance étant au do it yourself? Nos confrères de Que Choisir en ont éprouvé deux issues du site AromaZone. Les performances se sont révélées médiocres à très mauvaises. L’une des recettes contenait même une dose très élevée de limonène, une substance parfumante hautement toxique pour les eaux. Or, qu’elle soit concoctée à domicile ou non, une lessive gagnera à être exempte de parfums. Car ce sont ces molécules en premier lieu qui génèrent des dégâts environnementaux. Une base de savon de Marseille, d’Alep ou de savon noir est un atout car ces composants sont sans danger. Hélas, lorsque le fabricant met l’un de ces ingrédients en avant, c’est souvent pour en masquer d’autres, bien moins inoffensifs. Le magazine 60 millions de consommateurs a ainsi donné à un produit Persil au savon de Marseille la pire note environnementale possible. Gare aux mentions en trompe-l’œil, donc!
Les résultats