1.9.2011, Nadia Thiongane
Certaines marques ont pignon sur rue avec des collections quasi identiques dans toute l'Europe. Les Suisses déboursent près de 40% de plus!
Les grandes chaînes vestimentaires permettent de s’offrir une mode à petits prix. Toutefois, dans notre pays, l’élégance vaut son pesant d’or, comparé aux voisins européens. Ainsi, nous avons analysé les tarifs, en francs suisses et en euros, de dix boutiques de prêt-à-porter pour femmes et enfants, et de deux sites internet de sociétés de vente par correspondance françaises. Pantalons, jupes, chemises, pulls ou jaquettes… les écarts démarrent à 19% de plus pour la petite robe de plage à fleurs chez Zara – 99 fr. 90 contre 69,95 euros -, jusqu’à 90% d’augmentation pour l’élégant blazer camel chez Naf Naf (114 fr. contre 49,95 euros)!
Dans les boutiques, Naf Naf affiche le plus gros écart de notre échantillon, avec une augmentation moyenne de 53% en francs. L’enseigne suisse Tally Weijl se limite à 25%. Et pour habiller junior chez Du Pareil Au Même, il faudra débourser 52% de plus en Suisse qu’en Europe. A noter que le créneau « bébé à naître » semble aussi très porteur, puisque, sur le site 3-Suisses, les vêtements de grossesse affichent une différence de 67%.
La rue de Bourg de Lausanne, c’est les Champs-Elysées!
Qu’est-ce qui justifie de tels écarts? La qualité des produits, entend-on souvent. Mais ces enseignes affichent les mêmes articles dans leurs vitrines européennes, invariablement fabriqués en Chine, en Europe de l’Est ou encore au Maroc, quel que soit le pays final de vente. Les loyers alors? Entre Paris, Bruxelles et Lausanne, on doute que la cité olympique soit la plus onéreuse sur ce point. Les frais d’importation donc? Il faudra certes compter avec des droits de douane, mais la facture devrait rester raisonnable; quelques francs par pièce tout au plus. Les salaires alors? On peut concéder une certaine différence de ce côté-là. Les montants versés en Suisse sont en effet largement au-dessus de la moyenne européenne. Difficile de savoir quel différentiel de prix peut être ainsi justifié. Cette question a toute son importance dans le débat économique actuel, mais, faute de données autant du côté du Secrétariat à l’Economie que de l’Office fédéral de la statistique, il est peu aisé d’estimer cette influence. Selon la FRC, un écart de plus de 20% exige des explications.
Entre pouvoir d’achat et patriotisme, il faut choisir
Les conditions-cadres de notre pays justifient donc une différence de prix mais pas une moyenne de 40%, loin s’en faut! C’est surtout la capacité économique des acheteurs qui définit, in fine, le prix de vente. Pour les Helvètes, l’achat en ligne peut être une alternative. Mais certaines marques empêchent les achats transfrontaliers en exigeant que le pays de livraison soit le même que celui de la commande. Dans ce cas, une seule parade: se faire livrer dans une poste restante aux frontières ou chez des amis résidant en Europe.
Pour les enseignes qui livrent en Suisse, il est important d’effectuer soigneusement les calculs, car les frais de dédouanement pourraient manger une grande partie du gain espéré. Dès 60 francs d’achats (frais de transport inclus), les taxes peuvent aller jusqu’à 50 francs avec un transitaire privé. Profiter d’un séjour en terres européennes pour faire du shopping semble être la meilleure affaire. Jusqu’à une franchise de 300 francs, vous remplirez votre dressing à bon compte. Et, à ce stade, pourquoi s’en priver?