29.4.2014, Réd. / Photo: Jean-Luc Barmaverain
Sujet de campagne depuis 2012 à la FRC, le gaspillage alimentaire a également inspiré un concours de projets. La sélection du jury.
«Trop bon pour la poubelle», c’est le slogan que répète l’Alliance des organisations de consommateurs (FRC, SKS, ACSI) inlassablement depuis deux ans pour limiter le gaspillage… Les consommateurs sont-ils sensibles à ce message? Que leur inspire-t-il? Pour en juger, l’Alliance a organisé un concours avec le soutien de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Sur plus de septante candidats, la moitié étaient romands.
Beaucoup d’idées intéressantes sont sorties du cerveau bouillonnant des participants. Citons par exemple le « disque de stationnement » imaginé par une classe de Crissier. Fixé sur le frigo, il indique la durée de conservation moyenne des aliments. Idée sous-jacente: optimiser les quantités de denrées achetées, en invitant à considérer le frigo non plus comme un espace de stockage de longue durée mais comme un lieu de passage transitoire.
Deux autres projets visaient à valoriser les fruits et légumes mal calibrés ou abîmés: la disco-soupe (une première était organisée en avril à Lausanne) et l’initiative d’une association d’agriculture contractuelle bio à Avry (FR). Suite à la grêle qui a endommagé les vergers en été 2013, l’association a décidé de distribuer des pommes grêlées à ses plus de 500 adhérents en leur expliquant la raison. Démarche saluée.
Autre projet sympathique, les affiches de sensibilisation réalisées sur un mode humoristique par une classe primaire d’Undervelier (JU). Par exemple, « Le gaspillage alimentaire, c’est aussi tes oignons« , « Gaspiller c’est mal, ail! Ail! Ail! » ou « Si tu jettes la nourriture, c’est la fin des haricots!« .
A noter encore ce clip vidéo tessinois: les élèves de l’école de Gordola montrent qu’il est possible et amusant de transformer des restes en spécialités culinaires, en l’occurence la torta di pane, tourte au vieux pain. Avec bêtisier en prime.
Mais ce sont six autres projets, en Suisse romande et alémanique, qui ont été primés par notre jury.
Projets individuels
1er prix : Doggy bags personnalisés
Lorena Strub, à Berschis (SG), propose de créer des emballages individualisés pour emporter les restes du repas au restaurant. Certes, l’idée n’est pas neuve, puisque la pratique est archi-commune aux Etats-Unis, où les restaurateurs servent des portions gargantuesques. «Nous avons récompensé le fait que le doggy bag puisse se développer à large échelle en Suisse. Il rend le consommateur actif: oser demander à emporter ses restes et commander une portion adaptée à sa faim», souligne Barbara Pfenniger, spécialiste Alimentation à la FRC. Reste à trouver l’idée emballante pour le contenant: une boîte de poche réutilisable pour diminuer la part des emballages superflus.
2e prix: Des poules pour picorer les restes
Installées dans leur poulailler mobile, Paulette et Causette se délectent des restes de la famille Tissot, à Broc (FR). Chaque année, les deux poules engloutissent 90 kg de restes. Elles fertilisent aussi l’herbe du jardin familial et offrent câlins et omelettes aux enfants: tout cela pour une 2e place méritée. Loin du jury l’idée d’inciter les gens à élever des volatiles de balcon: «Développons des projets communautaires, au même titre que les potagers urbains au pied des immeubles», lance l’animateur Philippe Ligron.
3e prix: Compotes et sirops
C’est dans les vieilles marmites qu’on fait la meilleure soupe, et c’est dans les vieux bocaux qu’on fait les meilleures compotes! 3e prix, Gilberte Michelet, de Monthey (VS), a le sourire réjoui de la grand-mère qui sait régaler ses convives. Son garde-manger fait saliver: fleurs, baies, fruits, légumes, herbes aromatiques, elle transforme tout ce que la nature lui offre et initie Jonas, 6 ans, aux secrets de la confection de sirops maison. La recette est simple, mais il est bon de se souvenir et de partager les saveurs et les modes de conservation d’antan! « Durable » avant l’heure.
Retrouvez les recettes de Gilberte Michelet
Projets de groupe
1er prix: Faire leur Fête aux restes
Un camp qui se termine et laisse une profusion de denrées dans le frigo – surtout des grands bocaux de miel, de confiture et de tartinade chocolatée. Il n’en fallait pas plus pour une classe de Dulliken (SO) pour trouver la parade: organiser une grande fête, avec les restes en plat de résistance. «Ludique, généralisable à tous les camps, et ce sont les jeunes qui mettent la main à la pâte», se réjouit Mathieu Fleury, de la FRC.
Quelques recettes:
- Des restes de confiture : Une tourte de Linz
- Un reste de tartinade chocolatée : des biscuits chocolatés
- Un reste de miel liquide : des biscuits aux flocons d’avoine
- Un reste de miel liquide : une crème au miel
2e prix: Le pain de la veille à l’étal
Jadis, on trempait le pain sec dans la fondue pour ne pas le jeter. Désormais, on fait des affaires, assorties d’une intention louable. Une classe de Dornach (SO) finance son voyage d’études en rachetant à un boulanger ses invendus pour confectionner de goûteux sandwiches qu’ils revendent à la récré. Des pains soit tartinés de fromage frais, soit sont vendus nature, à moitié prix. Les deux versions sont bien moins chères et plus saines que les viennoiseries que les élèves achètent habituellement.
3e prix: Le jeu est dans le frigo
Case 41: tu as acheté trop de fruits, ils pourrissent. Passe un tour. Case 6: tu as une liste de courses et tu t’y tiens. Relance le dé. Grosso modo, le jeu de l’oie, on connaît, sauf qu’il s’est mué en un énorme frigo. Les concepteurs de ce plateau de jeu aux nouvelles règles, une classe d’Yverdon (VD), sont des ados; mais à midi, ils jouent avec les petits à la cantine. Cette histoire de transmission de savoirs vous plaît? Avancez de 6 cases!
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