28.10.2014, Anne Onidi / Photo: LiliGraphie/shutterstock.com
Ajouter une pincée de Provence ou d’Italie dans les plats? Sept échantillons sur dix contiennent des pesticides.
Ksssksss, ksssksss… Il suffit de dévisser le couvercle du bocal pour que le chant des cigales égaie la cuisine. Enrichir ses créations culinaires d’herbes aromatiques, c’est faire entrer le soleil dans l’assiette, même au milieu de la grisaille de novembre. Encore faut-il que les herbes soient choisies avec soin et exemptes de produits chimiques. Pour le savoir, nous avons confié dix mélanges provençaux et italiens à un laboratoire. L’objectif: débusquer 129 molécules utilisées dans l’agriculture comme insecticides, fongicides ou herbicides. Et le constat est simple, seules trois préparations, dont deux bio, ne contiennent aucun produit phytosanitaire. Les autres en recèlent au minimum trois!
Le mélange d’herbes de Provence de Butty cumule douze molécules douteuses. Un comble, alors que les aromatiques sont des plantes assez robustes et faciles à cultiver. Certes, les quantités de pesticides ingérés restent minimes. Mais la législation réglemente uniquement des teneurs individuelles de substances, elle n’additionne pas les quantités de différents produits. Une lacune que la FRC dénonce depuis trop longtemps.
Beaucoup de mauvaises herbes
Intéressons-nous maintenant aux plantes qui entrent dans la composition de ces bocaux. Selon le cahier des charges du Label rouge, les herbes de Provence, pour mériter leur appellation, doivent être constituées d’origan (26%), de sarriette (26%), de romarin (26%), de thym (19%) et de basilic (3%). Aucun de nos candidats ne suit la recette à la lettre. Les herbes Le Gusto de chez Aldi contiennent même de l’estragon et du cerfeuil, aux saveurs certes intéressantes, mais guère typiques.
Quant aux mélanges d’herbes italiennes, ils contiennent toujours du basilic et quasi systématiquement de l’origan et du thym, des herbes traditionnellement utilisées dans la cuisine de nos voisins latins. La préparation Italian caprese de Eat.art recèle, quant à elle, des condiments tels que ail, oignon, sel et poivre, ainsi que des additifs. Le McCormick est le plus complexe, avec six plantes différentes. Un mélange d’arômes qui ne correspond en revanche pas à la tradition culinaire italienne, dans laquelle on utilise rarement plus de deux ou trois herbes dans le même plat. Rappelons qu’une sauce tomate se parfume avec du basilic. Rien de plus. Encore que tout reste affaire de goût…
Origine inconnue
Provence, Italie: ces herbes portent des noms qui les localisent géographiquement, mais sait-on seulement où elles ont été cultivées? Que nenni! Migros Bio et Le Gusto se contentent d’une énigmatique mention «Europe». Seul Naturaplan indique clairement les provenances, soit la Turquie et l’Egypte, deux splendides destinations de vacances, toutefois un peu lointaines quant il s’agit d’importer des herbes aromatiques biologiques. Difficile également de savoir si elles ont été séchées ou lyophilisées. Une information pourtant utile car le second procédé ménage mieux les arômes. Le Gusto et Qualité & Prix sont lyophilisés, et Butty ainsi que les deux représentants Migros, séchés.
Abordons enfin la question du prix. Nos préparations grimpent jusqu’à près de 500 francs le kilo! Comparativement, les barquettes d’herbes fraîches reviennent à moins de 100 francs. Autre option, largement plus économique: la culture à domicile. Comme quoi, on peut même faire la fourmi pour inviter les cigales toute l’année.
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