Tromperie alimentaire

De vieux röstis à l’étiquetage erroné: un drôle de cadeau de Migros

Après avoir rectifié son erreur sur l'emballage d'une préparation à base de pommes de terre, le géant orange écoule son stock de produits à l'étiquetage trompeur dans des paquets surprise. Pis, il refuse de corriger sa faute.
Alimentation Nourriture et boissons Emballages et étiquetage Nutrition

Archive · 25 février 2016

Photo: Jean-Luc Barmaverain

Les röstis, le retour! Après une âpre bataille l’an dernier, la FRC avait réussi à faire modifier l’étiquetage des original röstis Bischofszell (filiale de Migros). En effet, l’emballage mentionnait huile de colza en français alors que la recette à base de patates contenait en réalité de l’huile de palme (information exacte en allemand). Une affaire qui avait fait beaucoup de bruit à l’époque.

Les röstis indiquait de l'huile de colza en français, alors qu'il s'agissait en réalité d'huile de palme! --Jean-Luc Barmaverain
Les röstis indiquait de l'huile de colza en français, alors qu'il s'agissait en réalité d'huile de palme! --Jean-Luc Barmaverain

Après avoir été interpellé par la FRC en décembre 2014, le géant orange avait dans un premier temps continué à écouler ses stocks puis avait fini par faire les changements nécessaires courant 2015. Il avait modifié par la suite la composition du produit et remplacé l’huile de palme par de l’huile de colza pour cette préparation. Victoire, donc!

Les emballages corrigés courant 2015. --Jean-Luc Barmaverain.
Les emballages corrigés courant 2015. --Jean-Luc Barmaverain.

Au milieu des produits «Elaborés chez Nous»

Pas si vite! Car les röstis mal étiquetés ont fait leur retour dans les caddies des consommateurs! Et sous la forme sournoise des paquets surprises, opération lancée par Migros en janvier pour remercier les plus fidèles clients. Dans certains de ces cartons, les clients ont retrouvé au milieu d’autres produits «Elaborés chez Nous» des paquets de röstis Bischofzell. Un membre de la FRC a été très surpris de voir que son emballage contenait la fameuse mention huile de colza pourtant corrigée l’été dernier.

Des paquets empaquetés en 2015

Renseignements pris auprès de Migros, il s’agirait de 204000 paquets de röstis emballés avec ce que le porte-parole appelle simplement «une erreur de traduction». Selon Migros, pas question de jeter ces produits, car cette erreur «n’a aucune influence sur la qualité du produit, qu’elle n’implique pas de danger pour la santé du consommateur et qu’elle ne concerne aucun allergène». Les arguments écologique et économique sont invoqués. «Il serait scandaleux, coûteux et inadmissible pour Migros de jeter ces röstis parfaitement comestibles pour une erreur de traduction.» Ces produits, élaborés en 2015, peuvent être consommés, suivant le lot, jusqu’en mai et septembre 2017. Les paquets surprise ont, eux, été empaquetés en 2015 également.

A aucun moment il n’a été question de détruire ces emballages, mais simplement de les mettre en adéquation avec la loi.  En effet, l’article 18 de la Loi sur les denrées alimentaires évoque l’interdiction de tromperie. Notamment l’alinéa 3 qui fait état des indications «propres à susciter chez le consommateur de fausses idées sur la fabrication, la composition, la qualité, le mode de production, la conservabilité, la provenance, des effets spéciaux et la valeur de la denrée alimentaire.»

Or ces emballages faisant croire au consommateur qu’ils contiennent de l’huile de colza alors qu’il n’en est rien constituent bien une tromperie au sens de l’article 18. Et le fait que ces produits soient offerts dans le cadre de paquet surprise n’enlève rien au problème.

Refus d'apposer un autocollant

Le plus simple aurait été d’apposer un autocollant sur la traduction français et de rétablir ainsi la vérité pour le consommateur francophone.

Refus de Migros. Qui évoque des centaines de milliers de produits dispersés sur un réseau national de 600 filiales. Le géant orange estime également que l’effet n’est pas garanti. «Nous avons remarqué que les clients se montraient très sceptiques dès qu’une étiquette recouvrait une partie de l’information sur un emballage.»

Une défense un peu facile en sachant qu'au moment de l’empaquetage de ces produits, Migros avait déjà été interpellé par la FRC concernant cette erreur. De plus, cet autocollant aurait permis de réparer une erreur, à l'entreprise ensuite d’informer les clients plutôt que d’écouler les lots litigieux en les cachant dans des cartons surprise!

Pas d'information dans le magazine du géant orange

La FRC a également demandé si les consommateurs avaient été informés de l’erreur d’étiquetage au moyen d’une publication dans le magazine de l’entreprise. Là aussi, réponse négative du porte-parole. «Nous n’avons rien publié dans Migros Magazine sur ce sujet. Les collaborateurs des filiales ainsi que ceux de la M-Infoline, ont été informés afin de pouvoir répondre aux questions des clients.»

Là encore, le procédé est plus que discutable. Migros minimise visiblement son erreur. Preuve en est la réponse de son porte-parole. «Encore une fois, il s’agit d’une erreur d’impression qui n’a eu aucune influence sur la recette de base et la qualité des röstis produits à ce moment. Ne présentant aucun risque pour la santé et restant dans le cadre légal (il s’agit de deux huiles végétales), elle n’exigeait pas d’intervention plus poussée.»

Le problème justement, c'est qu'il ne s'agit pas de deux simples huiles végétales. On fait passer de l'huile de palme, dont les effets pour la santé sont plus que discutables et dont la culture provoque la déforestation (que de nombreux consommateurs fuient à tout prix) que l'on fait passer pour du colza, matière grasse très intéressante sur le plan nutritionnel. Même si Migros s'est engagé à n'utiliser que de l’huile de palme issue de l’agriculture durable pour ses produits.

La FRC condamne cette manière de faire et regrette vivement que le géant orange n’ait pas pris ses responsabilités dans ce dossier pour se mettre en adéquation avec une loi qui protège le consommateur.

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