7.7.2022, Anne Onidi / Rien ne remplace un essage et un bon conseil en magasin. Photos: Jean-Luc Barmaverain
Faut-il investir plusieurs dizaines de francs dans un sous-vêtement de protection? Notre comparatif réalisé par plus de 80 vraies femmes dans leur vraie vie esquisse une réponse positive.
Commençons par présenter notre invitée du mois. Comme la culotte classique, l’objet de ce test est un dessous en fibres synthétiques ou naturelles, mais dont le fond renforcé a la capacité d’absorber les pertes menstruelles. Ce prodige, elle le doit à la superposition de tissus aux propriétés différentes. En Suisse, elle a d’abord été disponible depuis la France uniquement via internet. Désormais, elle est bien présente dans les magasins helvétiques. On y trouve en majorité des marques spécialisées, même si certains grands noms du sous-vêtement comme Dim et Etam se sont introduits dans ce marché.
Les propriétés et spécificités de cette culotte ont un prix élevé: les dix modèles que nous avons achetés coûtent entre 25 et 60 francs la pièce. Pour acquérir un seul de ces vêtements, il faut donc débourser l’équivalent d’une année de protection jetable. Ces alternatives réutilisables ont beau générer considérablement moins de déchets, sont-elles aussi sûres et efficaces que des serviettes classiques? C’est un test mené avec plus de 80 femmes qui y répond. Leur évaluation a porté sur deux à trois cycles et elle nous a permis de dessiner des tendances intéressantes.
Les résultats complets
Pour 57% de nos volontaires, le port exclusif de la culotte menstruelle assure une protection suffisante, même au pic des règles, lorsque les pertes sont les plus abondantes. Précisons toutefois que ces femmes ont essentiellement un flux faible ou moyen. Car plus de 60% de celles qui ont un flux abondant ont, elles, expérimenté des fuites dans ces moments critiques en n’utilisant qu’une culotte pourtant adaptée aux pertes importantes.
L’expérience globale aura toutefois été concluante pour une grande majorité des testeuses qui ont déclaré à 90% qu’elles continueront à utiliser leurs culottes au-delà de cette expérience d’essai. Sur ce point-là, les modèles de Smoon, Sisters Republic, Perdième, Intimy et Felicup l’emportent. Toutes leurs utilisatrices poursuivront l’aventure avec l’article qu’elles ont porté.
À l’opposé, celui de Dim ne récolte les faveurs que de la moitié de ses testeuses, l’autre moitié ayant décidé de ne plus le sortir du tiroir.
Aussi un sous-vêtement
Mais il n’y a pas que l’efficacité qui compte. Le confort et la discrétion sont également des critères primordiaux. Dans l’ensemble, les culottes de notre sélection sont agréables à porter, mais bon nombre d’entre elles se font remarquer à travers le vêtement. Ce n’est pas le rembourrage qui pose nécessairement problème, mais les contours du dessous, comme pour beaucoup de culottes classiques. Ce défaut peut poser un réel problème et même être rédhibitoire selon la tenue choisie. La conception et les élastiques de la culotte menstruelle Dim ont, par exemple, généré des inconforts presque douloureux. À noter que c’est aussi l’une de celles qui laissent le plus de marques.
Pour des questions de bien-être et de goût personnel, on peut préférer le coton au synthétique. Dans ce cas, attention au rétrécissement! Les trois modèles en coton de notre sélection sont ceux qui ont le plus rapetissé au lavage. Au moment de l’essayage, choisir la taille légèrement au-dessus permettra donc d’éviter de se retrouver rapidement à l’étroit.
Porter une culotte menstruelle et ne plus se préoccuper de ses règles de toute la journée, cela simplifie considérablement la vie. En contrepartie, il faut s’habituer à de possibles sensations d’humidité et à des odeurs désagréables. Avec deux exemplaires par personne pour les besoins de l’expérience, le roulement était parfois impossible à tenir pour certaines. En moyenne, les volontaires estiment que six est le nombre idéal de sous-vêtements pour couvrir une période complète.
Du reste, la culotte exige des soins adaptés, ainsi que du temps et de la patience. Au préalable, un rinçage à l’eau froide et de multiples pressages sont indispensables pour éliminer le sang. On la lave à la main ou en machine, jamais à plus de 40 °C, en n’utilisant ni adoucissant ni savon de Marseille. Quant au séchage, il se fait à l’air, surtout pas au sèche-linge. Et comme ce dessous aux multiples couches est bien plus long à sécher, l’étape peut durer de quelques petites heures en été à plus de 24 heures en hiver, à l’intérieur. Bien que contraignantes, ces procédures n’ont pas découragé la majorité des testeuses.
Écologique et économique, vraiment ?
D’un point de vue financier, la culotte menstruelle ne présente pas d’avantage en comparaison avec la serviette hygiénique. Sur ce critère, la coupe menstruelle l’emporte largement. Mais pour acquérir l’un de ces moyens de protection réutilisables, il faut investir une somme conséquente. Une dépense malheureusement inaccessible pour les femmes en difficulté financière.
Les marques mettent systématiquement en avant les avantages écologiques de ce mode de protection. Il est vrai que remplacer tampons et serviettes jetables par des culottes menstruelles permet de générer moins de déchets. Mais seuls des écobilans des différents moyens de protection, tenant compte de leurs cycles de vie complets, permettraient de les comparer objectivement. Et pour l’heure, les données manquent concernant les culottes menstruelles. On manque d’ailleurs de recul pour savoir combien d’années elles peuvent être utilisées. Les marques évoquent une durée de deux à sept ans. Pour en apprendre plus, nous avons demandé aux volontaires de nous tenir informés de la fin de vie des modèles que nous leur avons confiés. Ce sera l’occasion de revenir sur le sujet.
Un comparatif participatif de grande envergure
Les résultats de ce test n’émanent pas d’un laboratoire mais d’un groupe de 83 volontaires, recrutées via notre compte Instagram. La FRC a confié à chaque femme un modèle de culotte menstruelle de la forme souhaitée et adaptée à l’intensité de son flux, en deux exemplaires. Durant deux, voire trois périodes de règles, elles les ont portées aussi souvent que possible et sans recourir à un tampon ou une coupe menstruelle. Seul complément autorisé, pour limiter les situations gênantes: la possibilité de porter, par-dessus la culotte menstruelle, une culotte classique pourvue d’une serviette hygiénique. À l’issue de l’essai, elles ont répondu à des questions relatives à la durée de protection, à l’occurrence de fuites et d’effets indésirables, au confort et à la discrétion. Pour juger de la durée de vie des dix modèles, nous leur avons demandé de nous informer lorsque leurs culottes ne seront plus utilisables.