1.7.2014, Anne Onidi – collaboration: Barbara Pfenniger / Photo: Jean-Luc Barmaverain
L’étiquette de ces boissons estivales chargées de sucre égrène une liste d’ingrédients si longue qu’elle ôte toute envie de siroter.
Cappuccino, latte macchiato, espresso macchiato: autant de noms qui évoquent le farniente à l’italienne, les pieds baignant voluptueusement dans des eaux turquoises. Le plaisir serait même si grand que de nombreux amateurs se l’offrent à l’année. Mais il y a un hic, et de taille: de par leur composition, ces produits se rapprochent plus d’un bonbon que d’une boisson désaltérante! Cela n’empêche pas la marque Emmi, leader du marché avec six variétés, de se féliciter du succès de ses créations Caffè latte, lancées en 2004. Huit ans plus tard, le géant laitier helvétique, présent en Suisse et à l’international, se targuait d’avoir écoulé son 100 millionième gobelet de café au lait. La concurrence s’est organisée, puisque nous avons déniché une large gamme de produits analogues chez Aldi, Coop, Denner, Lidl, Manor et Migros.
Premiers constats: les recettes de ces cafés sont toutes sensiblement les mêmes, elles contiennent l’équivalent en caféine d’un expresso (80 mg), voire un peu plus, ainsi que du lait. Les variations tournent donc autour des arômes qui ont été ajoutés (vanille, caramel, chocolat) ou de la nature des ingrédients (sans sucre, avec édulcorant, lait écrémé ou crème). Les prix, eux, oscillent entre 4 francs et plus de 10 francs le litre, soit une augmentation de 150%. Des sommes qui font bondir, lorsqu’on sait que le litre de lait est rétribué 71 centimes au producteur suisse!
Fructose? Non merci!
Et, sinon, qu’est-ce qui distingue ces boissons d’un point de vue qualitatif et nutritionnel? C’est ce que nous avons cherché à savoir en analysant les informations relevées sur les emballages de 20 produits. Ce n’est pas totalement une surprise, mais quand même: les échantillons contiennent en moyenne l’équivalent de 5 cubes et demi de sucre par gobelet, soit environt 20 g de sucre. Avec un pareil taux, la plupart frisent la ration quotidienne préconisée par l’OMS (25 g). C’est largement abusif et, surtout, cela ne permet pas d’étancher la soif. Trois boissons allégées (Tizio, Emmi et Linessa) ont subi un déclassement car elles contiennent du fructose, une matière sucrante de plus en plus utilisée par l’industrie pour son prix bas, mais à l’origine d’intolérances alimentaires et connue pour favoriser le diabète.
Les produits qui avaient recours à des additifs alimentaires ont eux aussi subi nos foudres, écopant de pénalités. Stabilisants, correcteurs d’acidité, épaississants, émulsifiants: la liste peut être très longue selon les variétés. Si aucun des additifs trouvés n’est jugé problématique en soi, leur absence est forcément souhaitable. Seule la marque Caffè Lattesso propose ce qu’on attend d’un vrai café froid: du lait, du café et du sucre. Là encore, néanmoins, ce dernier ingrédient n’y figure pas en quantité raisonnable. Dommage!
Amère conclusion
Outre la composition, nous avons pris en compte les aspects environnementaux et éthiques: présence (ou non) d’ingrédients bio, locaux, issus du commerce équitable, ainsi que nature recyclable (ou non) de l’emballage.
Au final, les fabricants ont bien plus souvent recours au café issu du commerce équitable qu’au lait suisse bio. Seul le produit Coop Naturaplan cumule ces deux ingrédients. Quant aux emballages, ils sont en majorité constitués de polyéthylène, un matériau plastique refusé dans les filières de recyclage.
Ces cafés froids nous laissent donc une impression douceâtre et amère à la fois puisque, tant du point de vue du contenu que du contenant, aucun ne se démarque.
Rappelons encore que ces boissons ne s’apparentent ni aux sodas au cola ni au thé froid: ils doivent être totalement interdits aux enfants.
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