Article : Alimentation

Eclairage sur le Nutri-score

Nutri-score

8.3.2022, Barbara Pfenniger

«Cet outil de lutte contre les inégalités alimentaires démontre son utilité. Mais il n’est pas une fin en soi.» Serge Hercberg, profond connaisseur du Nutri-score, explique en quoi il est utile aux consommateurs et à leur santé – et pourquoi certains lobbys font de la désinformation.



Professeur émérite de nutrition à l’Université Sorbonne Paris-Nord, Serge Hercberg a été le directeur de l’équipe qui a conçu le Nutri-score. Spécialiste du domaine de la prévention nutritionnelle, il livre regard et analyses après quatre années d’utilisation et de nombreux travaux pour mesurer son efficacité.

Peut-on fonder scientifiquement aujourd’hui que le Nutri-score est bénéfique à la santé?
Une cinquantaine d’études ont été réalisées dans plusieurs pays. Elles ont montré qu’il répond à un intérêt de santé publique. Les personnes qui mangent des denrées mieux classées sur l’échelle du Nutri-score disposent globalement d’apports nutritionnels plus favorables. Leur statut minéral et vitaminique, mesuré par prélèvement biologique, est meilleur pour la vitamine C ou le bêta-carotène, par exemple. D’autres études sur de vastes échantillons ont montré un lien avec un risque moindre de développer un cancer, une maladie chronique, de type cardiovasculaire, obésité, diabète…

Sait-on vraiment si le Nutri-score représente une aide réelle de comparaison avant l’achat?
À nouveau, des études conduites dans une vingtaine de pays de quatre continents ont montré qu’il était le logo qui aidait le mieux les consommateurs à classer la qualité nutritionnelle des aliments. Des recherches ont également comparé la qualité nutritionnelle du caddie de consommateurs qui faisaient leurs courses dans un supermarché dans lequel le Nutri-score était présent et celle de caddies qui affichaient d’autres logos nutritionnels. Le Nutri-score a obtenu les meilleurs résultats.

Quelle population bénéficie du Nutri-score?
C’est un étiquetage qui fonctionne particulièrement bien avec des populations de faible niveau socio-économique ou socio-éducatif. C’est donc un outil de lutte contre les inégalités sociales. Tous les travaux scientifiques ont aussi montré qu’il répondait aux besoins de ceux qui ont le moins de connaissances nutritionnelles ou le moins de temps pour faire les courses et lire les étiquettes

Après quatre années d’utilisation, comment réagissent les Français?
Ils le plébiscitent! Plus de 90% des sondés souhaitent qu’il devienne obligatoire. Les statistiques de vente, disponibles dans certains supermarchés, voient les ventes des produits aux scores A et B augmenter et celles des produits D et E diminuer. Ces données suggèrent que le Nutri-score est bien compris.

Avez-vous perçu un effet sur l’offre alimentaire?
Les données indirectes fournies par les industriels montrent que certains ont reformulé leurs recettes en améliorant le choix des ingrédients. Ils en ont aussi profité pour toiletter les additifs. C’est un gain indéniable.
On trouve le Nutri-score sur des produits transformés. Son apposition incite-t-elle à se tourner davantage vers des denrées industrielles? Difficile à dire. C’est un étiquetage qui éclaire simplement le choix final du consommateur qui achètera tout de même certains produits. Il permet de comparer des marques entre elles ou de déterminer si la pizza au fromage est moins intéressante que la quatre saisons. Cela n’enlève rien au fait que privilégier des aliments bruts ou peu transformés est nutritivement plus intéressant.

Parmi les critiques, il y a celle en lien avec l’intérêt pour le bio: certains détracteurs parlent d’incompatibilité.
On ne peut pas nier qu’un chocolat bio reste un chocolat avec du gras et du sucre. Il n’a pas de valeur nutritionnelle supérieure à son équivalent conventionnel. Cette réalité de la composition ne doit pas être cachée. En France, les recommandations de santé publique conseillent de choisir plutôt des produits bien classés par le Nutri-score et de privilégier dans la mesure du possible les produits bio, notamment pour les aliments végétaux. Je n’y vois pas d’opposition mais une complémentarité.

Le Nutri-score est une mesure parmi d’autres. Il faut aussi réglementer la publicité, éduquer.

Les producteurs de fromages labellisés AOP s’inquiètent aussi. Que leur répondez-vous?
Là encore, le principe d’appellation d’origine protégée et celle d’indication géographique protégée est très bien. Il valorise le savoir-faire ancestral et l’attachement au terroir. Ce n’est pas pour autant que cela confère une qualité nutritionnelle aux produits. Ces fromages seront classés D ou E comme les autres. En revanche, il faut recommander aux clients de donner la préférence à un produit estampillé d’un label dont la production est plus vertueuse. Dans la philosophie du manger moins mais mieux, les fabricants de fromages traditionnels ont une carte à jouer.

On entend dire que le Nutri-score pénaliserait l’huile d’olive?
Elle entre dans la meilleure catégorie des matières grasses ajoutées. Des travaux scientifiques ont montré que ceci est bien compris par les consommateurs au rayon. Autre preuve: les statistiques de vente du supermarché espagnol Eroski montrent que les ventes d’huile d’olive sont restées stables avec l’affichage du Nutri-score.

On parlait de bénéfice pour la santé. Va-t-on résoudre tous les problèmes avec cette notation?
Le Nutri-score n’est qu’un élément parmi d’autres dans la stratégie de santé publique. À lui seul, il ne fera pas disparaître l’obésité, les cancers, les maladies cardiovasculaires. Il faudra toujours d’autres mesures pour rendre des aliments de meilleure qualité nutritionnelle accessibles, réglementer la publicité, éduquer, etc.

Le calcul du score peut-il évoluer?
Oui, il y a des marges d’amélioration. Dès le lancement, il a été proposé de réévaluer cette notation tous les trois ans en fonction des progrès scientifiques et de l’évolution de la santé publique. Des scientifiques sans liens d’intérêts, issus des sept pays qui l’appliquent, sont en train de travailler dans ce sens. Mais les décisions seront basées sur la science, elles ne céderont pas aux pressions des lobbys économiques ou des États.

Quelles sont les prochaines échéances?
On attend un rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments et un autre du Joint Research Center, le bras armé de la recherche de la Commission européenne. Les parlementaires auront, fin 2022, les éléments pour décider si le Nutri-score va devenir obligatoire. Il est à espérer qu’ils ne le dénatureront pas.

Dossier Nutri-score

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Les dates de la tournée romande #Ramènetafraise

29.05.21Marché de Boudry (NE)
01.06.21Marché de Neuchâtel (NE)
02.06.21Marché de La Chaux-de-Fonds (NE)
04.06.21Marché de Fleurier (NE)
05.06.21Gare de Lausanne (VD)
12.06.21Gare de Genève (GE)
08.06.21Place fédérale (BE)
12.06.21Marché de Delémont (JU)
15.06.21Gare de Delémont (JU)
19.06.21Marché de Fribourg (FR)
27.09.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
29.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
29.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
09.09.21Semaine du goût Sion (VS)
25.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
26.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
05.10.21Les Jardins du Flon, à Lausanne (VD)
16.10.21Epicerie fine Côté Potager, à Vevey (VD)