30.3.2023, Lionel Cretegny / Photo: shutterstock
Boisson sympathique et prisée des plus jeunes, elle a de l’allure avec ses couleurs parfois vives et ses boules de tapioca qui tapissent le fond du gobelet. Pourtant, les résultats des analyses en laboratoire laissent à désirer. Seules deux boissons achetées en Suisse romande tirent leur épingle du jeu.
Les jeunes en raffolent. D’ailleurs, lors des achats pour le test, nous devions être les personnes les plus âgées dans la file. D’origine taïwanaise, le bubble tea est un véritable phénomène dont le marché mondial pesait déjà plus de 2 milliards de francs en 2019. Un élément saute aux yeux: l’ampleur de l’offre, les ingrédients étant combinables à volonté. Ainsi, l’enseigne Kanpaï, à Lausanne, propose plus de 80 variations. Pour les besoins de la comparaison, la FRC a opté pour le Brown Sugar. Ce best-seller est composé de thé noir, de lait et de cassonade de sucre de canne dans lesquels nagent des billes de tapioca. Une recette simple en apparence.
La FRC a envoyé au laboratoire dix bubble teas achetés dans toute la Suisse romande afin de connaître la composition de ces boissons à la mode. Pour nous assurer qu’il s’agit bien d’un Brown Sugar fait dans les règles de l’art, nous devions retrouver dans toutes les boissons les molécules suivantes: théine, lactose et saccharose. Or plusieurs produits ne contiennent visiblement pas de lait. Mais alors de quoi sont-ils faits? Plusieurs pistes possibles. Soit du lait sans lactose (ce dont nous n’avons pas été informés à l’achat), soit un lait végétal, soit une mixture à base de sucres et de colorants. Ces préparations ont été pénalisées.
La théine indique s’il y a du thé noir dans la préparation. Les boissons qui n’en contenaient pas ont vu leur évaluation baisser, car la recette n’a probablement pas été respectée. C’est le cas du produit de chez Pearl, à Genève, dans lequel il y aurait «du lait et un ingrédient secret qui rend le tout plus crémeux», selon la vendeuse. Est-ce toujours du bubble tea? Non, si l’on s’en tient à la recette de base.
Note: ce test est sorti dans la Lettre FRC, qui est envoyée gratuitement 6x par an. Pour vous inscrire, c’est ici!
Au rayon des colorants et additifs, le laboratoire en a cherché 16. Deux ont été trouvés dans notre échantillon. L’acide benzoïque E210, utilisé comme conservateur des billes de tapioca, est réputé occasionner des réactions allergiques, respiratoires et cutanées, de l’asthme, de l’eczéma. Il est par ailleurs soupçonné de perturber la croissance et de favoriser l’hyperactivité. Il peut également réagir avec d’autres substances présentes dans les denrées, comme la vitamine C, et former un cocktail à l’origine de troubles neurologiques. Quatre bubble teas en contiennent. Les concentrations sont faibles, à hauteur d’un dixième de la dose journalière autorisée dans le pire des cas. Il n’empêche, cette boisson prisée des jeunes ne devrait pas être une source d’exposition à cet ingrédient indésirable. Quant à l’acide azoïque E110, un colorant jaune, il est néfaste à la croissance et peut provoquer de l’hyperactivité. Il n’a pas davantage sa place dans ces préparations, alors qu’il a été trouvé dans l’une d’entre elles.
Finalement, notre échantillon n’aura pas permis de trouver le bubble tea parfait. En effet, même si le premier du classement s’en sort très bien, il contient des sucres tels que du fructose et du glucose. La présence de ces ingrédients est le signe que des mélanges et des sirops artificiels remplacent le sucre de canne. La boisson de la chaîne Tekoe est proche de la perfection, mais la présence de E210 l’envoie en queue du classement. L’entreprise, interpelée par nos résultats, nous a annoncé être en quête d’une solution. Quant au bubble tea de chez Ultea, à Neuchâtel, second sur le podium, contient beaucoup trop de théine. C’est le signe qu’il y a bel et bien eu infusion, mais le taux de théine (ou caféine, puisqu’il s’agit de la même molécule, la 1, 3, 7-triméthylxanthine) dépasse celui d’un Red Bull. Et vu la taille du gobelet (450 ml), le client ingurgite l’équivalent de deux canettes de boisson énergisante d’un coup.
De manière globale, la FRC regrette d’ailleurs autant la taille des portions proposées à la vente – de 450 ml à 700 ml – que le prix qu’un client doit débourser, même s’il s’agit d’une boisson à la mode. À 15 fr le litre, c’est délirant!