2.3.2012, Aline Clerc / Un gazon tondu trop court représente un désert biologique. (Photo Berna Namoglu/Shutterstock)
Les jardins privés représentent des poumons verts qui aèrent les zones résidentielles. Mais ils peuvent devenir des sources de pollution et constituer des déserts biologiques. Nos conseils pour profiter d’une nature qui se réveille.
En zones d’habitation, les jardins représentent des espaces verts bienvenus. Mais les bonnes intentions, paradoxalement, peuvent mal tourner. Des tondeuses et autres outils à moteur qui polluent l’air avec leurs émissions nocives, des produits qui surchargent en pesticides le sol et l’eau, et des zones qui, somme toute, sont bien peu accueillantes pour la petite faune. Quelques gestes simples suffisent à renverser la tendance et à rendre les jardins naturels et vivants.
Moins polluer avec l’essence alkylée
Vous possédez une tondeuse à gazon standard – à savoir un moteur 4 temps sans catalyseur ? Tenez-le vous pour dit, ce type de modèle pollue autant que… 26 voitures. Il rejette de nombreux polluants dans l’air: benzène, hydrocarbures, monoxyde de carbone… L’utilisateur les inhale directement, avec des conséquences possibles sur les voies respiratoires et le système nerveux, ainsi qu’un risque de cancer accru. Ces substances nocives sont également connues pour provoquer somnolence et vertiges, et augmenter le risque d’accident.
La parade consiste à utiliser de l’essence alkylée. Elle a pour avantage de réduire jusqu’à 95% les émissions de benzène des tondeuses, débroussailleuses et autres tronçonneuses ou souffleuses à feuilles. Cette essence contient 90% de benzène en moins que l’essence classique. Les teneurs en plomb et en soufre sont également réduites. En plus des bénéfices qu’elle procure à l’environnement et la santé, elle augmente également la durée de vie des appareils. Seul bémol: son prix, plus élevé. Elle est en vente principalement dans les commerces et les garages de machines agricoles et de jardinage (liste par communes sur essencealkylee.ch).
En matière de coupe, pour supprimer toute émission nocive tout en soignant leur forme, les puristes apprécieront les tondeuses mécaniques propulsées à la seule force des mollets et des biceps… ou la taille mécanique des haies. Dans le jardin, le matériel n’est pas seul en cause, la fréquence à laquelle on entretient son gazon a aussi une incidence. S’il est tondu ras et de manière uniforme, il constitue un désert vert. Laisser une hauteur de tonte entre 6 et 7,5 cm, tout comme créer des espaces moins entretenus, des «îlots sauvages», favorise la diversité des espèces et permet d’avoir des pelouses avec une flore variée qui accueillent insectes et papillons.
Des espaces pleins de vie
La vie, parlons-en: haies de thuyas, plates-bandes de fleurs exotiques, pelouses rases et uniformément vertes se révèlent être des types d’aménagement très pauvres du point de vue écologique. Alors qu’un jardin naturel avec une grande variété de plantes indigènes attire toute une petite faune, des papillons aux hérissons. A trop vouloir nettoyer, tailler, tondre, on rend les espaces verts hostiles aux animaux, qui peinent non seulement à trouver refuge dans les jardins, mais nous privent aussi de leurs bienfaits. Pensons seulement à ces limaces qui nous agacent!
Haies, arbustes et arbres fruitiers
Que ce soit pour une haie taillée ou des arbustes libres, de nombreuses espèces sauvages indigènes remplacent avantageusement les thuyas ou les forsythias.
Par exemple, le troène (Ligustrum vulgare), qui arbore un feuillage persistant, peut être taillé en haie, et ses baies nourrissent les oiseaux. Le cornouiller mâle (Cornus mas) produit des fruits rouges comestibles et décoratifs. Plus de soixante espèces d’oiseaux se nourrissent des baies du sureau noir (Sambucus nigra), alors que celles du laurier-cerise, non indigène, n’en rassasient que trois. Si vous êtes à court d’idées, le site d’Energie-environnement propose une liste d’espèces indigènes décoratives. Et à l’heure de renouveler ses plants, les associations Retropomme et Pro specie rara fournissent des espèces indigènes et anciennes d’arbres fruitiers.
L’ennemi des vergers porte un nom: feu bactérien. Il s’agit d’une maladie particulièrement dangereuse pour les pommiers et les poiriers, puisqu’elle peut les anéantir, et qui est en expansion en Suisse. Par précaution, lors du choix d’un arbuste, il faut éviter les espèces susceptibles de le propager, comme l’aubépine le sorbier des oiseleurs, le cotoneaster ou l’alisier blanc, certaines étant déjà partiellement interdites.
Côté ornemental, les rosiers égaient les jardins et vivent longtemps. Certaines variétés sont très sensibles aux maladies et nécessiteront un arsenal de pesticides leur vie durant. A l’achat, il faut se faire conseiller pour choisir des variétés résistantes.
Enfin, savez-vous qu’une vingtaine d’espèces d’orchidées indigènes peuvent venir fleurir dans les jardins? Les graines arrivent naturellement, portées par le vent. Il suffit de tondre modérément, à 6 cm plutôt que 3 cm, pour qu’elles s’épanouissent durablement. Il existe également des mélanges de graines à semer pour apporter plus de biodiversité dans ces espaces verts.