Produits chimiques

Aucun bouchon ne résiste aux enfants

Nous avons soumis douze emballages de substances chimiques à des testeurs âgés de 4 à 6 ans. Leur ingéniosité est venue à bout des systèmes de fermeture.
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31 août 2011

Du détergent pour lave-vaisselle au produit pour parquet, en passant par le spray imperméabilisant et l'eau de Javel: les substances chimiques n'épargnent aucune pièce de la maison. Leur diversité peut inciter le consommateur à minimiser le risque qu'ils représentent, alors qu'en réalité aucun produit ménager n'est insignifiant.
Stocker les produits dangereux hors de portée des enfants: le conseil semble a priori connu. Et pourtant, en Suisse, les intoxications domestiques stagnent en troisième position dans les causes d'accidents chez les 0 à 5 ans, après les chutes et les brûlures. Le Centre suisse d'information toxicologique - dont la centrale (145) conseille 24 heures sur 24 les personnes ayant été exposées à des substances chimiques - a enregistré l'an dernier plus de 34 000 appels, dont 46% concernaient des enfants de moins de 5 ans.

Résultats mitigés

Les fabricants sont tenus, d'une part, d'informer clairement les utilisateurs sur les risques que leurs produits induisent. D'autre part, ils doivent équiper les plus nocifs (étiquetés "corrosif" ou "toxique", entre autres) d'un bouchon de sécurité. Complexe, ce type de bouchon nécessite la mise en oeuvre de deux mouvements simultanés: pousser et dévisser, par exemple. Cette double manoeuvre rend l'ouverture plus ardue pour les petits enfants.
Nous avons acheté 12 produits ménagers équipés de ces bouchons en grandes surfaces et les avons soumis à un laboratoire spécialisé. L'objectif des experts: déterminer le niveau d'information au consommateur et, par le biais d'un essai pratique réalisé sur 21 enfants âgés de 4 à 6 ans, évaluer la facilité d'ouverture des systèmes de sécurité.
Le résultat? Mitigé quant à l'étiquetage, qui s'avère globalement peu clair ou lacunaire. Le test pratique a révélé qu'aucun bouchon de sécurité ne résistait entièrement à l'ingéniosité des petits.

Le poids des préjugés

Selon un sondage de l'Office fédéral de la santé publique publié début 2010, les Suisses évalueraient la dangerosité des produits chimiques non pas en fonction des informations figurant sur l'emballage, mais de manière subjective, en se fiant à la couleur du flacon (le vert donne par exemple l'impression d'être inoffensif) ou au lieu de vente (il est impensable qu'un supermarché vende des produits dangereux). Près de la moitié des sondés ignoraient que le système des classes de toxicité n'était plus en vigueur depuis 2005 et qu'il avait été remplacé par des pictogrammes noirs sur fond orange. Ces symboles sont pourtant tenus de figurer de manière bien visible sur les emballages des produits ménagers dont l'utilisation fait encourir un risque certain. Toutefois, l'absence de ce pictogramme ne signifie pas que le produit est sûr, mais que le risque est inférieur à un certain seuil. Chaque symbole doit être accompagné de sa signification (comme "inflammable" pour le symbole du feu), d'un texte indiquant le risque encouru et de conseils de sécurité. Voilà pour la théorie… Dans la pratique, notre laboratoire a surtout relevé que les textes étaient souvent écrits en caractères trop petits, serrés, de surcroît, ou que le contraste avec la couleur de fond était insuffisant.

Des devoirs partagés

D'autres icônes permettent de repérer plus facilement les précautions d'emploi à adopter. Bien que facultatives, ces indications visuelles sont extrêmement utiles, et pourtant, cinq de nos produits en étaient dépourvus.
Quant au test pratique, il s'est déroulé en deux temps. Au préalable, les vingt et un enfants ont tenté de déboucher cinq types de fermetures de sécurité (voir ci-dessous). Là, seul le bouchon particulièrement coriace du détergent pour four de Potz leur a tenu tête. Ensuite, les chérubins ont essayé d'ouvrir la totalité des produits, toujours en deux minutes par flacon, mais en connaissant au préalable la méthode d'ouverture. Aucun bouchon n'a totalement résisté à cette épreuve. Relevons que le bon dernier du test, le nettoyant Hygo WC Power, ne mérite pas son statut de produit sécurisé, puisqu'il a pu être débouché par toutes les menottes. Enfin, bonne nouvelle: aucun des produits testés n'était tenu de posséder une fermeture sécurisée. Les fabricants ont donc fourni l'effort d'en équiper leurs emballages: un exemple à suivre pour les autres, encore nombreux, qui n'ont pas fait le pas.
Quant aux utilisateurs, on ne le répètera jamais assez: qu'ils entreposent impérativement leurs produits ménagers en hauteur! Notre test, tout comme l'expérience d'ailleurs, prouve que les mains agiles et les esprits vifs des petits peuvent venir à bout de tout...

Systèmes de sécurité: nos testeurs en herbe mettent en lumière des différences énormes

Vingt et un enfants ont essayé d'ouvrir cinq de nos produits ménagers, dotés chacun d'un bouchon distinct. Après deux minutes de tentative, tous sont venus à bout du liquide WC Hygo (A: Pincer - dévisser Hygo WC Power Citron Clean). 19% d'entre eux ont pu dévisser le bouchon du dégraissant de Faren (B: Pousser - dévisser Dégraissant 100 USI, Faren). Quant au détergent pour four de Potz , aucun bambin n'a réussi à percer son secret (C: Pincer - tirer Zac Quality, Potz). Le nettoyant de douche de Mellerud a, lui, cédé aux mains de 4,8% de nos testeurs (D: Pincer - tourner Nettoyant douche, Mellerud). Le cinquième produit, une laque équipée d'un bouchon à débloquer à l'aide d'un tournevis, n'a pas résisté à 9,5% des enfants.

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Le tableau comparatif des produits en test

Dépliant OFSP: symboles de sécurité actuels

Dépliant OFSP: symboles de sécurité futurs

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