29.4.2014, Laurence Julliard / Photo: Jean-Luc Barmaverain
Des élèves d’Orbe ont ouvert leur salle de sciences pour montrer comment on teste un cosmétique à 14 ans. Reportage en marge du concours initié par la FRC.
Quatre gars, deux filles. Non, ce n’est pas le remake d’une série télé. Ils ont 14 ans et ont choisi la science comme matière à option. Lors de la première édition du concours Les Experts de demain, Caroline Desponds, enseignante du secondaire au Collège de Chantemerle, à Orbe, avait déjà fait parrainer une de ses classes. Cette année – effet boule de neige –, elle a rallié un collègue à la démarche avec un deuxième groupe. En cette jolie matinée de mars, c’est l’effervescence, presque la consécration pour ces élèves de 10e année VSO: une équipe de A bon entendeur vient filmer leur projet pour en faire la bande-annonce de l’émission qui couronnera les lauréats du concours le 20 mai prochain sur RTS1.
Décrypter la composition
«La prof nous a montré l’émission de la première édition, explique Yoachim. Un groupe avait testé des vernis à ongles en les mettant dans une essoreuse à salade, une idée de dingue. Ce jour-là, j’avais du gel dans les cheveux, et comme, les gars, on aime bien tous s’en mettre, on s’est dit que c’était un bon sujet d’études: les Urbigels étaient nés.» Les filles ne voulaient pas rester sur le banc de touche. «On a trouvé notre place dans le projet: la lecture des étiquettes, c’est notre dicastère», justifie Anaëlle. «Un boulot ingrat, avec plein de recherches sur internet pour savoir ce qu’il y a dans le tube. C’est compliqué, ces mots latins», poursuit Virginia… Mais ce décryptage leur sera utile à l’achat de leurs prochains cosmétiques, parole de filles!
Alors, ces gels, ils vous interpellent les Urbigels? «Ce qui nous intéressait, c’était de savoir si la marque qu’on achète est fiable, pas trop chère pour ce qu’elle vaut. On a testé la résistance à la pluie, au vent, la tenue… et l’inflammabilité du produit, parce que c’est important si on se retrouve à une soirée où il y a des feux d’artifice, non?» argumente Nicolas. Huit gels ont donc été sélectionnés, choisis parmi les marques les plus fréquemment vendues en grande surface. Figurait aussi un produit de «luxe», acheté chez un coiffeur, pour comparer. Le facteur prix, entre 1 fr. 90 et 23 fr. 90, a également été pris en compte dans l’échantillonnage.
A raison de deux périodes par semaine sur près de trois mois, nos experts en herbe ont entrepris un travail de longue haleine. «Plus on manipulait les produits, plus on se posait de questions, raconte David: odeur, texture, irritabilité du produit, impact environnemental, look ou solidité du tube…» Les camarades et certains enseignants ont été mis à contribution comme panel pour les critères subjectifs. «Mais pour reproduire une expérience, toujours la même pour chaque marque, on a eu l’idée d’accessoires: l’arrosoir pour simuler la pluie, le foehn pour le vent, le casque de moto pour la tenue… On a testé l’inflammabilité dans un creuset. Critère non pertinent: ça ne prend pas feu, tant mieux!»
«Maintenant, je regarde ce que j’achète, conclut David. J’ai d’ailleurs changé de marque.» Et on peut bien vous le glisser à l’oreille, la meilleure fait partie des moins chères, ça laisse plus d’argent de poche. Allez, les Urbigels, faites-vous beaux, ça tourne, moteur!
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