17.1.2023, Laurianne Altwegg
Certains détaillants font désormais figurer des éco-scores sur leurs denrées. Cet étiquetage volontaire leur permet de choisir la méthode d’évaluation et les produits notés. Pour le consommateur, disposer de plus d’informations concernant l’impact des aliments sur l’environnement est bienvenu. Malheureusement, autant de diversité n’aide pas à la compréhension. Comparaisons et explications.
Après s’être opposés à tout étiquetage du bilan environnemental des denrées alimentaires par le passé lors des travaux de la Confédération à ce sujet, certains détaillants font désormais figurer des éco-scores sur leurs produits. Un développement peut-être pas étranger au fait qu’un étiquetage volontaire leur permet de choisir la méthode d’évaluation et les produits notés. Pour le consommateur, disposer de plus d’informations concernant l’impact des aliments sur l’environnement est bienvenu. Selon un sondage du BEUC, 57% estiment que ce type d’étiquetage devrait être obligatoire. Malheureusement, la diversité des méthodes de calculs et critères évalués n’aide pas à la compréhension. On décrypte.
Choix de la méthode | En Suisse comme à l’étranger, l’évaluation des aliments est le plus souvent basée sur une analyse du cycle de vie (ACV). Cette méthode complexe prend en compte de multiples impacts (changement climatique, qualité de l’eau et de l’air, etc.), et ce «du champ à la table». Toutefois, elle reflète mal d’autres enjeux (biodiversité, espèces menacées, bien-être animal, impact des pesticides). On lui reproche ainsi de favoriser l’agriculture intensive en ne prenant pas suffisamment en compte ses effets négatifs.
Les défauts de l’ACV étant connus, certains éco-scores intègrent des critères supplémentaires afin d’inclure les aspects négligés; c’est le cas de l’indicateur Beelong, introduit chez Coop. D’autres, comme Migros, ont fait le choix de noter à part des dimensions additionnelles (bien-être animal, origine du poisson, emballage). On regrette toutefois que la note principale ne soit pas nuancée et reste exclusivement basée sur l’ACV.
Impact climatique ou environnemental ? | Alors que les indicateurs découlant de cette méthodologie sont multiples, n’afficher que la note concernant la «compatibilité climatique» de l’aliment pose problème. Car les bilans climatique et environnemental ne sont pas équivalents: centré sur les émissions de gaz à effet de serre, le premier n’offre qu’une vision d’impact partielle.
«Est-il important de réaliser que l’impact d’un steak de bœuf reste élevé, quel que soit le mode de production, ou de repérer le morceau le plus durable du rayon ? Tout l’enjeu est là.»
Note agrégée | Peu d’éco-scores permettent de visualiser le détail de l’impact environnemental. Le résultat de l’évaluation se résume en une note agrégée: on trouve ainsi des systèmes utilisant des étoiles ou des lettres – à l’image du Nutri-score – pour qualifier l’empreinte de l’aliment. S’il s’agit d’une bonne chose pour la rapidité et la facilité de compréhension, cela l’est moins pour ce qui est de la transparence de la méthode ou pour la personne intéressée par une dimension particulière.
Spectre de la note ? | La question est centrale: l’évaluation doit-elle permettre de situer l’aliment dans tout l’assortiment ou dans sa propre catégorie? Dans les faits, en Suisse, les éco-scores actuels ne proposent que la première information. Or les deux sont pertinentes: alors que la première permet d’orienter la clientèle vers un régime alimentaire durable, la seconde offre la granularité nécessaire pour affiner les choix dans une catégorie donnée. Raison pour laquelle la FRC regrette que les deux types de notation ne coexistent pas pour donner une information complète. Tout comme elle déplore la multiplication des éco-scores, alors qu’une harmonisation favoriserait une meilleure compréhension.