14.8.2014, FRC / La question des primes maladie pour les enfants n'est pas fixée par l'initiative. Shutterstock
Le comparateur zurichois prédit de fortes augmentations de primes avec la caisse publique, notamment pour ceux qui cherchent à faire des économies. Une analyse loin d'être indépendante de la part d'une société qui vit des commissions des assureurs.
Pouvoir comparer des produits ou des services au travers l’expertise d’un site neutre et indépendant, tel est le légitime souhait des consommateurs avisés à l’ère du web 2.0. Dès lors, l’annonce faite par Comparis le 11 août laisse perplexe. La société zurichoise a en effet concocté « un calculateur de primes de caisse unique » et prédit que « 59% des assurés payeraient plus de primes », contre 41% qui débourseraient moins, ceci dans l’hypothèse d’un système de caisse publique.
Le comparateur en ligne met en avant le coup de massue que recevraient aussi bien les assurés avec une franchise élevée que ceux ayant choisi un modèle alternatif pour réduire leurs primes dans l’assurance de base. Quant aux populations vivant dans les régions rurales et les familles avec enfants, elles seraient également les grandes perdantes si l’initiative populaire « pour une caisse publique d’assurance-maladie » devait être acceptée le 28 septembre prochain.
Le bras de fer contre priminfo.ch
Ces affirmations sont problématiques à plus d’un titre. La première concerne l’indépendance même de Comparis qui, soulignons-le, est une entreprise commerciale dont l’essentiel des revenus provient des commissions perçues auprès des assureurs maladie. On se rappelle des méthodes très agressives déployées par cette dernière, à la limite de la légalité, comme le relate une enquête parue dans L’Hebdo en août 2012, contre priminfo.ch, le site de l’OFSP de comparaison de primes maladie.
Quant aux pronostics avancés par le comparateur en ligne, ils sont également à prendre avec quelques pincettes. D’abord parce qu’ils se basent uniquement sur un seul son de cloche: celui des opposants à la caisse publique (qui s’appuient eux sur l’expertise des professeurs Ueli Kieser et Peter Zweifel). Ensuite parce que les chiffres articulés émanent à nouveau d’hypothèses brandies par les adversaires de la caisse publique. Comparis précise toutefois qu’elle a interrogé les partisans et que ces derniers ont finalement renoncé à participer.
Ainsi, pour ne prendre que l’exemple des primes pour les enfants et des rabais pour jeunes adultes, rien n’est écrit à ce sujet dans le texte de l’initiative et ce sera au Parlement d’en décider. Interrogé par l’Aargauer Zeitung, Félix Schneuwly, expert en assurances maladie chez Comparis et ancien membre de la direction de santésuisse, le lobby des assurances maladie (sic), ne voit pas l’ombre d’un conflit d’intérêt dans cette démarche.