À table!

Vous reprendrez bien un peu de poudre de grillon?

En février 2023, la FRC a publié un article suite à l’autorisation de mise sur le marché de la poudre de grillons dégraissée, délivrée début 2023 par la Commission européenne. Considérant les inquiétudes et questions légitimes des consommatrices et consommateurs, mais également à l’apparition de théories farfelues sur internet et les réseaux sociaux, la FRC suit le dossier de près.

Alimentation Emballages et étiquetage Nourriture et boissons Sécurité alimentaire

20 juillet 2023

Pour rappel, cet ingrédient est considéré comme un «novel food», dont la mise sur le marché nécessite une autorisation. Suite à l’accord délivré par la Commission européenne, la poudre de grillon dégraissée a également été autorisée en Suisse, les conditions d’autorisation étant similaires et les études scientifiques ayant conclu à l’innocuité de cet ingrédient pour la santé. Le ver de farine et le criquet migrateur sont par ailleurs déjà autorisés depuis 2017.

En matière d’indications, la législation est claire: le consommateur ne pourra pas manger ces petites bêtes à son insu. En effet, la présence de ces denrées dans la composition d’un produit doit être mentionnée de manière claire sur l’étiquetage, dans la liste des ingrédients, y compris pour les produits bio. On ne pourra pas en retrouver dans les aliments qui portent une mention «végétarien» ou «vegan», puisqu’ils sont considérés comme des protéines d’origine animale.

Alors, ça grouille dans les étals des grands distributeurs?

La FRC a voulu se faire une idée de l’état du marché actuel concernant les produits à base d’insectes.

Lidl indique qu’aucun produit contenant des composants d’insectes n’est présent dans son assortiment des marques propres. De même pour Aldi, qui précise que l’introduction d'aliments contenant des insectes n'est pas prévue actuellement. Même approche chez Manor, qui indique encore que les consommateurs n’en trouveront pas non plus dans les produits à emporter ou dans les produits de boulangerie fabriqués dans ses magasins.

Migros, par le biais de son porte-parole, se montre catégorique en la matière: les consommateurs suisses ne souhaitent pas trouver d’insectes entiers ou en poudre dans les denrées alimentaires. Le distributeur avait proposé des insectes entiers lyophilisés en 2018. Cette expérience, loin d’être un succès, l’a convaincu de retirer ces produits et de ne pas en reproposer sous cette forme ou sous une autre.

Coop a une autre posture: son assortiment contient des insectes séchés et grillés, mais aussi des snacks et des burgers aux insectes par exemple. Si ce type de d’articles reste un marché de niche, le détaillant précise que la réaction de sa clientèle à l’offre proposée est positive et que son assortiment n’a cessé de croître.

Qu’en disent les autorités suisses?

L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) est l’autorité en charge du dossier en Suisse. Il rappelle que de manière générale, les insectes et autres «novel foods» autorisés par la Commission européenne le sont automatiquement ensuite sur le marché suisse, les conditions d’octroi d’une autorisation étant similaires.

Depuis les autorisations délivrées en début d’année pour la poudre de grillons domestiques dégraissée et les larves de coléoptères (Alphitobius diaperinus) congelées, lyophilisées, en pâte et en poudre, l’OSAV précise qu’aucune nouvelle demande d’autorisation ne lui a été adressée. Quant à la question de savoir si le marché suisse va se développer, l’OSAV déclare «la production d’insectes étant actuellement encore très coûteuse, nous supposons que les produits à base d’insectes resteront pour le moment des produits de niche.»

Le marché suisse est donc pour l’instant loin de se retrouver envahi d’insectes. Néanmoins, l’introduction de nouveaux ingrédients questionne et vouloir ou non en consommer est un choix personnel. La législation est claire: les consommateurs doivent être informés en toute transparence de la présence de tels ingrédients dans les denrées alimentaires afin de pouvoir faire leur choix. Alors un conseil: retournez l’emballage et lisez l’étiquetage. Quant à la FRC, elle veille à ce que cette transparence soit garantie.

Les cochenilles utilisées depuis longtemps

Des additifs à base d’insectes sont autorisés depuis des années en Suisse. Il s’agit de l’acide carminique E120 et le shellac E904, tous deux issus de la cochenille. Ils sont utilisés l’un comme colorant rouge et l’autre comme agent d’enrobage dans toute une série de produits alimentaires. Pour les éviter, un décryptage de la liste des ingrédients est nécessaire. Selon son porte-parole Tristan Cerf, Migros attire l’attention des consommateurs, dans sa fiche d’information sur les additifs, sur leur origine animale et précise: «Dans le cadre de nos efforts pour réduire les additifs dans nos produits de marques propres, nous nous concentrons également sur les deux additifs à base d’insectes. Nous essayons de les éliminer ou de les remplacer dans la mesure du possible.»

Le Conseil fédéral estime la législation suffisante

Le Conseiller national Franz Grüter (UDC/LU) a déposé en début d’année une motion intitulée «Pour un étiquetage bien visible des denrées alimentaires contenant des insectes», estimant que l’exigence de mention de ces insectes est insuffisante, car visible uniquement dans la liste des ingrédients, au dos des emballages. Le parlementaire estimait également que dans la mesure où certains de ces insectes peuvent provoquer des allergies, leur présence devrait faire l’objet d’une mention plus explicite. Dans sa réponse, Conseil fédéral réplique que les exigences légales en la matière sont suffisantes. Il précise «qu’un étiquetage supplémentaire donnerait l’impression que les insectes approuvés ne sont pas aussi sûrs que d’autres ingrédients».

AGIR
SOUTENEZ NOS ENQUÊTES. ON S'OCCUPE DU RESTE.

Preuves à l'appui, la FRC provoque des changements concrets. Faites un don.

SOUTENEZ NOS ENQUÊTES. ON S'OCCUPE DU RESTE.
SOUTENEZ NOS ENQUÊTES. ON S'OCCUPE DU RESTE.

Continuer ma lecture

Cover_magazine

Poker Menteur

Prouvé par la science: vraiment?

«Testé dermatologiquement», «recommandé par les dentistes», «efficace 48 h»: les termes et les chiffres impressionnent ou rassurent. Que valent ces promesses sous leur vernis scientifique ? La FRC a envoyé ses enquêteurs de terrain partout en Suisse romande.

06 mai 2025 Communication trompeuse
Le comparatif des casques audio
Membre

High tech

Le comparatif des casques audio

Le marché des casques audio se partage entre des produits de marques spécialisées (Bose, Sennheiser, JBL...) et ceux de références polyvalentes, toujours plus nombreuses. La fourchette de prix est très large, allant de 50 à… 450 francs!

05 juin 2025