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Votations: l’agriculture en question

Que faut-il penser des initiatives d’Uniterre et des Verts?
Alimentation Agriculture

Archive · 03 juillet 2018, Mis à jour le 04 septembre 2018

Photo: Jean-Luc Barmaverain

Soumises au peuple le 23 septembre, les initiatives populaires «Pour la souveraineté alimentaire» d’Uniterre et «Pour des aliments équitables» des Verts répondent toutes deux à certaines des attentes des consommateurs.

La première, celle d’Uniterre, permet l’évolution de l’agriculture indigène dans le sens souhaité par une grande partie de la population. Elle correspond aussi à ce que la FRC a exposé dans sa vision à moyen et à long terme de ce secteur. Il s’agit notamment du développement et du maintien d’une agriculture durable, sans OGM et diversifiée. Il est aussi question de favoriser la transparence du marché et de renforcer les échanges directs entre paysans et clients pour obtenir des prix équitables à chaque extrémité de la chaîne.

Par ailleurs, la FRC soutient plus globalement le principe de la souveraineté alimentaire qui implique que les populations puissent décider ce qu’elles veulent consommer et la manière dont cela a été produit. Elle estime en revanche que l’initiative va trop loin en exigeant de taxer l’ensemble des produits importés. Surtout qu’en Suisse, un aliment sur deux vient de l’étranger.

Bien que la FRC soit favorable au maintien du système actuel de protection à la frontière – soutenir l’agriculture indigène permet de garantir des produits de proximité aux consommateurs –, l’association s’oppose à une généralisation des taxes qui mènerait à des hausses de prix indifférenciées et sans doute peu efficaces. Car chaque secteur agricole a des particularités qui appellent des solutions ciblées.

L’initiative d’Uniterre demande au final beaucoup de choses. Trop peut-être. Comme la FRC ne peut pas soutenir l’ensemble des propositions, elle n’émet donc pas de recommandation de vote malgré sa sympathie pour le reste du texte.

L’initiative des Verts est, pour sa part, en phase avec le message et les valeurs de la FRC. Elle demande de favoriser les denrées alimentaires issues d’une agriculture respectueuse de l’environnement comme des animaux et produites dans des conditions équitables. Que les denrées soient indigènes ou importées. Le texte a l’avantage d’éviter qu’on impose des normes strictes en Suisse et qu’on permette d’importer des denrées qui ne les respectent absolument pas. Dans le domaine du bien-être animal par exemple, même si les standards helvétiques ne répondent pas toujours aux exigences élevées des consommateurs, l’initiative rendrait possible la définition d'une ligne rouge permettant d'éviter que des denrées ne respectant aucune de ces exigences se retrouvent sur le marché, comme c’est le cas actuellement.

Favorisant une agriculture régionale et des produits de saison préservant les ressources, ce nouvel article constitutionnel a aussi pour ambition d’améliorer les standards suisses de production et d’élevage. Revers de la médaille: selon sa mise en oeuvre, encore floue à ce jour, les prix des denrées pourraient augmenter.

Toutefois, du fait que l’initiative pourrait offrir au client un outil concret le soulageant de devoir constamment décrypter les étiquettes ou se renseigner préalablement pour acheter de manière responsable, la FRC accepte de prendre ce risque et sera très attentive aux réglementations découlant de son application le cas échéant. Afin d’offrir à chacun la possibilité de consommer sereinement, elle recommande ainsi de glisser un oui dans l’urne en septembre.

Suite à la publication d'annonces mettant en doute les arguments et les positions de la FRC, le document suivant a été invoqué comme source de confusion. Il est fourni ici par transparence et pour démontrer sa cohérence avec l'argumentaire présenté ici.

Prix et choix: deux arguments sous la loupe

La FRC analyse ci-dessous les conséquences qu’aurait selon elle l’initiative des Verts sur les deux éléments les plus souvent cités dans le cadre de la campagne.

Les prix augmenteraient-ils en cas de OUI?

La FRC estime que les prix ne devraient pas augmenter, pour autant que la mise en œuvre soit bien réfléchie. Celle-ci, encore floue à ce jour, pourrait impliquer des augmentations de prix si le Parlement décide d’imposer des normes trop strictes aux denrées importées ou de mettre en place un grand nombre de contrôles supplémentaires, ce qui est fort peu probable. Car le Parlement profitera de la marge de manœuvre à sa disposition pour peser au minimum sur les différents acteurs économiques qui pourraient en souffrir. On peut d’ailleurs ajouter que Bio Suisse craint au contraire une chute des prix à cause de l’augmentation de l’offre. Ce qui démontre toute la latitude que laisse l’interprétation du texte.

En outre, il est important de rappeler que les coûts de production sont souvent peu déterminants du prix final d’un aliment. Ce sont avant tout le transport, la transformation et la distribution qui ont une influence. Ainsi, le fait d’importer des denrées provenant d’exploitations ayant généralement des coûts de production plus élevés n’aura sans doute que peu d’impact sur le budget des ménages.

Le choix serait-il réduit en cas de OUI?

La réflexion sur l’offre de denrées alimentaires à la disposition des consommateurs est précisément l’argument qui a convaincu la FRC de soutenir l’initiative des Verts. En effet, la FRC n’est pas contre une limitation modérée de l’offre si celle-ci bénéficie au consommateur en lui permettant d’une part de ne plus trouver sur le marché des produits allant à l’encontre des standards de qualité qu’il attend, mais aussi de ne plus porter seul la responsabilité de la durabilité de son alimentation.

Les consommateurs manquent très souvent d’informations sur les denrées qu’ils achètent: en prenant la moitié de leurs repas à l’extérieur, ils ne disposent par exemple d’aucune information ou presque sur le mode de production des aliments qu’ils mangent au restaurant. Ainsi, les œufs en batterie continuent par exemple d’être importés malgré l’interdiction de ce mode de production en Suisse et le fait que les consommateurs ne les achètent pas, car la majorité est écoulée en restauration. L’absence de transparence bénéficie ainsi à une pratique réprouvée par les consommateurs.

Au contraire des opposants à l’initiative des Verts, la FRC n’estime donc pas que les normes deviendront trop strictes et que certaines spécialités (comme le vinaigre balsamique) disparaîtront des rayons. En effet, les initiants ne demandent pas d’imposer les normes suisses aux produits étrangers. Ils demandent de définir des lignes rouges qui ont tout leur sens puisqu’elles répondent aux attentes des consommateurs.

Ainsi, là où certains voient une mise sous de tutelle, la FRC voit au contraire une aide bienvenue permettant au consommateur de faire plus facilement son choix grâce à une offre en denrées alimentaires plus transparente et plus proche de ses attentes.

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