7.12.2023, Jean Busché
Alors que l'inflation grève le budget des ménages depuis bientôt deux ans et que la Suisse demeure un îlot de cherté, le Conseil fédéral envisage de réduire de moitié la franchise-valeur, exonérant les importations des particuliers de la TVA, dans le but de limiter les achats effectués à l'étranger. Cette mesure bureaucratique et chicanière cible les symptômes plutôt que de s'attaquer au véritable problème.
Il est évident qu’une approche visant à culpabiliser les consommateurs ne résoudra pas les véritables problèmes. Il est donc impératif de réguler le marché en faveur d’une meilleure concurrence et d’agir sur les marges des intermédiaires afin d’instaurer des changements durables.
Ainsi, la mesure proposée soulève des inquiétudes quant à la tendance à pénaliser les consommateurs au profit des entreprises. Car le régional peut être transfrontalier. Et les distributeurs ne se gênent d’ailleurs pas pour importer de très loin des denrées parfois produites localement.
Si les achats de proximité restent cruciaux pour maintenir un tissu économique local robuste et que les consommateurs jouent un rôle central dans la pérennisation de cet écosystème, il est primordial de ne pas s’égarer dans des combats superficiels. Notons que le tourisme d’achat ne représentait que 2% des achats de denrées alimentaires en 2019, et dans d’autres secteurs tels que les médicaments, les revues, les cosmétiques ou l’électroménager, les écarts de prix demeurent étonnamment élevés. Une approche équilibrée, axée sur la réforme des marges et la régulation semble plus pertinente que pénaliser les consommateurs pour des comportements qui ne constituent qu’une infime partie du problème.