Une lessive explosive

Le 25 février 2015, Luca, 11 ans et demi, remarque de la fumée qui s’échappe du sous-sol. S’extrayant de la maison par une fenêtre, non sans mal, il se réfugie chez un voisin. L’alerte est donnée. Pompiers et ambulance accueillent Claudia Moschini, la mère, partie une quinzaine de minutes. Un laps de temps minime, mais suffisant pour qu’un incendie se déclare dans sa buanderie, à Thônex (GE). «On ne s’attend pas à ça en mettant une machine à 30 °C! s’exclame-telle, toujours choquée. C’était un Miele neuf, sous garantie, livré et installé par des professionnels… Et on avait choisi cette marque, considérée comme l’une des meilleures.»

Il n’empêche, l’hypothèse soutenue par l’enquête du Ministère public est celle d’un incident d’ordre électrique au niveau de l’électronique de commande du lave-linge. Théorie réfutée par la firme, qui met la faute sur le sèche-linge d’une marque concurrente, installé dans la même pièce et qui n’était pas en fonction à ce moment-là. Si les assurances ont payé leur dû, Miele, elle, fait la sourde oreille. «L’enquête ouverte par l’Etat de Genève a duré dix mois, les arguments sont en béton; nous ne comprenons pas leur attitude, continue Claudia Moschini. Heureusement, nous avions dès le départ contacté notre protection juridique et pris un avocat.»

Des pertes en cascade

Bien leur en a pris. Car de mails en mails, de courriers en courriers, les discussions ont traîné et l’accord à l’amiable s’est enlisé. «Par solidarité», selon les termes du fabricant, Miele a offert frigo, congélateur, sèche-linge et lave-linge. Le geste – apprécié tout de même – reste insuffisant: «Aujourd’hui, nous n’avons plus d’autre choix que de nous constituer partie civile dans cette procédure pénale.»

Les dégâts, plus de 300 000 francs, sont bien trop importants. «La suie s’est infiltrée partout: murs, parquets, armoires. La maison a dû être entièrement vidée, plus rien ne fonctionnait. » Les pertes matérielles et financières sont une chose, les traumatismes et le côté sentimental en sont une autre: ainsi, toiles d’artiste et jouets ont été jetés. Sans oublier le fait d’être relogé plus de quatre mois en France voisine: «La commune ne nous proposait rien de mieux que l’abri PC.» Un véritable cauchemar, parti d’une simple lessive. «Des tas de marques de lave-linge, sèchelinge et lave-vaisselle font face à des incendies, des rappels de produits. Il faut savoir que cela arrive plus souvent qu’on ne croit.» L’élan de solidarité et un petit bas de laine ont permis d’adoucir le quotidien.