Alimentation de proximité

Un mois sans supermarché: tout est sous la main à Lausanne

Elles sont trois collègues de la FRC à avoir répondu à ce défi qui tournait sur les réseaux sociaux. Chacune a fait son carnet de bord, semaine après semaine. Sandra raconte l'expérience en solo.
Alimentation

Archive · 03 mars 2017

Le jeu, le défi, c'est une seconde nature. Alors oui, toujours partante pour ce genre d'expérience surtout quand on a accès à tous les commerces de proximité et qu'on cuisine beaucoup.

Semaine 1 | J’avais raison: cette première semaine a été plutôt aisée. Mon secret tient à mes placards et mon congélateur, qui regorgeaient de réserves. J’avais des litres de sauces tomates, de coulis de fraises et de la pâte à tarte au congélateur. Et dans mes placards: des pâtes, du riz et bien d’autres céréales, des biscuits, du chocolat, de la farine, du thé, du sucre, des boîtes de conserves, de la confiture… De quoi tenir un siège! Ma première mission a donc été de lister ce que contenait ma cuisine pour établir des menus en conséquence. Par ailleurs, hasard du calendrier, j’ai été invitée à manger à l’extérieur à plusieurs reprises durant la semaine. En somme, cette semaine, je n’ai pas mis les pieds dans une grande surface, mais dans aucun autre magasin non plus. En prime, j’ai fait de la place dans le congélateur et les placards. Ces premiers jours? Trop facile!

Semaine 2 | Fini de rigoler, le défi commence véritablement pour moi. Mercredi, c’était donc direction le marché pour faire le stock de produits frais. Et là, je me suis un peu emballée. J’ai eu de la peine à estimer la quantité à acheter pour tenir une semaine. C’est ça quand on a un supermarché à deux pas de chez soi et de son lieu de travail, on y va souvent pour acheter des petites choses. Du coup, difficile de savoir la quantité qu’on consomme sur une plus longue période.

La semaine a aussi été le théâtre de mon mozzarellagate. J’avais décidé de faire une grande pizza à midi pour plusieurs personnes. La pâte était maison (j’étais assez fière, j’avoue), les ingrédients avaient été achetés dans une échoppe bio la veille. Mais au moment de couper la mozzarella, j’ai trouvé la boule de fromage très petite. Après vérification, elle pesait 100 grammes au lieu des 150 grammes dont j’ai l’habitude. C’est là que je me suis rendue compte à quel point j’étais conditionnée par les emballages que je trouve habituellement dans mon supermarché. Devant cette déconvenue, j’avais deux choix: servir une pizza un peu sèche mais respectueuse du défi, ou filer au supermarché d’à côté racheter un paquet. J’ai ravalé ma fierté et enfilé mes chaussures. Dommage, moi qui pensais avoir tout prévu. Ma pizza avait fière allure, mais elle avait le goût de l’échec (je dramatise, je sais).

Semaine 3 | En fait j’aime bien ce défi. Il me pousse à faire des choses que je souhaitais faire et toujours repoussées, notamment visiter toutes ces chouettes épiceries qui ont ouvert récemment à Lausanne. Faire mes courses a perdu son côté anonyme et automatique pour devenir un moment spécial, d’échanges et de découvertes. Mais qui dit nouveaux produits dit aussi nouvelles surprises. J’ai ainsi voulu tester une crème de jour au jojoba et à l’abricot (quelle odeur divine) élaborée en Suisse et vendue en vrac. Heureusement que je n’ai pris qu’une très petite quantité: c’est seulement arrivée à la caisse que j’ai vu qu’elle était vendue 490 francs le kilo. Ça fait cher, trop cher, le fait maison, pour le coup!

Autre découverte, ce défi a permis de mettre en lumière certains aspects de ma personnalité. Notamment le fait que je ne suis pas aussi organisée que je le pensais ou l’aimerais. J’ai complétement séché sur le sujet du petit-déjeuner. D’habitude, j’achète une viennoiserie dans une grande surface sur le chemin du travail, et je la déguste une fois installée à mon bureau. Option interdite ce mois. J’ai dû repenser le petit-déjeuner. Et là, le blanc. Le vide intersidéral. Alors que je pensais acheter du pain la veille pour mes tartines, je ne l’ai jamais fait. Quant au projet de fabriquer ma propre baguette, il ne s’est jamais concrétisé. Une boulangerie se trouve à 50 mètres de mon domicile, pourtant, je n’ai jamais fait l’effort de sortir 5 minutes plus tôt de chez moi pour y passer avant d’attraper mon bus le matin. Je pensais également refaire un stock de granola maison (un mélange de céréales et de noix façon müesli) à mélanger avec du yogourt acheté au marché, mais là aussi, pas une once de motivation à l’horizon. Ce manque d’organisation m’a valu bien des fringales le matin.

Semaine 4 | Ce qui est rigolo avec ce défi, c’est toutes les discussions qu’il suscite avec les collègues, les amis et la famille. Il y a ceux qui accueillent le projet avec un «Encore une de tes idées bizarres», ceux qui te grondent quand tu passes à proximité d’un supermarché, comme si le trottoir était contaminé et ceux qui cherchent à te prendre en défaut: «Et pour le papier de toilette, tu fais comment?» «Et si tous les magasins sont fermés, tu te laisses mourir de faim?» «Et tu sais que la tresse qu’apporte Monique, elle vient d’une grande surface, tu n’as pas le droit d’y toucher!» Alors oui, j’ai un stock de papier de toilette, non, je ne vais pas mourir de faim et on touche pas à ma tranche de tresse!

Cette semaine, j’ai eu un doute moral au sujet des limites du défi. Mardi, j’ai demandé à un collègue s’il pouvait m’acheter un thé froid dans une grand enseigne. J’avais très envie de cette touche sucrée. Est-ce que j’ai triché? Je suis d’avis que non, dans la mesure où mon collègue y allait de toute façon et qu’il m’a offert la boisson. Je n’allais quand-même pas refuser un cadeau! (Oui ça s’appelle de la mauvaise foi, je sais et j’assume.) Ceci dit, vivement que le mois se termine, j’arrive au bout de mon déo et je refuse de le payer trois fois plus cher à la pharmacie… Je veux bien soutenir le commerce de proximité et les petites enseignes, mais mon porte-monnaie n’est pas toujours d’accord…

Lire les carnets de bord de Laurianne et de Laurence

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