27.3.2018, Barbara Pfenniger
Certaines mentions font croire que le produit est plus sain que celui de la concurrence. La FRC exige plus de clarté.
Pour se démarquer de la concurrence, il faut évidemment promettre de faire mieux. Les mentions valorisantes font justement partie de ces incitations qui servent à privilégier un produit plutôt qu’un autre. Ajout de vitamines, de sels minéraux, mise en exergue d’ingrédients reconnus pour leur composition intéressante (céréales complètes, lait, noisettes) donnent un éclat sain aux aliments transformés. Pour diminuer le risque de tromperie et empêcher la concurrence déloyale, le législateur a défini un cadre précis aux allégations nutritionnelles et de santé qui promettent un effet spécifique sur le corps. Evidemment, là où le bât blesse, c’est que l’allégation ne prend en compte qu’un aspect du produit, alors que nous le mangeons dans son entier.
Les «sans», les «moins» et les «riches»
Une des parades des fabricants consiste à mettre en avant une teneur réduite en sel, en sucre ou à qualifier le produit de pauvre en énergie. L’Ordonnance concernant l’information sur les denrées alimentaires (OIDAl) fixe à ce titre des valeurs limites précises. Par exemple, un étiquetage «sans sucres» autorise jusqu’à 0,5 g par 100 g ou 100 ml. Idem pour le «sans matières grasses». Plus spécifique, la mention «sans sucres ajoutés» indique qu’aucun sucre ne vient enrichir le produit ni qu’aucune denrée n’a été ajoutée pour ses propriétés édulcorantes (concentré de jus de fruits, sirop d’agave, etc.). Si le produit contient des sucres intrinsèques, par exemple dans des fruits, l’étiquette doit mentionner «contient des sucres naturellement présents». A contrario, pour les aliments signalés comme riches en acide gras oméga-3, en fibres, en vitamines ou en minéraux, l’ordonnance fixe des teneurs minimales.
Malgré toutes ces précisions d’ordre légal, il manque l’essentiel, à savoir les contraintes auxquelles les fabricants devraient avoir à se conformer sur le produit fini pour mériter un emballage vertueux. Ainsi, une sucette pur sucre mais sans matières grasses peut laisser entendre qu’elle est meilleure. Normal, docteur? Détourner ainsi l’attention du consommateur est inacceptable!
Autres stratagèmes
Décrire l’effet bénéfique de certains composants sur le corps est une autre parade. Et les exemples sont légion: «les folates contribuent à réduire la fatigue» et «la vitamine B12 (…) favorise la formation normale de globules rouges» [vitamines]; «le sélénium contribue au fonctionnement normal du système immunitaire» et «le fer (…) au développement cognitif normal des enfants» [minéraux]; «les bêta-glucanes contribuent au maintien d’une cholestérolémie normale» [fibres].
En tout, plus de 260 allégations – fonctionnelles, liées à des réductions de risque de maladie ou concernant le développement infantile – sont autorisées en Suisse (contre 2000 refusées et interdites). La plupart de celles qu’on trouve en Suisse suivent à l’identique ce qui se fait en Union européenne, sous le contrôle de l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Il arrive aussi parfois que la Suisse fasse bande à part en autorisant certaines mentions pourtant rejetées par les experts voisins.
Halte aux allégations douteuses!
Pour mériter de figurer sur un emballage, une allégation doit être exacte et sans ambiguïté ni tromperie pour l’acheteur. Hélas, rien ne contraint les fabricants à limiter ces mentions aux seuls produits sains. Afin de changer cet état de fait, la FRC s’est associée au Bureau européen des unions de consommateurs pour agir à large échelle. But commun: faire en sorte que les autorités définissent des profils nutritionnels pour restreindre l’usage des allégations à des produits qui le méritent. Cette promesse faite il y a neuf ans, il serait bon qu’elles s’en souviennent!