Habitat

Slow Flower: les fleurs d’ici et de saison, c’est tendance

Le monde des fleuristes est mis à mal. En cause, importations venant des quatre coins du monde et pesticides utilisés à tout-va. Des mouvements plus respectueux éclosent.
Maison et loisirs

Archive · 27 août 2019

Sur la route de Molondin à Donneloye (VD), les conducteurs attentifs auront remarqué une nouvelle installation en bois affublée d’un panneau «Bouquets self-service». Depuis fin juillet, Hannah Entwisle Chapuisat réapprovisionne quotidiennement l’étal avec une dizaine de bouquets de fleurs. «Cet été, on en a beaucoup, on peut les vendre», explique-t-elle. Il y a deux ans, cette avocate spécialisée dans l’humanitaire a souhaité respirer un peu d’air frais en parallèle à son métier d’intérieur fait d’écrans d’ordinateur. «Je travaille sur les conséquences du changement climatique. C’est l’une des raisons qui m’ont donné envie de promouvoir des produits d’ici et de saison.»

En découvrant Cut Flower Garden, le best-seller de Floret Farm’s, Hannah a ainsi lancé Chickadee Flower Farm. S’inspirant de cette ferme florale familiale américaine, et de ce fait du mouvement Slow Flower, la floricultrice amatrice suit depuis une philosophie qui encourage un retour à la culture responsable et à l’achat local. «Ici, tout comme aux Etats-Unis – d’où je viens –, les fleurs sont trop souvent importées», se désole-t-elle alors qu’il suffit d’un coup d’oeil dans le jardin pour découvrir un véritable paradis floral, où se côtoient scabieuses, mélinets, agérates, dahlias, menthe et mélisse pour la verdure… La saison est à son paroxysme. Aux premiers gels, le parterre luxuriant ne sera plus qu’un souvenir, mais Hannah et Cyril, son mari, ne s’en soucient guère. «A côté de cela, on a un métier et des enfants, alors pour l’instant, on essaie petit à petit. On verra ce qui nous attend l’an prochain!» Le couple espère pouvoir se professionnaliser avec le temps et concrétiser de nombreuses idées, dont des ateliers «du champ au vase» et la création de fleurs séchées, figées été comme hiver.

Une ligne écoresponsable, pas si simple

Justement, en ce vendredi, Nathalie Vuagniaux – connue sous le nom de La Petite Fleureuse – a quitté son atelier de Vucherens (VD) pour proposer un cours de fleurs sous cloche dans un magasin de bricolage à Yverdonles- Bains. La tendance a fait son grand retour il y a deux ans, égayant les intérieurs où rien ne se fane. Si ce n’est que «les fleurs stabilisées et séchées sont souvent teintées ou décolorées par un procédé pas très green... Et les principaux producteurs sont rarement locaux», indique Nathalie, à contrecoeur. Répondre à une demande et pouvoir gagner sa vie tout en gardant une ligne écoresponsable semble compliqué dans le métier. L’hiver, La Petite Fleureuse essaie de proposer des arrangements avec des conifères, des pives, des branchages trouvés dans la nature. Pour autant, il faut que le client soit réceptif. «J’ai travaillé quatorze ans dans une boutique qui avait une certaine éthique. J’y croisais des gens qui ne comprenaient pas pourquoi il n’y avait pas des roses de dix couleurs différentes, se souvient-elle. Il faut éduquer le client, qu’il ait conscience de ce qu’il achète.» N’adhérant pas au concept de «couper pour faire joli dans une boutique», la fleuriste travaille depuis chez elle presque uniquement sur commande – avec une partie de sa production, le reste provenant de la bourse aux fleurs de Chavannes- près-Renens (VD). De quoi économiser sur un loyer et surtout éviter la perte de marchandises, la hantise du métier.

Petite graine dans le cerveau

Installée dans son atelier en lisière de La Chaux-de-Fonds, Letitia Maire-Mathez acquiesce. «J’ai hésité à ouvrir un magasin, mais effectivement, on craint la perte, car il faut avoir le plus grand choix de fleurs. On doit en plus être ouvert le plus longtemps possible pour satisfaire la clientèle. Sans oublier la concurrence des grandes surfaces et leurs prix imbattables. Autant dire que c’est une charge énorme.» Letitia a trouvé la parade: elle vend ses bouquets sur internet et à la station-service d’à côté. Et mise sur un concept original – d’où le nom de l’atelier floral, Bokal. «Il y a trois-quatre ans, on parlait beaucoup du zéro déchet, raconte-t-elle. Le pot de confiture, c’est pratique! Certains clients amènent le leur, d’autres réutilisent la base...» Si aujourd’hui lesdits pots accueillent des fleurs suisses et européennes de la bourse de Chavannes, Letitia rêve d’une petite culture à l’extérieur. «La saison serait courte, mais au moins ce ne serait pas traité.»

Cette réflexion d’une ancienne élève ne peut que réjouir Eric Godel, responsable de l’Ecole pour fleuriste au Centre de formation professionnelle nature et environnement de Lullier (GE): «Fervents défenseurs des cycles naturels des végétaux, nous sensibilisons nos élèves à l’énergie grise, aux labels et aux diverses problématiques du métier. Si nous sommes conscients que les apprentis ne sont pas forcément aux premières loges dans l’acte d’achat au sein des magasins, nous plaçons en toute modestie une petite graine dans leur cerveau!» Et celleci semble avoir germé.

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