3.12.2013, Elisabeth Kim / Photo: glenda/shutterstock.com
Les magasins U bousculent les idées reçues sur les genres avec leur catalogue de Noël où les petites filles bricolent et les garçons maternent.
Un garçonnet donne le biberon à un poupon et une fillette choisit ses outils sur un établi: ces photos, tirées du catalogue de Noël des magasins U, n’ont a priori rien d’extraordinaire en cette fin d’année 2013. Et pourtant, chez nos voisins de l’Hexagone, ces images ont suscité quelques rares mais violentes réactions, en particulier sur les réseaux sociaux, où d’aucuns n’hésitent pas à y voir un signe manifeste de décadence de la société. Ou à tirer un parallèle avec les «méfaits» du mariage pour tous…
Casser le code couleurs
Aux yeux d’un grand nombre de parents, la catégorisation des jouets en fonction des goûts, et non des sexes, est toutefois perçue positivement. L’an dernier, la grande enseigne française avait déjà lancé une telle initiative, tout comme la chaîne suédoise Top-Toy, qui bousculait les clichés dans un catalogue distribué à 12 millions d’exemplaires dans le nord de l’Europe. Une «neutralité des genres» poussée jusqu’au code couleurs traditionnel, en ne systématisant pas le bleu pour les garçons et le rose pour les filles.
En Suisse, la branche se défend de véhiculer des schémas sexistes. «Les jouets sont présentés par thématiques dans notre catalogue 2013 et les enfants ne sont pas mis en situation. Il y a quelques dizaines d’années, la différence était beaucoup plus marquée», note Elle Steinbrecher, porte-parole de Manor. Franz Carl Weber affirme pour sa part ne faire aucune différentiation. «Mais si les stéréotypes sexistes se perpétuent, c’est aussi que les différentiations restent fortement enracinées dans le monde des adultes. Les enfants ne font qu’imiter», estime Andri Hofmann, responsable du marketing.
En avoir conscience
Un rapide survol des rayons de jouets permet en effet de confirmer que les catégorisations de genres ont toujours cours. Ainsi, les espaces filles/garçons sont souvent bien délimités, tandis que certains emballages, tel le matériel pour la chimie ou la robotique, mettent systématiquement en scène des garçons! Pour Isabelle Henzi de Boissoudy, directrice du Centre global d’informations pour les familles, les parents doivent avant tout en avoir conscience. «Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas acheter une poupée à une petite fille. Mais il faut rester attentif à certains messages que l’on peut véhiculer en offrant des jeux. Ainsi, acheter un mini-aspirateur à une fille contribue à renforcer des «pré-idées» en matière de partage des tâches dans un ménage.»