19.12.2013, N.B./V.M.
Un courrier du fournisseur d’électricité, faisant passer en douce un changement de classe tarifaire, agace ses clients. La FRC prend position.
Début décembre, Romande Energie a envoyé quelques 225 000 dépliants à ses clients pour inaugurer ses offres de courant suisse et romand. Sous les labels « Terre Suisse » et « Terre Romande », ces nouveaux contrats jouent la carte du local et du renouvelable.
Mais comme le relevait un article de 24heures le 12 décembre, la communication du fournisseur d’électricité est un peu schizophrène : la lettre d’accompagnement insiste sur la liberté du client, qui devient « pleinement acteur de ses choix énergétiques ». Or, si on lit attentivement le flyer, on y trouve cette annonce: « Dès le 1er janvier, sauf avis contraire de votre part, Romande Energie mettra automatiquement à votre disposition l’offre Terre Suisse, avec désormais une électricité de provenance 100% suisse et 60% d’origine renouvelable. »
Autrement dit, les clients qui ne se manifesteront pas verront leur contrat modifié vers une offre plus onéreuse que le tarif standard.
Avec un supplément de 0,2 centimes le kilowattheure par rapport au tarif standard, la pilule ne devrait pas être trop dure à avaler. D’autant plus que les tarifs standards 2014 et Terre Suisse 2014 sont légèrement inférieurs à ceux de 2013 et que par conséquent, à consommation égale, la facture restera stable. Reste que le procédé est contestable : « C’est une pratique limite (…) qui consiste à profiter de la passivité des clients », déclarait Mathieu Fleury, Secrétaire général de la FRC, dans 24heures. En écho, la FRC a reçu de nombreuses plaintes de ses adhérents, ulcérés par la méthode de Romande Energie.
Autre critique, le manque de transparence: le flyer est notamment très discret sur la provenance de l’électricité Terre Suisse. Si les 60% d’énergie renouvelable sont mis en exergue, tout comme le made in Switzerland, il oublie pudiquement de mentionner que 40% proviennent du nucléaire… Contrairement au produit Terre Romande, 100 % renouvelable.
La forme et le fond
Voilà pour la forme. Sur le fond, la FRC est plus partagée : primo, on peut relever que les tarifs standards 2014 et Terre Suisse 2014 sont légèrement inférieurs à ceux de 2013.
Deuzio, Romande Energie n’est pas la première à agir de la sorte : les services industriels de Berne, Zurich, Genève et Lausanne ont déjà, par le passé, incité leurs clients à passer au renouvelable via un système dit «opt-out ». Soit une modification par défaut du contrat, où c’est au client de manifester son intention de revenir à la situation antérieure. Si cela n’a pas fait polémique à l’époque, c’est sans doute parce que la communication était plus claire.
Tertio, les clients peuvent à tout moment de l’année demander à changer de contrat et revenir au tarif standard.
Forcer la main du consommateur?
Relevons encore que le régime de l’opt-out semble la seule manière efficace de promouvoir les énergies renouvelables, comme le montre l’expérience. Faut-il pour autant introduire un tel système ? Le débat est lancé. La FRC, qui s’engage depuis des années en faveur de la consommation responsable, est sensible aux arguments des défenseurs de l’opt-out en matière d’énergie. Mais elle ne peut pas pour autant donner tort aux réfractaires : de l’avis de la FRC, les mesures incitatives qui poussent les consommateurs à franchir eux-mêmes le pas doivent être préférées aux mesures répressives.
Elle va donc rencontrer la société an début d’année prochaine, pour lui faire part du mécontentement de nombreux consommateurs quant à ce forcing et discuter des points qui pourrait être amélioré, notamment en matière de communication.