Santé
Recherche: soigner la dépression avec la technologie
Archive · 02 octobre 2018


Sandra Imsand
Journaliste
Se plonger dans son téléphone portable pour prévenir des troubles de stress post-traumatique, une crise de panique, ou lutter contre la dépression n’est plus une utopie. C’est plutôt devenu un réflexe salutaire selon de nombreuses études qui se sont penchées sur l’utilisation – et sur l’efficacité, désormais reconnue – des nouvelles technologies pour les thérapies.
La nouvelle est importante, selon Thomas Berger, directeur du Département de psychologie clinique et psychothérapie à l’Université de Berne. Depuis dix ans qu’il travaille sur les interventions psychothérapeutiques sur internet, il a constaté combien l’offre a évolué. En quantité, mais aussi en qualité. Aujourd’hui, quelque 40 études portent sur l’efficacité de ces programmes de santé mentale rien que pour les angoisses sociales. «Celui qui pense que le traitement digital n’est au mieux qu’une alternative de secours à une «véritable» thérapie a tort, justifie le psychologue dans les colonnes de la NZZ am Sonntag. Ces thérapies montrent en moyenne des résultats comparables à celles des psychothérapies conventionnelles.»
Sans contraintes temporelles ou géographiques
Dans l’exemple d’une angoisse sociale, un patient n’est pas forcément à même de consulter. En ligne, l’inhibition est moins forte. L’anonymat permet d’aborder des problèmes de manière ouverte. Autre avantage, et non des moindres: les traitements en ligne ne sont pas liés à des contraintes temporelles ou géographiques, explique l’Office fédéral de la santé dans une publication. Sans compter le coût, bien moindre que pour une série de consultations. Cependant, tout n’est pas simple. A commencer par la qualité de certains programmes, ainsi que pour les cas qui ne peuvent pas être traités par ce biais, comme les psychoses, les patients borderline, ceux en crise aiguë ou présentant des tendances suicidaires. «Ces derniers doivent urgemment et personnellement rencontrer un thérapeute», rappelle Thomas Berger. Autre écueil: la protection des données, pas toujours respectée sur la Toile.
Malgré la littérature scientifique, de nombreux professionnels mettent en doute le sérieux de ces programmes, regrette l’expert bernois. C’est vrai qu’ils sont loin d’être entrés dans les moeurs, puisqu’ils ne sont toujours pas remboursés par les assurances. La Suède, les Pays-Bas ou l’Australie, ont eux franchi le pas, les frais de traitement sont donc pris en charge par des caisses maladie ou des institutions étatiques. Preuve que les temps changent, la Fédération suisse des psychologues a défini l’an dernier des standards de qualité pour les interventions en ligne.
L’Université de Lausanne sur les rangs
En Suisse romande, le phénomène émerge peu à peu. Une équipe de chercheurs de l’Université de Lausanne va très prochainement travailler sur une thérapie par internet pour les personnes souffrant du trouble du deuil complexe, reproduisant ainsi une expérience alémanique très réussie. L’étude «Livia » a permis de réduire de manière significative les taux de douleur psychique aiguë, de dépression et d’amertume des patients traités en ligne. Leur niveau de satisfaction de vie s’est également amélioré de manière significative par rapport au groupe de contrôle. Selon Anik Debrot, maître assistante à l’Institut de psychologie de l’Université de Lausanne, il y a un boom dans le monde des thérapies en ligne, mais très peu ont été testées scientifiquement en français. Avec un réservoir de 300 millions de francophones dans le monde, cette étude est donc porteuse d’espoir.
AGIR
SOUTENEZ NOS ENQUÊTES. ON S'OCCUPE DU RESTE.
Preuves à l'appui, la FRC provoque des changements concrets. Faites un don.


Continuer ma lecture

Poker Menteur
Prouvé par la science: vraiment?

Cosmétiques
Choisir la meilleure crème solaire
