Voyage

Pourquoi les compagnies aériennes pratiquent-elles encore la surréservation?

Plusieurs compagnies aériennes vendent davantage de billets que le nombre de sièges disponibles pour assurer au maximum le remplissage des vols. La pratique irrite les passagers et affecte l'image de marque. Alors pourquoi y recourent-elles?

Argent Services

06 novembre 2025

Le passager arrive devant la porte d'embarquement dans les temps, billet et documents d'identité en main, persuadé d'être sur le point de décoller vers sa destination. Mais le personnel de vol lui refuse l'embarquement. L'avion est plein.

Cette personne est victime de ce qu'on appelle le surbooking ou la surréservation. La compagnie aérienne a vendu davantage de sièges que de places disponibles et certains clients sont laissés sur le carreau. Malgré les désagréments et les surprises causés aux voyageurs, la pratique est légale. 

Et bon nombre de compagnies continuent d'y avoir recours. «Quel que soit le jour, tous les passagers ne se présentent pas à leur vol. Remplir nos avions et diminuer le nombre de sièges vides est l’un des moyens dont nous disposons pour réduire le prix que vous payez pour votre vol», écrit EasyJet sur son site.

Ces places laissées vacantes par des retardataires ont déjà été payées, excepté pour les personnes munies d'une assurance annulation. À la question de savoir comment la surréservation agit exactement sur la construction des prix et les montants encaissés grâce à cette pratique, la compagnie low-cost renvoie à ses déclarations officielles.

Les surréservations, «c'est tout bénéf'»

Une chose est sûre: la pratique profite aux compagnies. Il est difficile de connaître le bénéfice tiré du surbooking, les entreprises ne communiquant pas à ce sujet. C'est donc vers les mathématiques qu'il faut se tourner pour éclairer la question. L'enseignant et vulgarisateur scientifique belge Manu Houdart s'est lancé dans un exercice de probabilités avec une démonstration mathématique rigoureuse.

En résumé, il faut calculer la probabilité que tous les passagers se présentent, en s'appuyant sur les moyennes des vols passés, puis évaluer le nombre de billets supplémentaires à vendre. Si l'avion est complet, la compagnie aura pris un risque.

Mais ce cas de figure, statistiquement, est rare, note Manu Houdart. «Faire du surbooking en vendant 103 billets (le nombre pris dans son exemple, ndlr), c’est tout «bénef'» pour la compagnie. En moyenne, elle peut espérer un gain supplémentaire de 484€ à chaque vol», écrit-il dans son article.

Les compagnies usent de modèles de probabilité poussés. «Nous nous basons sur les vols où l’historique de «no-show» (une personne qui ne se présente pas et sans avoir annulé, ndlr) est plus prégnant, et le surbooking ne concerne qu’un très petit nombre de sièges, afin de garantir que tous les voyageurs puissent embarquer. Les cas où les passagers ne peuvent embarquer sont rares», répond EasyJet.

Quels sont vos droits?

Le droit des passagers aériens prévoit des dédommagements en cas de refus d'embarquement. La compagnie doit vous offrir le choix entre le remboursement intégral du billet ou une place sur un autre vol jusqu'à votre destination finale. En fonction du temps d'attente, les repas ainsi que les boissons doivent être remboursés. Pensez à bien conserver toutes les pièces justificatives.

En cas de voyage différé au lendemain, la compagnie doit vous proposer une nuit d'hôtel avec le transport pour atteindre l'établissement ainsi qu'un moyen de communication.

En outre, selon la distance du vol, les passagers peuvent prétendre à une indemnisation:

  • 250 fr. pour les vols de moins de 1500 km
  • 400 fr. pour les vols de 1500 à 3500 km
  • 600 fr. pour les vols de plus de 3500 km

Il existe peu de solutions face aux surréservations. La FRC vous conseille d'effectuer votre check-in le plus tôt possible pour éviter de vous retrouver bloquer à l'aéroport. Si votre billet indique «Siège attribué à la porte» au lieu d'un numéro de siège, il est probable que vous soyez sur la touche. Il vaut mieux vous rendre à la porte et espérer qu'une place se libère.

«Dans les rares cas où il n'y a pas suffisamment de volontaires, nous pouvons refuser l'embarquement à d'autres passagers et accorder la priorité aux mineurs non accompagnés, aux passagers en situation de handicap et leur personne de soutien, leur animal d'assistance ou leur animal de soutien émotionnel, le cas échéant, aux passagers voyageant avec des membres de leur famille et aux passagers qui se sont vu refuser l'embarquement sur le même billet, sous réserve d'en informer le transporteur», précise Swiss de son côté.

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