20.5.2014, Laurence Julliard
Sparadraps, boissons au cola ou crèmes fouettées: retroussant leurs manches, 53 experts en herbe les ont perçés à jour, décrochant au passage un ticket gagnant.
«Ce test-là, nous aurions pu le publier comme s’il avait été conçu par des experts aguerris!» C’est, en substance, ce qu’a relevé Lionel Cretegny, responsable des tests à la FRC, parlant du projet de la classe OCOM santé 9VG des Trois-Sapins à Echallens (VD). Seize élèves de 12 à 14 ans se sont plongés dans le vaste monde du sparadrap pour tenter de découvrir lequel méritait le plus de figurer dans la pharmacie familiale. La qualité de leur travail leur a valu de monter sur la première marche du podium à l’issue du concours Les Experts de demain, lancé par la FRC avec son partenaire A bon entendeur.
Le sparadrap, ce n’est pas un drôle de sujet pour des ados? «On a tous eu des misères avec un pansement qui tenait pas la route, non?» rétorque Loriane, 13 ans. Le test comportait deux volets, le premier, d’ordre quantitatif, le second, qualitatif: la compresse est-elle suffisamment absorbante? Le produit résiste-t-il à l’eau? Fait-il mal quand on l’arrache et provoque-t-il rougeurs et démangeaisons? Sans oublier le facteur qualité-prix, un point dont se préoccupe toujours le consommateur. «En clair, ces jeunes avaient parfaitement compris à quoi sert un test et l’avaient réalisé dans les règles de l’art», souligne Lionel Cretegny, également membre du jury qui a évalué la septantaine de dossiers qui lui étaient parvenus. La méthode, parfaitement reproductible d’un échantillon à l’autre, la cohérence des questions de départ, la mise en œuvre du test rendant les résultats indiscutables. Fabricants, distributeurs, vous n’avez qu’à bien vous tenir, ces ados-là veillent au grain!
Drôle de mise à l’épreuve
Le produit qui a interpelé l’EPS Marcolet de Crissier (VD), c’est le cola. Mais plutôt que de s’intéresser à un aspect hautement convenu comme les valeurs nutritives ou les ingrédients, les 28 élèves se sont amusés à tordre le cou à quelques idées reçues: finalement, ce satané breuvage noir, il ronge quoi? Viande, pièces de monnaie et quelques dents de lait ont été sacrifiées dans le bécher. Au final, l’hypothèse de départ ne sera pas vérifiée, mais cela arrive, même en vrai. «Le test était bien mené et documenté, tout en étant drôle et un peu loufoque, poursuit l’expert en chef de la FRC. Un laboratoire aurait mesuré le pH, mais là n’est pas la question: les jeunes voulaient vérifier une légende urbaine et ont mené leur réflexion de manière ludique et originale. C’est aussi cela, le concours.» Outre le test, une dégustation a été organisée. «Dommage qu’ils aient donné autant de poids à ces résultats dans l’évaluation finale, conclut le jury: s’ils ne nous avaient pas légèrement laissé sur notre faim, pour sûr, nous aurions été dans l’embarras pour départager Crissier et Echallens!»
Les plus gourmands du trio de tête ont été les neuf experts en herbe de la 10 VSG de Cugy (VD). Originaux, rigolos, ils ont tenté de mesurer l’air que contient une crème fouettée. Car, c’est bien connu, la tenue d’un nuage blanc sur un dessert tient justement à ce critère, et «y a intérêt à pas amocher tous ces beaux efforts culinaires». «Excellent réflexe que de prendre une crème montée à la main comme mesure étalon, relève Lionel Cretegny. Le jury a été sensible aux critères choisis. Et pour cause, il n’aurait pas fait mieux: crème végétale, avec ou sans sucre/sel, pourcentage de matière grasse, présence d’additifs… «Les résultats obtenus sont tout à fait pertinents. Ils auraient mérité d’être présentés de manière moins brouillonne pour avoir leur place dans notre rubrique Sous la loupe, comme les sparadraps d’ailleurs», conclut le jury. Bon, on vous le dit quand même, les consommateurs avisés peuvent dormir sur leurs deux oreilles: ces 53 élèves peuvent assurer un jour la relève à la FRC!
Reportage au Collège de Chantemerle à Orbe chez les Urbigels
Revoir l’émission spéciale d’ABE du 20 mai, rts.ch/abe