Médicaments
Pénurie? Tout va très bien, Madame la marquise
Archive · 20 janvier 2016

«En Suisse, la sécurité de l'approvisionnement en médicaments est bonne malgré les quelques incidents observés ces dernières années» conclut un rapport du Conseil fédéral sur la question des risques de pénuries de médicaments en Suisse. Donc, tout irait bien, mais le rapport se veut prévenant. A première vue, c’est surtout l’industrie pharmaceutique qui peut continuer à dormir sur ses deux oreilles. Les mesures de prévention préconisées ne menacent nullement leur chiffre d'affaires. Les recommandations concernant le stockage, la production, l'accès au marché, la formation des prix et le remboursement pourraient même être très bénéfiques. Voilà pourquoi:
Première mesure préventive: augmenter les stocks tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Cela revient à acheter en plus grande quantité les produits thérapeutiques.
Deuxième mesure: promouvoir la production décentralisée de médicaments. On applaudit des deux mains, d’autant plus que la pharmacie de l’Armée serait aussi amenée à jouer un rôle central dans la mise en place d’un réseau de producteurs et de coordinateurs avec les pharmacies d’hôpital et les officines. Il est même préconisé que cette pharmacie de l’Armée – et donc «nationale» – puisse acheter des licences ou acquérir d’anciennes autorisations.Un réel contre-pouvoir aux géants de la pharma pourrait-il enfin voir le jour? Et bien, non. Très vite le rapport nous ramène les pieds sur terre, concluant que «toutefois, il faudrait parallèlement garantir que la pharmacie de l’Armée, en tant qu’entreprise entièrement équipée, ne puisse pas être en concurrence avec les entreprises de production du secteur privé existantes (…)».
Les troisième et quatrième mesures – oh désillusion totale! – balaient les dernières inquiétudes éventuelles que pourraient avoir les industriels, puisqu’il est question d’assouplir les règles d’accès au marché et même d’augmenter les prix de certains médicaments pour empêcher que des produits éprouvés et peu onéreux soient retirés du commerce pour des raisons purement économiques…
Et qui va financer ces mesures anti-pénurie aux allures de sponsoring de l’industrie pharmaceutique? Le consommateur, l’assuré, le contribuable, toutes ces personnes dont la santé aurait à souffrir d’une pénurie de médicaments. Un risque, rappelons-le, principalement engendré par la soif de bénéfices de certains. A quand donc alors des mesures fortes, qui obligeraient les fabricants à faire face à leur responsabilité?! Pas pour tout de suite en tous cas. Le rapport déconseille, par exemple, d’introduire une procédure d’autorisation de retrait du marché d’un médicament. Ce serait en effet appréciable de pouvoir obliger un producteur à continuer de fournir un produit utile ou d’en donner la recette à d’autres, s’il souhaite en stopper la commercialisation. Impossible, dit le rapport, car cela constituerait une trop forte intervention sur le marché libre.
Un marché libre, où préserver la vie et la santé doit être rentable. Une vision du monde et de l'humain qui donne la nausée!
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