29.3.2016, Barbara Pfenniger / Les oeuvres d’entraide reçoivent et redistribuent 5000 tonnes de denrées par an. Monkey Business Images/shutterstock.com
Le sort des invendus? Quand la Suisse mise sur les bonnes volontés, la France se dote d’une nouvelle loi. Eclairage.
La France fait preuve de détermination. Mue par une volonté dépassant les clivages politiques, elle vient de se doter d’une loi pour lutter contre le gaspillage. Ainsi, les denrées refusées par la distribution ou restées sur les étals doivent, en premier lieu, bénéficier aux associations caritatives, qui les redistribuent par leurs propres canaux. Les grandes surfaces ont, à ce titre, l’obligation de passer une convention avec ces dernières.
Ce qui ne peut être remis aux oeuvres d’entraide, pain et épluchures essentiellement, va ensuite en priorité aux animaux de rente. Le solde finit dans les compostières ou sert à produire du biogaz. L’incinération pour récupérer de l’énergie n’intervient qu’en dernier recours. Cerise sur le gâteau, une sanction a été introduite pour éviter la destruction volontaire des denrées, en les javellisant par exemple.
Favoriser l’aide alimentaire avant tout
La Suisse mise, elle, sur les bonnes volontés. Les autorités ont mené à ce titre un vaste projet entre 2013 et 2014, impliquant quatre offices fédéraux et tous les acteurs concernés, des milieux agricoles aux consommateurs en passant par les fabricants et les distributeurs. Des recommandations ont permis d’harmoniser quelque peu la datation des aliments et d’éditer un guide des bonnes pratiques du don à l’intention de l’industrie et de la grande distribution.
Dans le commerce de détail, les denrées débarrassées chaque jour par filiale représentent 86 kilos. Or, sur le total des invendus, seuls 13% finissent dans une assiette ou dans une gamelle. Un taux bien trop faible, en regard des efforts qui pourraient être consentis. Des associations comme Table Suisse ou Caritas, ainsi que des plateformes comme Partage à Genève ou la Centrale alimentaire région lausannoise redistribuent les denrées destinées aux personnes.
D’autres récupèrent invendus et produits périmés, dont les produits carnés frais, plus sensibles à écouler auprès des consommateurs, pour les livrer aux zoos ou aux parcs animaliers. La manutention mais aussi le suremballage seraient les motifs expliquant un manque d’attrait à diminuer le gaspillage «Quand nous recevons du pain, c’est par benne. Il faut de la main d’oeuvre pour le déballer avant de le broyer et de le donner aux animaux», évoque un responsable. Il serait bon qu’en 2016 les faits soient le reflet des bonnes intentions. Désemballons, valorisons.
Plus d’infos: Office fédéral de l’environnement