Psychisme

«Nous sommes tous concernés par la santé mentale»

Durant quatre ans, le bien-être ou le mieux-être de la psyché va être au cœur d'une campagne de sensibilisation destinée aux jeunes, aux adultes et aux seniors. Les explications de Florence Nater, directrice de la Coordination romande des associations d’action pour la santé psychique.
Santé

Archive · 10 octobre 2018

Une personne sur deux est atteinte dans sa santé mentale au moins une fois dans sa vie, de manière ponctuelle ou durable. Shutterstock.com

La journée mondiale de la santé mentale le 10 octobre est le point de lancement d’une campagne nationale sur la promotion de la santé psychique. Un projet d'envergure puisqu'il s’étendra sur quatre ans. Porté par la Conférence latine des affaires sanitaires et sociales (Class) sur mandat de Promotion Santé Suisse et en partenariat avec la Coordination romande des associations d’action pour la santé psychique (Coraasp), il a pour objectif de faire prendre conscience à la population que prendre soin de soi concerne aussi bien l'esprit que le corps. Un message, qui, au fil des ans, va s’adresser à des publics de classe d'âge différent avec des préoccupations qui leur sont propres.

Florence Nater, directrice de la Coraasp. DR

Quand on parle de santé mentale, de quoi est-ce qu'il retourne?

De tout ce qui est susceptible d’avoir des effets sur notre fonctionnement au quotidien, que ce soit dans sa vie privée, professionnelle, avec ses proches. Nous aimerions sensibiliser sur le fait que nous pouvons tous être concernés, sachant qu’en Suisse, une personne sur deux est atteinte dans sa santé mentale au moins une fois dans sa vie, de manière ponctuelle ou durable. Il peut s'agir d'un burn-out, d'une dépression post partum, par exemple. Et quand on sent qu’on perd pied, il faut oser demander de l’aide. Cela ne veut pas dire qu’on est malade et il n’est pas forcément nécessaire d’aller voir un psychiatre. Parfois, en parler avec un proche peut suffire. Le fait d’exprimer qu’on ne va pas bien et qu’on traverse un moment difficile, c’est déjà faire le premier pas. Il existe d’autres relais, comme le médecin de famille, des associations ou des professionnels, comme les enseignants ou les médiateurs scolaires. Nous avons répertorié de nombreuses ressources sur la plate-forme santepsy.ch.

Pourquoi une campagne? Le thème est-il tabou?

Je travaille dans ce milieu depuis près de vingt ans et je constate que c’est encore le cas. Il existe toujours une gêne à évoquer sa santé mentale. J'y vois deux raisons. Tout d’abord, notre société est basée sur la performance, la place pour la vulnérabilité y est moindre. Deuxièmement, quand on évoque le sujet, le grand public se fait une représentation de la maladie psychique. Or, nous sommes tous susceptibles de traverser une période difficile de manière ponctuelle, sans pour autant que cela dure tout une vie. Les gens ont aujourd'hui conscience qu'il faut veiller à son bien-être physique, ils y ont été largement sensibilisés. Concernant la santé mentale en revanche, aucune campagne n’en a jamais parlé, ni du fait qu’il est également possible de l’entretenir.

C'est d'ailleurs l'un de vos slogans. Alors, la santé mentale, ça s’entretient vraiment?

Oui. L’exercice physique peut être une option. Il n’est pas question pour autant d’aller à la salle de fitness trois fois par semaine, mais d’encourager les gens à aller se promener dans la nature régulièrement. Tisser ou renouer les liens sociaux est également recommandé. Que ce soit à travers son entourage ou le tissu associatif qui est extrêmement riche en Suisse romande. Il n’existe pas de recette toute faite, il s’agit d’un ensemble d’éléments qui contribuent au bien-être ou au mieux-être.

Vous allez décliner la campagne en vous adressant à plusieurs publics. Les difficultés rencontrées diffèrent donc en fonction de l’âge?

En effet, les problématiques divergent. Là maintenant, nous souhaitant toucher l’ensemble de la population. Puis, dès mai 2019, nous nous adresserons spécifiquement aux adolescents et aux jeunes adultes avec des thèmes comme le développement de l’identité ou l’entrée dans la vie professionnelle. L’année suivante, nous nous adresserons aux adultes, avec des préoccupations comme la parentalité. Enfin, nous nous tournerons vers les plus de 60 ans et les nouveaux défis qu’ils rencontrent à cet âge. Nous travaillerons avec des acteurs de terrain pour construire et relayer les messages auprès de chaque public.

Pensez-vous que le fait que des personnalités osent désormais médiatiser ouvertement certaines de leurs difficultés puissent aider à faire passer votre message?

Très certainement. Quand on peut voir que des personnes qu’on se représente comme solides témoignent de leur fragilité, cela peut être libérateur. Et cela renforce bien le message qu’on veut passer: nous sommes tous concernés par la santé mentale.

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