Vol de vélos

Mobilité douce, dur réveil

Alors que les autorités prennent leur temps, les associations pro-cyclistes prennent leurs marques. Les voleurs, eux, travaillent à la chaîne.
Maison et loisirs

Archive · 04 juin 2013

Photo: Jean-Luc Barmaverain

En 2013, la «mobilité douce» est sur toutes les lèvres, dans tous les programmes politiques, qu’elle soit électrique ou à la force des mollets. Mais l’image d’Epinal est un peu ternie par le vol de vélos, endémique dans les villes. Un fait divers tristement banal, particulièrement à Berne, recordman helvétique, et à Bâle. Mais la Suisse romande n’est pas épargnée: à Genève, en 2011, on estimait que huit vélos étaient volés par jour, soit 2832 par an. Dans le canton de Vaud, ce sont 2013 bicyclettes qui ont été dérobées en 2012, ce qui représente 67% de tous les vols de véhicules. Des chiffres minimaux qui ne tiennent pas compte des vols non déclarés, ni du vol de pièces détachées.

La situation inquiète Pro Velo Suisse (pro-velo.ch), association de défense des intérêts des cyclistes. «Le vol est un facteur de renoncement; or cette thématique n’est pas vraiment prise au sérieux par les collectivités publiques», regrette Manon Giger, coordinatrice romande. Peu avant l’abolition de la vignette en 2012, l’association a déposé un postulat demandant à la Confédération de se pencher sur le problème. Le Conseil fédéral a renvoyé la balle aux cantons.

Pro Velo Suisse demande notamment l’aménagement de «vélostations» dans les gares, soit des zones de stationnement fermées et surveillées. En Suisse romande, seules les gares de Genève et d’Yverdon-les-Bains proposent déjà ce service payant – 150 francs par an à Genève, 130 francs à Yverdon, location au mois ou à la journée également possible. D’autres projets sont sur les rails à Lausanne, Morges, Renens, Vevey, Neuchâtel et Fribourg.

On marque bien les chevaux

Outre les «vélostations», une autre mesure fait beaucoup parler d’elle: le marquage des vélos. Cela consiste à donner à chaque vélo un code d’identification unique, qui est stocké dans une base de données avec le nom de son propriétaire. On trouve plusieurs solutions concurrentes, allant d’autocollants réputés «indécollables» à la gravure pure et simple.

Ecocycle (ecocycle.ch), à Genève, promeut ce dernier procédé pour un prix modique: l’association à but non lucratif facture ce service 12 francs. «Seul ce type de marquage est vraiment indélébile: si vous poncez au-delà de la profondeur de la gravure, vous altérez le cadre du vélo, qui devient inutilisable», explique Aldo de Felice, patron d’Ecocycle. A contrario, comme le démontre l’association via une vidéo sur son site, décaper un autocollant «indécollable» ne prend que quelques secondes.

«Marquer son vélo est d’abord dissuasif, ajoute Aldo de Felice. Un voleur sait que ça va lui donner plus de travail.» Grâce au marquage, la voirie peut également retrouver les propriétaires de cycles abandonnés dans la rue après un vol d’usage. De même, celui qui tomberait sur son propre vélo en recel dans une boutique d’occasion peut prouver qu’il lui appartient. En France, la Fédération française des usagers de la bicyclette (fubicy.org) recourt à ce système depuis quelques années. Auparavant, le taux de vélos retrouvés plafonnait à 3%, il approche les 9% aujourd’hui.

Genève en tête de peloton

L’Etat de Genève tente une expérience-pilote: il a signé en janvier une convention avec Ecocycle. Selon ses termes, il subventionnera l’association jusqu’à concurrence de 20 000 francs sur deux ans, et la police aura accès à la base de données d’Ecocycle, qui a enregistré environ 700 cycles jusqu’à maintenant. «Nous voulons combattre le sentiment d’impuissance dans la population et dans les services de police, d’autant plus que les assurances commencent à rechigner à assurer le vol de cycles à Genève», avance Frédéric Scheidegger, secrétaire adjoint au Département de la sécurité.

L’initiative ne soulève pourtant pas un torrent d’enthousiasme chez les promoteurs de la petite reine dans la Cité de Calvin. Pro Velo Genève soutient un autre système, celui de la Fubicy française, très similaire à celui d’Ecocyle. «Genève est une région frontalière, c’est pourquoi nous souhaitions un système universel, où la frontière ne coupe pas le lien entre un propriétaire et son vélo», relève la coordinatrice Lisa Mazzone. Elle ajoute quand même qu’Ecocycle et Pro Velo Genève ont cherché à collaborer dans un premier temps, sans trouver de terrain d’entente. Situation paradoxale: alors que tous s’accordent à dire que seule une base de données nationale serait efficace, la navigation en solitaire semble, pour l’heure, être la norme. Avec le risque d’une balkanisation des données, contre-productive. Outre les expériences genevoises, plusieurs registres privés, plutôt implantés en Suisse alémanique, sont en concurrence: Velofinder, Veloregister, Suisse-Velo, BikeRefinder… «Avec l’abandon de la vignette, le marquage de vélos est aussi devenu une mine commerciale», note Lisa Mazzone.

De son côté, Pro Velo Suisse ne prend pas parti parmi les différents registres, «même si nous recommandons de s’inscrire dans une de ces bases», ajoute Manon Giger. Mais l’association faîtière propose un rabais sur le service Velofinder (velofinder.ch).

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