27.8.2018, Barbara Pfenniger
La Commission européenne vient de décider qu’elle ne va pas autoriser le traitement des aliments prêts à manger avec du Listex, un produit de décontamination à base de bactériophages. La FRC salue cette décision car cette méthode cumule les défauts pour les consommateurs.
Le Listex, un produit à base de bactériophages, a été développé pour diminuer le nombre de bactéries Listeria monocytogènes, ces bactéries responsables d’intoxications alimentaires à éviter notamment pour les femmes enceintes, les enfants et les personnes déjà fragiles. L’industrie avait demandé d’autoriser l’application de ce produit sur des aliments prêts à l’emploi à base de viande, poisson ou lait. La proposition semble intéressante mais cumule plusieurs défauts:
- l’utilisation du Listex est considérée comme un traitement qu’il n’est pas nécessaire d’indiquer sur l’étiquette, malgré son application sur le produit fini sans rinçage final. Les consommateurs ne peuvent donc pas savoir si un produit a été traité et s’il contient des résidus. Pas de transparence qui permettrait d’être maître de son choix.
- de manière générale, les organisations de consommateurs désapprouvent l’utilisation de décontaminants sur les denrées alimentaires. Elles préfèrent encourager les bonnes pratiques de production au lieu des interventions de rattrapage à la fin du processus. Le traitement du produit fini risque de servir à camoufler de mauvaises pratiques en amont et ainsi de les encourager.
- si l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a considéré que le produit lui-même n’était pas problématique, son jugement de l’efficacité était plus mitigé: 2,5% à 9,5% des souches naturelles de Listéria seraient résistantes. L’efficacité du traitement ne serait pas non plus suffisamment étudiée dans des conditions réelles. L’EFSA rend donc attentif au risque de se reposer sur une telle solution pour la sécurité des aliments.
L’entreprise productrice du Listex indique que son produit serait aussi autorisé en Suisse et donne l’impression que son utilisation serait chose courante. Notre législation l’autorise pour le moment uniquement dans le cadre de la production de fromage… où les consommateurs ne sont pas non plus informés des produits utilisés. Il n’y a donc pas encore de traitement «invisible» de la surface des produits à base de viande ou de poisson, à part le lavage à l’acide lactique que la FRC et ses collègues avaient refusé pour les mêmes raisons: son efficacité mitigée et le manque de transparence pour les consommateurs.
L’étiquetage obligatoire de l’irradiation, un autre traitement de décontamination, a en revanche été maintenu grâce à l’insistance des organisations de consommateurs.
Lire la réponse complète du BEUC à la consultation.