Hydroponie
Les potagers d’intérieur: que des salades!
Archive · 28 août 2017

Lionel Cretegny
Responsable Tests comparatifs
Il y a les chanceux qui disposent de jolies surfaces de terre pour planter légumes et herbes aromatiques en tous genres. Ceux qui leur sacrifient une petite partie de leur balcon. Et il y a les autres qui, faute d’espace, se résignent à acheter basilic, persil et roquette en magasin ou au marché.
Cela peut-il changer avec les jardins d’intérieur hydroponiques qui fleurissent à tout va depuis trois-quatre ans? Aujourd’hui, l’objet design accueille sous une lampe led graines, substrats et nutriments. Quelques litres d’eau dans le bac et le tour est joué! Dans son assiette, dixit l’argument publicitaire, de la salade à foison et des herbettes sans pesticides, été comme hiver. A la FRC, nous avons donc mené l’expérience durant trois mois avec trois potagers disponibles en Suisse: Click & Grow, Tregren et Krydda/Växer d’Ikea.
Une fois les engins déballés et les graines déposées en mai dernier, personne n’y croyait franchement. Et pourtant, en quelques jours à peine, certaines ont commencé à germer (1) . Deux semaines plus tard, basilic, persil, roquette, feuilles de moutarde, amarante et tomates cerises se sont mis à croître, chacun à son rythme (2) . Les premiers temps ont ainsi été réjouissants (3) . D’autant plus que le travail est minime pour obtenir un résultat: vérifier que l’eau est toujours à niveau, et ajouter des nutriments au bon moment. Point.
Les interrogations sont pourtant apparues assez rapidement: moisissure, tiges trop longues, feuilles trop fragiles ou sèches… Comment tout cela allait-il se développer? Avions-nous fait quelque chose de faux? (Lire l’avis de l’experte) Allions-nous, 30 jours plus tard, comme le déclare le site de Click & Grow, pouvoir consommer nos salades «jardinées» avec amour?
Avec dix feuilles de moutarde et environ autant de roquette et d’amarante (4) , il n’y a eu, et de loin, pas de quoi se remplir la panse! Quant aux herbes, si l’on se réfère encore au même site, il nous faudrait attendre 70 jours avant la récolte.
Deux mois après avoir semé le basilic, celui de Click & Grow a offert une trentaine de feuilles. Ikea, une quinzaine. La victoire revient sans conteste aux petites graines de Tregren qui se sont transformées en une magnifique plante odorante (5) . Le persil installé à ses côtés a, lui, développé un petit bouquet, composé principalement de tiges. Du côté du persil du Krydda/Växer, c’est le flop.
Et nombreuses sont les plantes du suédois qui ne sont pas allées en s’arrangeant. Basilic flétri, roquette inexistante, feuilles d’amarante trop grandes brûlées par la lampe… (6) Le fiasco! A l’heure de mettre sous presse, le basilic de chez Tregren continue par contre d’envahir les lieux, et les tomates de chez Click & Grow ont – enfin – fait leur apparition. Mais l’espoir d’une assiette tomate-mozzarella pour nourrir toute l’équipe reste chimère!
Modèles
Il ne paie pas de mine, l’objet finlandais, que ce soit au niveau des matériaux utilisés ou des substrats grossiers avec ses feuilles de papier contenant les graines qui brunissent et moisissent dès le départ. L’appareil possède par contre une pompe pour que l’eau ne stagne pas. Il faut ajouter un sachet de nutriments (15 fr. à 35 fr. en plus), toutes les quatre à cinq semaines. Le spectre lumineux est équilibré, mais les leds sont mal réparties et chauffent beaucoup.
APPAREIL 100.– à 140.–
GRAINES 8.– à 30.–
(paquet avec deux capsules de graines selon le modèle)
Cet appareil inventé en Estonie, très stylisé, est surtout le plus accessible pour les néophytes. Les pots contiennent graines, terre et nutriments, on ajoute de l’eau jusqu’au niveau, on allume les leds. Et c’est parti! Un minuteur très rudimentaire est intégré à l’appareil, contrairement aux autres. On ne se soucie de rien, hormis du niveau de l’eau. Autre avantage: la hauteur de la lumière s’ajuste selon la croissance de la plante. Quant à la qualité du spectre lumineux, il tire sur le bleu, mais son intensité est bonne.
APPAREIL 87.– à 147.– (selon le modèle, les graines sont fournies ou non, les nutriments sont compris)
GRAINES 23.– à 46.– (pour trois gobelets)
L’installation de chez Ikea est la plus complète pour les férus de jardinage, car il s’agit d’un set de culture. On commence par faire pousser les graines dans une pouponnière avant de transférer les pousses dans la deuxième structure sous la lumière artificielle. La lumière diffusée est très rouge et semble trop faible. Une petite tige en plastique indique le niveau d’eau. Ici aussi, il faut penser à ajouter des nutriments régulièrement (5 fr. de plus).
APPAREIL 80.– à 285.– (selon le nombre d’étages et d’alvéoles)
GRAINES 3.– (pour trois sachets)
L’avis de l’experte
3 questions à… Isabelle Gendre, jardinière professionnelle.

DR
Que dire de ces systèmes de potagers d’intérieur?
Malgré l’ingéniosité des appareils, à long terme – soit un an tout au plus – une plante ne pourra pas tenir. Elle a besoin d’espace. Les racines seront inévitablement saturées, faute de pouvoir se déployer. Ces appareils ont néanmoins pour avantage de permettre à certaines personnes de reprendre contact avec la nature, d’offrir un but éducatif. Mais un bac posé à la fenêtre ferait mieux l’affaire!
Certaines plantes ont bien poussé, et d’autres pas…
Cela peut être dû aux graines, plus fragiles que d’autres. Ce sont aussi des plantes d’origines différentes; certaines ont l’habitude de la mi-ombre, d’autres non. Et la quantité d’eau que chacune d’entre elles exige n’est pas forcément la même. Lorsque l’on sème des graines – que ce soit dans ces appareils ou dans des caissettes sur le balcon – il faut avant tout se demander qui peut cohabiter avec qui.
Gustativement parlant, qu’en pensez-vous?
L’hydroponie ne remplace pas la culture au soleil, dans la terre. On a bien l’odeur, mais on sent qu’il manque un petit quelque chose.
Lexique: quatre méthodes d’agriculture hors-sol
Hydroponie | Technique de production hors-sol, très utilisée pour les fruits et légumes. Les plantes sont cultivées dans une solution à base d’eau, riche en sels minéraux et nutriments, et poussent dans des supports ou substrats inertes, comme des cailloux, du sable, des billes d’argile…
Aquaponie | La culture en eau est ici associée à un élevage de poissons d’eau douce. Les poissons sont tout d’abord nourris, puis leurs déjections sont, via le procédé de nitrification, utilisées comme engrais pour les plantes cultivées en hydroponie. L’eau dépourvue d’éléments nutritifs est renvoyée aux poissons. Et le cycle repart.
Bioponie | La culture bioponique est le pendant biologique de l’hydroponie. L’engrais que l’on utilise est certifié bio
Aéroponie | Là encore, il s’agit d’hydroponie évoluée. Les racines suspendues en l’air sont pulvérisées de solution nutritive à intervalles réguliers. Il semblerait que cette culture permette un meilleur rendement et une croissance plus rapide.
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