8.10.2019
Des basiques au toucher doux et naturel, sans froufrous ni dentelle. Mais que disent leurs labels? Tour d’horizon.
Que les amateurs de dessous chics changent de rayon! Nous déballons des articles basiques en coton. Des sous-vêtements simples dont certains arborent des labels inspirant la responsabilité environnementale, voire sociale. Vraiment? Nous avons décortiqué les étiquettes de six petites culottes et autant de soutiens-gorge de la grande distribution.
Salaire vital en question
Admettons-le: le constat global n’est pas glorieux. La rémunération des ouvriers demeure un point particulièrement sombre. Sur douze vêtements choisis, aucun n’offre l’assurance d’avoir été confectionné par des mains dignement rétribuées. Même le label Naturaline bio & fair (littéralement bio et équitable) de Coop a une bonne marge d’amélioration dans ce domaine. Il a beau inclure la certification SA8000 qui régit les conditions de travail dans les usines, c’est encore insuffisant selon Clean Clothes Campaign (CCC). Ce réseau international d’ONG, qui milite pour les droits des travailleurs du textile, vient de se pencher sur la question. La notion de salaire vital – en opposition au salaire minimal actuellement pratiqué – est inexistante et doit s’imposer. Seule une rémunération permettant d’assumer les besoins élémentaires pour l’employé et sa famille ainsi qu’un surplus de 10% peuvent être considérés comme vitaux et donc acceptables. Et CCC de rappeler que ce salaire est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Quelque 60 à 75 millions de personnes sont concernées par ces revendications dans la branche.
Il y a du progrès tout de même: les labels figurant sur nos articles offrent au moins une garantie minimale. Enfin, pas tous. Prenons par exemple H&M Conscious (littéralement conscient). Derrière cet anglicisme plein de promesses se cache un concept flou qui induit clairement le client en erreur. Oui, l’entreprise suédoise fait des efforts de transparence en publiant ses comptes et en s’engageant dans des programmes pour de meilleurs salaires. Mais sans cahier des charges, ce sigle n’est qu’un mot vain. Et surtout, rien ne distingue à première vue un vêtement Conscious d’un autre de la même marque. De la poudre aux yeux, verte à paillettes, dont H&M use et abuse. On peut ainsi lire dans ses enseignes qu’en 2020, 100% de son coton sera durable. A la question «Que signifie concrètement cette affirmation?», le service de communication de l’entreprise répond: «H&M n’utilisera que du coton bio, recyclé ou labellisé BCI.» Or, ledit coton BCI (pour Better Cotton Initiative, ou initiative pour un coton meilleur) s’avère très critiquable: il sensibilise les producteurs à certains aspects sociaux et environnementaux, mais ne satisfait dans aucun domaine. Son logo, une plante de coton blanche sur fond vert, n’offre, en dépit des apparences, aucune garantie pour le client.
Qualité: des hauts et des bas
Reconnaître la valeur des personnes qui fabriquent nos vêtements est essentiel. Acheter des vêtements de qualité, conçus pour durer, l’est aussi. Pour évaluer les articles sous toutes leurs coutures, nous avons fait appel à deux experts en la matière. Lucilla Croquelois, spécialiste en textile à la FRC depuis plus de vingt ans et couturière de profession, s’est particulièrement intéressée aux formes des soutiens-gorge: «L’arrière large garantit un meilleur maintien», assure-t-elle. Un point qui manque aux modèles H&M et Sloggi, à déconseiller aux poitrines volumineuses. Quant à l’équipe d’Ajotex, une entreprise de sous-vêtements à Porrentruy, elle s’est penchée avec une grande attention sur les petites culottes de notre échantillon. Relevant au fil de l’examen de grandes disparités de qualité. Les bas de H&M, Manor et Calida ont écopé des plus mauvaises notes, jugées de piètre qualité ou «ne tenant nulle part»… Des détails du quotidien qui n’en sont absolument pas!