Écolo ou pas
Les emballages en carton
Beaucoup de consommateurs préfèrent le carton au plastique. Mais est-il irréprochable?
01 octobre 2025

Laurianne Altwegg
Responsable Environnement
En Suisse, 53% du papier-carton utilisé chaque année l’est sous forme d’emballages, soit plus de 800 000 tonnes par an. Un tiers finit dans les poubelles domestiques. Une part qui tend à croître avec le commerce en ligne et la fin des sacs plastiques.
Plus lourd que le plastique – ce qui péjore son bilan carbone sur de longs trajets – le carton se recycle toutefois mieux, ce qui permet d’économiser bois, énergie, eau et produits chimiques comparé à du neuf. Mais près de 30% sont incinérés ou perdus chaque année et le reste n’est pas réutilisé tel quel: comme nos usines nécessitent une qualité spécifique de matériau pour fabriquer leurs produits, de la cellulose vierge et du vieux papier importé sont aussi intégrés au processus. Ce dernier abîme les fibres, ce qui restreint le nombre de cycles possibles et requiert l’ajout d’additifs à l’origine parfois opaque, comme l’amidon, pour lier la pâte à papier.
Autre limite: les matières recyclées ne se prêtent pas facilement à un usage alimentaire. Les encres contiennent des substances nocives difficiles à éliminer, poussant l’industrie à privilégier les fibres vierges ou à recourir à des barrières protectrices. Très souvent faites de plastique et d’additifs, elles compliquent le recyclage et peuvent introduire de nouvelles substances problématiques, comme les PFAS. Elles sont d’ailleurs aussi fréquentes dans les emballages alimentaires en carton vierge. Elles sont notamment indispensables pour le rendre résistant à l’eau ou aux graisses notamment.
Enfin, certaines teintes naturelles, comme celles des sachets kraft, donnent l’illusion du recyclé, alors qu’il s’agit souvent de matière neuve à l’écobilan bien moins vertueux. Comme ni l’origine des fibres, ni la présence d’additifs ou de PFAS ne doivent être indiquées, le consommateur n’a aucun moyen d’y voir clair.
En bref, même si beaucoup de consommateurs préfèrent le carton au plastique, comme l’a confirmé notre enquête, autant réduire son utilisation d’emballages à usage unique, toutes matières confondues.
Pour aller plus loin:
- Hugo Clément: «Sur le front - Cartons, sacs en papier: la fausse bonne idée?»
- M. & Mme recyclage (01/04/2024), «Dossier: La fonctionnalisation des papiers-cartons»
- Maja Wiprächtiger, Christian Rolli et Melanie Haupt (2024). Gewerbe- und Industrieverpackungen in der Schweiz. Realcycle GmbH, Zurich
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