30.5.2024, Rebecca Eggenberger
La shrinkflation, rappelez-vous, c’est cette pratique qui consiste pour les fabricants à baisser la quantité d’un produit en maintenant le même prix. Autrement dit, une hausse des coûts cachée, très difficile à repérer pour les consommateurs. Ces derniers mois, sa consœur, la cheapflation, a également fait parler d’elle et a été dénoncée par l’association de défense des consommateurs française Foodwatch. Explications.
La cheapflation, ça consiste en quoi?
Les fabricants ne diminuent ici pas la quantité du produit, mais sa qualité, avec un prix qui reste le même. Comment? En modifiant, parfois subtilement, la recette de leurs préparations. Difficile pour le consommateur de s’en rendre compte, puisqu’il croit acheter le produit habituel qui n’a subi aucun changement en apparence! Cette pratique, qui existe depuis plusieurs années, permet aux fabricants de faire baisser les coûts de production et/ou de maintenir leurs marges. On parle parfois également de skimpflation, terme plutôt utilisé pour évoquer une baisse de qualité des services. Pratique opaque, trompeuse et abusive, elle a de quoi énerver, ce d’autant plus que très souvent, ces changements se font en faveur d’ingrédients de piètre qualité et mauvais pour la santé.
Que dit la loi?
Le droit alimentaire contraint l’industrie à indiquer sur l’étiquetage la composition des produits correspondant au moment de leur mise en vente. Les fabricants sont toutefois libres de modifier la recette à la base d’un produit à tout moment, et ce sans indiquer explicitement le changement aux consommateurs. La cheapflation tout comme la shrinkflation d’ailleurs sont donc des pratiques légales à ce jour.
Comment ne pas se faire avoir?
Repérer la shrinkflation, c’est déjà compliqué, mais pour la cheapflation, cela se corse encore. En effet, une «baisse de qualité» est non seulement difficile à identifier, mais également à prouver. Les industriels le savent très bien!
Les indices pour repérer la cheapflation
Soyez attentif à l’éventuel changement de goût et de consistance des produits que vous achetez régulièrement. Lisez leurs étiquettes pour repérer un changement dans la préparation, en recherchant certains des indices suivants: une baisse de la quantité de la matière première dite «noble» (poisson et viande, par exemple), le remplacement d’un ingrédient par un autre de moins bonne qualité, comme de l’huile de palme à la place de l’huile de colza ou du sirop de fructose à la place du sucre. Autre indicateur: un ingrédient plutôt qualitatif qui occupait auparavant le début de la liste se retrouve relégué dans la nouvelle composition en fin de composition, avec, à sa place, un ingrédient de moins bonne qualité, voire de l’eau. Ou encore du «remplissage» avec ajout d’amidon, de gélatine ou de cellulose.
Des exemples frappants
Parmi les exemples de cheapflation récents: les cookies Milka, où l’huile de palme a remplacé celle de tournesol, le poisson à la bordelaise Findus, qui compte désormais moins de poisson, mais plus de chapelure, ou encore la glace au café de chez Lidl, qui a vu disparaître la crème fouettée suisse de sa composition et l’apparition à la place de graisse de coco.
Appel à témoignages
Vous pensez avoir été confronté·e·s à une telle pratique? Envoyez-nous votre témoignage. Dans l’idéal, une photo de l’ancienne liste d’ingrédients du produit et une de la nouvelle, ce qui permettra une véritable comparaison! Plus nous recevrons de signalements, et mieux nous pourrons faire bouger les choses.